Emmanuel Macron qui accorde une interview à « Pif le chien », ou Marlène Shiappa qui choisit « Play-Boy » pour s’exprimer, à quand un entretien de Bruno Le Maire, ministre de l’économie, dans « Picsou magazine », d’Elisabeth Born dans « Nous Deux », et d’Eric Dupont Moretti dans la revue « Gay » ?

Aujourd’hui la mode est de casser les codes, à l’image des députés Insoumis qui se refusent à porter une cravate dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, se prenant pour les Sans-culottes de 1789, au mépris des règles relevant de la simple courtoisie républicaine. La conséquence de tout cela est qu’on désacralise la parole publique, qui n’en demandait pas tant.

Sous prétexte de jeunisme et de modernité, Emmanuel Macron a largement inspiré cette communication « new-look » au point de s’interroger sur sa prochaine invention, recevra-t-il le roi d’Angleterre Charles III, lors de sa prochaine visite officielle en France, en tongs, ou en mules Balenciaga (6.900 euros la paire). Et comment excuser cette attitude désinvolte, la main dans la poche, au moment de la photo officielle avec le président chinois Xi Jinping ces jours-ci à Pékin, il se croyait où, dans une réunion de l’amicale des anciens de Sciences-Po ?

L’exemple de cette désacralisation de la fonction présidentielle a été initié par Valéry Giscard d’Estaing himself, lorsqu’il invita des éboueurs maliens à partager son petit déjeuner en compagnie d’Anne-Aymone. Côté prout-prout, il était difficile de faire mieux. Il poursuivit en s’invitant dans des familles de français moyens à l’heure du JT, apportant son propre panier de provisions, avant, un peu plus tard, de se livrer à un récital d’accordéon avec Yvette Horner. Qui imaginerait de Gaulle jouant du clairon  ou de la flute traversière !

De Nicolas Sarkozy, on retiendra sa familiarité lorsqu’il s’adressait « aux gens », comme dit Mélenchon, en les tutoyant, quand il ne les interpellait pas de façon méprisante, tel un sale gosse vulgaire et mal élevé, d’une réplique devenue culte « Casse-toi, pauvre con ! » Superbe vocabulaire que voilà, Molière doit se retourner dans sa tombe.

Quant à François Hollande, l’homme qui voulait être un président ordinaire on ne compte plus ses blagounettes de mauvais goût. Avec son style Pierre Richard on retiendra ses road trips en scooter à travers les rues de Paris à l’heure du laitier pour apporter des croissants chauds à sa dulcinée Julie Gayet, sans oublier cette fichue cravate qui s’obstinait à pencher vers la droite, lui l’homme de gôche. Certains petits facétieux ont noté que sur 2 220 apparitions publiques il l’avait portée 1 115 fois de travers (sic). Quant à sa célèbre phrase sur les « sans-dents » elle restera longtemps dans les annales élyséennes. On la doit à son ex-compagne Valérie Trierweller qui la rapporte dans son livre « Merci pour ce moment », précisant que F. Hollande l’employait pour qualifier les pauvres « qu’il n’aimait pas ». Il était paraît-il très fier de son trait d’humour. Il est bien le seul.

Jamais les publications trash, comme « Closer » ou « France Dimanche » et les paparazzi ne s’en seront donné autant à cœur joie pour révéler les évènements cataclysmiques dont ce président a été victime, comme ce jour d’août 2014 sur l’île de Sein où il a subi un véritable déluge, suscitant de nombreux sarcasmes. Je ne saurais terminer cette énumération sans évoquer cette photo le montrant la tête couverte d’une chapka et d’une pelisse à fourrure lors d’un voyage au Kazakhstan. Plus ridicule que cela, tu meurs !

Un chef de l’Etat digne de ce nom, outre qu’il ne devrait pas tout dire, devrait surveiller son langage, ses attitudes et son dress-code. A défaut de se respecter lui-même, qu’il respecte du moins la fonction qu’il incarne, et accessoirement les français qui l’ont élu à cette responsabilité suprême et prestigieuse. Est-ce trop demander ? Merci.