A quelques jours seulement du changement d’année, j’ai eu l’idée, ou plutôt l’envie, de partager avec vous un florilège de phrases d’écrivains et de personnalités célèbres et de mots d’inconnus qui m’ont particulièrement touché durant les 365 jours qui viennent de s’écouler. C’est pour moi une certaine façon de feuilleter l’éphéméride 2024, avec un brin de nostalgie, mais surtout impatient d’en découvrir de nouveaux au cours des mois à venir, me souvenant de ce quelqu’un m’a dit un jour : » Tu ne seras peut-être pas la couleur préférée de tout le monde mais, un jour, quelqu’un aura besoin de toi pour terminer sa peinture ».
« On avorte l’équivalent de la ville de Lille chaque année en France. L’occident ne fait plus de bébés, c’est un des symptômes d’une dépression collective et d’un suicide programmé de l’occident » , dixit Marie-Estelle Dupont. Cette psychologue physicienne a eu l’occasion depuis de préciser sa pensée « On ne fait plus d’enfants à cause de la profonde déspiritualisation de l’Occident », un sentiment que je partage totalement et qui est très inquiétant pour la survie de nos sociétés européennes. Le vrai choc des civilisations, tant redouté, n’est-il pas celui de la démographie ?
« Quand tu n’as presque rien mais que tu arrives à tout perdre quand même » j’ai encore en mémoire cette réflexion d’un sinistré après le passage du cyclone Chido à Mayotte, où quand le fatalisme est vertigineux. Ces mots m’ont ramené à Albert Einstein pour qui : « Le mot « progrès » n’aura aucun sens tant qu’il y aura des enfants malheureux ». Un bon conseil : Dans la vie ne laissez pas une mauvaise période vous faire croire que vous avez une mauvaise vie, il y a partout autour de vous des situations plus misérables que la vôtre.
» Une librairie, c’est le dernier endroit des grandes villes où les gens marchent lentement et parlent à voix basse » a dit un jour Sylvain Tesson, écrivain voyageur et essayiste. Amoureux de Péguy, il a aussi déclaré : « Quand j’escaladais Notre-Dame il y avait quelque chose qui ressemblait à la recherche de Dieu », livrant ainsi le rapport intime, le lien organique, spirituel, qu’il entretient avec la cathédrale, considérée comme vaisseau de son existence.
« Il avait dressé à bout de bras le cadavre de la France, en faisant croire au monde qu’elle était vivante » – Propos d’André Malraux au général de Gaulle, dont, à l’époque, il ne soupçonnait pas le caractère prophétique.
» Nous avons interrompu la vieille chanson qui berçait la misère humaine. Et la misère humaine s’est réveillée avec des cris ». Cette phrase est de Jean Jaurès. La vieille chanson pourrait être la chrétienté chantante à l’heure du soleil déclinant.
« Je n’ai rien à faire dans un temps où l’honneur est puni, où la charité est punie, où tout ce qui est grand est abaissé ou moqué, où partout au premier rang, j’aperçois le rebut, où partout le triomphe du plus bête et du plus abject est assuré ». Je trouve que ces mots de Montherlant, l’auteur du livre « La ville dont le prince est un enfant », qui s’est suicidé le 21 septembre 1972, jour de l’équinoxe de septembre, « quand le jour est égal à la nuit, que le oui est égal au non, qu’il est indifférent que le oui ou le non l’emporte », n’ont jamais été autant d’actualité. Cette phrase pourrait être rapprochée de la suivante :
« Je ne peux pas vivre longtemps avec les êtres. Il me faut un peu de solitude et la part d’éternité ». Elle est signée Albert Camus, qui disait aussi « Toute vie dirigée vers l’argent est une mort. La renaissance est dans le désintéressement » et partageait à coup sûr ces mots de Victor Hugo : « J’ai la haine du mal et l’amour du juste« . Le même Victor Hugo qui avait coutume de dire : « L’avenir est une porte. Le passé en est la clé ».
« La mort n’est pas la pire chose de la vie. Le pire, c’est ce qui meurt en nous quand on vit ». Albert Einstein, en écrivant cela, avait mille fois raison ce qui explique qu’au cours de notre existence on croise une multitude de zombies. Il ajoutait : « Je crois en une vie après la mort, tout simplement parce que l’énergie ne peut pas mourir; elle circule, se transforme et ne s’arrête jamais ». Ce que Kevin Ngo disait à sa façon « Si tu ne prends pas le temps de créer la vie que tu désires, tu seras forcé à passer beaucoup de temps à vivre une vie dont tu ne veux pas ». Quant à Orson Wells, il nous prodigue ce sage conseil : « On naît seul, on meurt seul, le reste faites-le en bonne compagnie ». Je complèterai par ce petit échange entre deux amis – « Tu fais quoi dans la vie ? – Je suis prof de l’être, je corrige les maux et j’en saigne ». En lisant ces quelques lignes certains d’entre vous me trouveront peut-être pessimiste de raison, ils auraient tort car je suis plutôt optimiste de cœur et j’aime à paraphraser Churchill : « Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, tandis qu’un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté ». Le grand dramaturge humoriste anglais George Bernard Shaw, Prix Nobel de littérature en 1925, traduisait cela à sa manière : « Les optimistes et les pessimistes contribuent tous deux à la société. L’optimiste invente l’avion, le pessimiste le parachute ». Voltaire préférait dire pour sa part : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé », une philosophie proche d’un proverbe tibétain : » Le secret pour bien vivre et longtemps est : manger la moitié, marcher le double, rire le triple et aimer sans mesure ». A vous de choisir.
