Après avoir écrit « Le Prix du sang bleu » je pensais en rester là, mais la curiosité à été la plus forte et je me suis lancé à moi-même un défi : étais-je capable d’écrire une fiction, une œuvre imaginaire ? Cela n’avait rien de comparable à une biographie où l’on travaille d’après des textes inédits, de pièces d’archives et où on passe le plus clair de son temps dans une bibliothèque. L’idée m’en est venue à la suite du crash survenu en plein ciel de la Caravelle qui reliait Nice à Ajaccio en 1968. Il se trouve que par le plus grand des hasards je connaissais la famille du co-pilote mort dans l’accident qui avait causé le décès de quatre-vingt quinze personnes, dont les six membres d’équipage.
Cette tragédie avait en effet donné lieu a un certain nombre de spéculations, certains observateurs n’accréditant pas la thèse d’un accident (incendie à bord, perte de contrôle de l’appareil, météo capricieuse, etc.). Je commençais par recueillir certaines indiscrétions de la famille et j’échafaudais un plan pour mon roman. Une théorie s’imposa très vite, l’avion n’avait-il pas été victime d’une collision avec un missile lancé depuis le plateau d’Albion où l’armée avait enterré ses silos nucléaires à l’époque de la guerre froide ? Pour plus de crédibilité j’obtins des autorités militaires l’autorisation de visiter les anciennes installations qui avaient laissé place à un casernement d’un régiment d’Etrangers du génie, autrement dit des légionnaires. Le plateau, situé dans Sud-Est de l’Hexagone devint « ma scène de crime ».
Enfin pour corser l’affaire je situais l’intrigue en pleine période d’élections présidentielles alors qu’existait une opposition féroce entre le président de la République sortant et son adversaire principal, en l’occurrence son ancien Premier ministre, chacun étant impliqué différemment dans la tragédie aérienne.
J’ai eu le bonheur que « So-Ho et le complot du Président » soit quelques temps après sélectionné pour le Prix TPS Star du 7ème art, comme roman susceptible d’être transposé à l’écran, un Prix qui était présidé par le cinéaste Claude Chabrol, lors des Journées nationales du livre de Saumur. Finalement pour un coup d’essai celui-ci se révélait être un coup de maître, ma modestie eut-elle à en souffrir. Aujourd’hui encore les familles des victimes attendent des informations sur la véritable nature de cette tragédie aérienne, toujours non résolue, et l’hypothèse d’un missile ayant échappé à tout contrôle est de plus en plus souvent évoquée. Il arrive que la fiction devance la réalité.