Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne il y a longtemps que je n’ai pas été aussi fier d’être français. Ces derniers mois la dette abyssale de notre pays et le spectacle politique affligeant, pour ne citer que ces deux évènements  majeurs, avaient de quoi démoraliser les plus optimistes d’entre nous. Vendredi soir la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques a tout effacé d’un coup et malgré la pluie le ciel s’est éclairci au-dessus de nos têtes.

Le show XXL sur la Seine a été époustouflant, on l’avait rêvé, ils l’ont fait ! Aucun superlatif n’est assez fort pour résumer ce spectacle de plus de quatre heures, hormis celui de génial, où la créativité le disputait à l’esthétisme, la beauté des monuments de Paris à la parade des athlètes venus du monde entier caracolant sur des péniches le long du fleuve avec la fière devise de la ville de Paris Fluctuat nec  megiteur, « battu par les flots, mais ne sombre pas » comme pour nous rappeler que même touchée la France n’est pas coulée. Sursaut d’orgueil, esprit cocardier, peut-être, mais fierté légitime. La France, revenue du diable vaut vert a une fois de plus démontré qu’elle n’est jamais aussi grande que lorsqu’on la dit perdue. La France avait rendez-vous avec l’histoire devant un milliard de téléspectateurs du monde entier et elle a honoré ce rendez-vous de la plus belle des façons et les français, vendredi soir, étaient à l’unisson de nos 570 athlètes, gonflés à bloc, à qui on souhaite qu’ils décrochent le graal, une place dans le top 5 au classement final des médailles.

Une fois de plus, force est de constater que ce ne sont pas nos hommes politiques qui nous mettent le cœur en joie, il y a longtemps qu’on est fixé de ce côté là, mais les designers, les créatifs, les couturiers, les chorégraphes, les  danseurs, les musiciens, les chanteurs (euses), et quels (les) chanteurs (euses) …. les ingénieurs du son, les cameramen, les bénévoles, etc. sans qui cette grande fête du sport n’aurait pu exister. Ils nous ont fait rêver, permis d’avoir des étoiles pleins les yeux, ils ont été, le temps d’une soirée, des magiciens, là où nos responsables politiques ne nous apportent que déception et désillusion. Vendredi soir, des gens du peuple ont été plus grands que leurs dirigeants.

Certes, l’Olympisme y est pour quelque chose, qui déjà à Athènes, en honorant le dieu Zeus, permettait d’établir une trêve pacifique entre les combattants des différentes cités grecques qui s’écharpaient continuellement. Il est vrai que celles-ci étaient tour à tour gouvernées par la démocratie, la monarchie, ou l’oligarchie, ce qui rendait l’entente cordiale entre elles pour le moins difficile.

Ces mêmes Jeux Olympiques qui ont été organisés déjà à Paris il y a un siècle, en 1924. Cette année-là, la France avait remporté 38 médailles et s’était classée troisième. Puissent nos actuels sportifs rivaliser avec leurs glorieux ancêtres ! Pour cela il leur faudra battre le record tricolore de quinze titres, glanés en 1996, à Atlanta, aux Etats-Unis.

Si tel était le cas, les français seraient aux anges, comme ils l’ont été lorsque nous avons gagné deux coupes du monde, en 1998, et en 2018. Jamais aucun autre évènement n’a su créer une telle ferveur populaire dans le pays, une telle union sacrée, une telle solidarité entre entre les français. Seul le sport peut ainsi fédérer une nation. Nous avons maintenant onze jours pour admirer les meilleurs sportifs mondiaux dans toutes les disciplines et supporter les athlètes français, viendra ensuite le temps des podiums, le décompte des médailles, or, argent et bronze, toutes fabriquées par les artisans de la Monnaie de Paris (au total 5084 médailles), et de pleurer de joie sur nos performances, ou de tristesse pour nos espoirs déçus. Mais déjà, avec la cérémonie d’ouverture nous avons gagné la bataille planétaire des cœurs en faveur d’une capitale présentée comme la plus belle du monde.  Nos remerciements et notre gratitude vont aux organisateurs qui ont permis la réalisation d’un spectacle aussi féérique qui a su mettre à l’honneur les monuments historiques de la capitale et ce que la France sait faire de mieux.

D’ici là, profitons pleinement de ces Jeux Olympiques organisés à Paris, sur un site historique exceptionnel, unique au monde avec le Champ de Mars, le Grand Palais, Versailles, etc. Jamais au cours de son histoire, les JO n’ont eu un tel écrin, alors oui, profitons-en car nous ne reverrons peut-être pas les jeux en France avant cent ans, autant dire une éternité. Et ayons au passage une pensée pour Pierre de Coubertin qui, après Athènes, inspira les Jeux Olympiques de « l’ère moderne ».

Agostino Degas disait  : « Tout le monde pense à accumuler des objets, des choses, en oubliant que le but de la vie est d’amasser des émotions, des sourires, des moments heureux »  et en cela les Jeux Olympiques sont un formidable réservoir d’émotions et de moments heureux, alors un bon conseil, si vous avez de l’amour, occupez-vous en bien, on n’en trouve plus beaucoup.