Catégorie : La plume au vent Page 36 of 41

Députés : garçon et un Bourbon !

On en apprend de belles en découvrant dans le JDD de dimanche dernier l’article intitulé  « Boire et déboires au Palais-Bourbon ». On avait bien vu lors du débat sur les retraites que lors des séances à l’Assemblée nationale au ton particulièrement vif des débats que plus d’un parlementaire avait la tête près du bonnet. Les injures fusaient de toute part, les invectives et les noms d’oiseaux volaient dans l’hémicycle,  bref, une belle foire d’empoignade ! Pire qu’un comice agricole ou une cour de récréation turbulente, au point que la présidente de séance ne savait plus ou donner de la tête, et à qui distribuer un bonnet d’âne. A certains moments on aurait cru la voir arbitrant un match de boxe.

Disons tout net que l’Assemblée a offert, en France et à  l’étranger, un spectacle lamentable et une une image déplorable, indigne  de la représentation nationale. Certains débats étaient au niveau du caniveau, même, et surtout, vus depuis le perchoir. Dans cette assemblée de sans-culottte certains se voyaient en Saint-Just, l’Archange de la Terreur, d’autres en Robespierre où encore en Danton. L’un criait à l’adresse d’un député Modem «  ferme ta gueule »,tandis que l’autre traitait le ministre du travail d’assassin et le dernier comparaît la Première ministre a «  un bourreau » !  A croire qu’on avait ajouté du piment dans la vieille cuisine parlementaire, tout était bon, l’invective, le clash pour faire le buzz. On se souvenait alors que parmi les nouveaux députés insoumis se trouvait un ancien chroniqueur chez Cyril Hanouna. La classe quoi !

Tout s’éclaire lorsqu’on découvre cette pancarte affichée à la buvette des députés : « Rupture de stock de Get 27 » On comprend mieux maintenant ces visages rubiconds, coupe-rosé, cette somnolence dans certaines travées, à l’évidence  certains de nos représentants du peuple ont un faible, et le mot est juste, pour la dive bouteille.

Un député insoumis a même été aperçu vomissant dans une poubelle, il devait tenir une sacré murge, sans doute cet homme de gauche voulait-il justifier son qualificatif de « rouge ». Il ne manquait plus pour cultiver l’anti-parlementarisme français que de présenter nos chers élus comme des soûlards.

Le pire c’est qu’un vieux de la vieille, un vétéran de la Ve République confesse : « C’est ma septième mandature et j’ai toujours connu des incidents liés à l’alcool », ajoutant : les anciens boivent du vin et de la bière  et les plus jeunes de préférence des cocktails …Super, vive la République des poivrots !

C’est vrai qu’en début d’année, s’enfiler cinq cérémonies de vœux  par jour ça vous fortifie le gosier et vous situe au niveau d’un entraînement commando, mais ce n’est pas une raison pour prendre le chemin de la buvette à chaque suspension de séance.

« Et un p’tit verre pour Macron ! » pour tel député  de la majorité, et « un p’tit verre pour Mélenchon ! » pour tel autre de  LFI .. à croire que certains confondent la pression dans la salle des pas perdus avec la pression de la tireuse à bière de la buvette. Pour eux, rien de tel qu’un demi pour décompresser.

Le dernier jeu à la mode à l’Assemblée, c’est « dis-moi ce que tu bois et je te dirai de quelle région viticole tu es l’élu », facile, il n’y a que l’embarras du choix : la Bourgogne, le Bordelais, l’Alsace, la Champagne, etc. un vrai Tour de France en 90 verres.

Nos chers parlementaires ont en plus l’excuse du tarif des consommations, autrement plus avantageux que celui du « Bourbon » le café situé en face de  l’Assemblée. Si ce n’est pas un encouragement au vice, c’est quoi alors ? Comment expliquer autrement cet aveu d’un député macroniste «  j’ai vu des collègues devenir alcooliques ». Après l’épisode 1 :  Palmade se bourre le pif à la cocaïne,  voici maintenant l’épisode 2 :  les élus de la nation se bourrent le nez au Whisky. France, a quel niveau es-tu tombée ?

Et après cela on s’étonne qu’une cure de désintoxication s’impose à certains, les Psy ont du boulot devant eux, c’est moi qui vous le dis !