« Offrez des livres ! Ils s’ouvrent comme des boîtes de chocolats et se referment comme des coffrets à bijoux ». Cette phrase du regretté Bernard Pivot résume à elle seule le plaisir inégalé de la lecture, car il y aura toujours une plume pour écrire le futur mais jamais de gomme pour effacer le passé. On attribue à Descartes cette phrase : « La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les meilleurs esprits des siècles passés ».
« Je suis juif, je suis musulman, je suis chrétien, je suis bouddhiste, je suis hindou, je suis athée. Et je veux la paix ». Cette exhortation est la bienvenue dans un moment où la paix et l’amour universel sont plus que jamais bafoués, le plus souvent au nom des religions. Je me suis toujours posé cette question simple: Si toutes les religions enseignent la paix, pourquoi ne peuvent-elles pas cohabiter en paix ? Pour Albert Camus : » Il y a des causes pour lesquelles il vaut la peine de mourir, (les religions en sont elles une ?) mais aucune ne vaut la peine de tuer ». Woody Allen a sans doute trouvé la réponse : « Je n’ai rien contre Dieu, c’est son fan club qui me fait peur ». Un proverbe indien nous rappelle que « L’amour est comme une plante grimpante qui se dessèche et meurt si elle n’a rien à enlacer ». Et pour le grand peintre Marc Chagall : « Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir » car aimer, c’est savoir entrer dans le jardin de l’autre pour enlever les ronces et y faire pousser des fleurs.
Et si, finalement, les deux plus belles périodes de la vie étaient l’enfance et la vieillesse, l’enfant n’ayant rien à gagner et le vieillard plus rien à perdre ? La vie est un long parcours ou nous sommes le maître et l’élève, parfois nous enseignons, mais chaque jour nous apprenons.
« Les rêves sont la littérature du sommeil », comment ne pas faire siens ces mots de Jean Cocteau, y a-t-il plus bel hymne, plus bel éloge au rôle de l’écrivain, car lire c’est éprouver ce temps subtil de minutes à soi. Et mieux encore « Lire dans le silence, la paix, la chaleur et la lumière la mieux adaptée est un des grands plaisirs de la terre », comme disait Jean Giono. On aura compris que j’aime les livres, que j’aime l’idée qu’au moment où on en ouvre un, où on s’y émerge, on puisse échapper au monde. Le grand physicien Albert Einstein, encore lui, avait coutume de dire : « La logique vous mènera d’un point A à un point B, l’imagination vous mènera absolument partout », en cela le romancier est un magicien car notre univers est celui du monde de l’imaginaire. Quelqu’un a écrit à juste titre : « L’écrivain doit être l’œil de ceux qui ne voient pas et la bouche de ceux qui n’ont pas de voix » et Somerset Maugham d’ajouter : « Acquérir l’habitude de lire c’est se construire un refuge contre presque toutes les misères de la vie ».
Quelle meilleure conclusion pourrait-il y avoir à cette dernière chronique de l’année ? N’est-ce pas Paul Eluard qui disait : « Il faut peu de mots pour exprimer l’essentiel » . Le même Paul Eluard à qui on doit ce joli poème :
« La nuit n’est jamais complète, il y a toujours puisque je le dis, puisque je l’affirme, au bout du chagrin une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée. Il y a toujours un rêve qui veille, désir à combler, faim à satisfaire, un cœur généreux, une main tendue, une main ouverte, des yeux attentifs. Une vie, la vie à se partager ». Pablo Neruda, un autre poète célèbre avait bien raison de dire : « Ah ! si seulement avec une goutte de poésie ou d’amour nous pouvions apaiser la haine du monde ».
Cette flânerie littéraire, entre les mots et les maux, la dernière de 2024 est aussi pour moi le prétexte de vous adresser mes meilleurs vœux pour la nouvelle année. Que 2025 vous apporte un bonheur sans limite, une santé à la carte sans laquelle aucun projet n’est possible, une chance XXL et vous permette de réaliser vos rêves, y compris les plus fous. Tant qu’il reste une étincelle de vie, l’existence peut s’embraser car si « une vie ne vaut rien », rien ne vaut une vie. Quant à moi je vous remercie de tous les moments partagés ensemble au cours de cette année finissante et pour ceux à venir, que je souhaite bienveillants et lumineux.
Jean-Yves Duval, Journaliste écrivain