Si je devais résumer la vie de Voltaire, de son vrai nom François-Marie Arouet, je dirai qu’il fût un grand philosophe, écrivain et encyclopédiste du 18ème siècle, accessoirement prisonnier de Frédéric II, roi de Prusse, avant d’en être l’ami.
Anticlérical viscéral, connu pour avoir lutté contre le fanatisme religieux, hier catholique ou protestant, il dénoncerait certainement aujourd’hui avec la même vigueur l’islamisme radical et ne renierait pas les dessins de Charlie Hebdo sur le prophète Mahomet. Il serait sans doute même leur meilleur défenseur.
Célèbre pour avoir rédigé un « Traité sur la tolérance », on lui doit cette phrase remarquable : « Même si je ne suis pas d’accord avec vous, je me battrai pour que vous puissiez le dire ». Il lutta aussi farouchement contre les injustices, à l’image du duc de La Rochefoucauld qui s’exclamait « La Justice ? Deux mille ans d’erreurs judiciaires ! ». Il se fit ainsi l’avocat de Jean Calas et du chevalier de la Barre, dernier individu en France à avoir été décapité et le corps brûlé pour blasphème, le 1er juillet 1766 à Abbeville.
Un temps historiographe du roi, sans cesser pour autant d’être un redoutable pamphlétaire, l’auteur de « Candide » et des « Lettres philosophiques » fut emprisonné à la Bastille pour avoir déplu au pouvoir de l’époque, avant d’être vu sous la Révolution, comme l’égal d’un Jean-Jacques Rousseau, et d’entrer au Panthéon en 1791 aux côtés de Mirabeau.
J’ai exhumé ces quelques lignes qui plus de deux siècles après sa mort, en 1778 n’ont pas pris une ride :
« Le voleur ordinaire c’est celui qui vous vole votre argent, votre portefeuille, votre vélo, votre parapluie.
Le voleur politique c’est celui qui vous vole votre avenir, vos rêves, votre savoir, votre salaire, votre éducation, votre santé, votre force, votre sourire.
La grande différence entre ces deux types de voleurs, c’est que le voleur ordinaire vous choisit pour vous voler votre bien, tandis que le voleur politique, c’est vous qui le choisissez pour qu’il vous vole.
Et l’autre grande différence, qui n’est pas des moindres, c’est que le voleur ordinaire est traqué par la police, tandis que le voleur politique est le plus souvent protégé par une escorte de police ».
Après avoir découvert cette philippique voltairienne, je me dis que si on ressuscitait aujourd’hui celui qui incarna si bien le siècle des Lumières il y a fort à parier qu’il défilerait aux côtés des gilets jaunes. Et cela ne ferait pas pour autant de Voltaire un populiste ou un démagogue.