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois

Dans cette période plutôt morose rechercher des informations souriantes relève de l’exploit et il faut creuser profond dans l’actualité quotidienne pour espérer extraire la moindre nouvelle positive. Pour cette revue de presse j’ai eu la chance de découvrir dans les journaux belges le témoignage suivant d’un contribuable de ce pays. A la question, « avez-vous des personnes à votre charge » voici ce qu’il a répondu : « 2,1 millions d’immigrés illégaux, 4,4 millions de chômeurs, 900 000 criminels répartis dans 85 prisons, 650 crétins au parlement ». L’administration lui a retourné sa déclaration au motif que sa réponse était inacceptable. Le citoyen en question à alors répondu par écrit : « Pourquoi, j’ai oublié quelqu’un ? ».

Pour rester en France j’ai aussi relevé quelques perles qui valent leur pesant de cacahuètes. Savez-vous qu’on a récemment remplacé le titre du roman d’Agatha Christie « Dix petits nègres » par « Ils étaient dix », je pose la question, sera-t-on pour autant moins racistes ? De la même façon, a-t-on moins de chômeurs depuis qu’ils sont « chercheurs d’emplois », de pauvres depuis qu’ils sont « RMistes », le nombre des licenciés a-t-il baissé depuis qu’on procède à des « ajustements d’effectifs », les sourds entendent-ils mieux depuis qu’on les dit « déficients auditifs », un aveugle voit-il moins bien qu’un « non-voyant », un SDF est-il moins sur la paille qu’un vagabond, mourrait-ton plus au champ de bataille que sur le « théâtre des opérations extérieures », est-ce qu’une caissière d’hier avait plus de stress qu’une hôtesse de caisse d’aujourd’hui, ménage-t-on plus les femmes de ménage depuis qu’elles sont « techniciennes de surface »,engueule-ton moins les concierges depuis qu’ils sont « gardiens d’immeubles » et est-ce que le mot LGBT nous protège plus des homophobes ?  Je ne sais pour vous mais en ce qui me concerne je ne pense pas qu’on puisse guérir de tous les maux en changeant juste quelques mots ? Ce serait trop simple.

De l’autre côté de la Manche, un éditeur anglais vient de décider de retirer de ses ouvrages les mots considérés offensants comme le sexisme, le poids, les questions de genre, etc. On appelle ces coups de ciseaux du joli mot de « lissage ». Cela nous rappelle une autre censure, celle de la fameuse clope de Lucky Luke le cow-boy des BD de Morris. Le personnage, né en 1946, a vu sa cigarette remplacée par une brindille en …1983, trente-sept ans plus tard. Le dessinateur n’a fait qu’anticiper la loi Evin, votée en 1991, qui interdit la publicité pour le tabagisme. Le même Morris avait déjà dû retirer de son album « Hors-la-loi » la scène ou Bob Dalton meurt d’une balle dans la tête … au nom de la moralité. J’ignorais qu’il existait des morts plus morales que d’autres. L’acteur Alain Delon avait également vu une de ses photos de 1966, reprise par Dior pour un de ses parfums, retoquée parce qu’on le voyait fumant une cigarette. Il en a été de même pour l’actrice Audrey Tautou qui en 2009 s’est vu refuser par la RATP l’affiche du film « Coco avant Chanel » pour le même prétexte. Quant à Jacques Tati, on ne rendit sa pipe au célèbre personnage de Monsieur Hulot qu’après que les députés aient exclu du champ de la loi Evin les œuvres du patrimoine culturel.

Qui se souvient que dans les années 1920 – 1933 les Etats-Unis connurent une période, dite de la prohibition, qui interdisait la fabrication et la vente de boissons alcoolisées. Cet épisode de l’histoire fit la célébrité d’Eliot Ness, un agent du trésor américain, à la tête d’une équipe d’incorruptibles. Aujourd’hui, au nom de la bien-pensance on n’agit pas autrement en exigeant des gens, artistes compris, de se soumettre au politiquement correct. Un siècle à passé et les choses n’ont pas tellement changé. C’est au point que je me demande si on autoriserait aujourd’hui la chanson « Cigarette, whisky et p’tes pépées » interprétée par Philippe Clay, Eddie Constantine et Annie Cordy.

Je ne saurais terminer cette chronique sans vous livrer une petite pépite que j’ai découverte à la lecture d’un arrêté municipal d’une petite commune du Maine-et-Loire dont le terrain de football est régulièrement ravagé par des hardes de sangliers. Excédée, la maire des lieux a rédigé l’article 1e comme suit : « Il est interdit à tout sanglier de pénétrer sur le terrain sans s’être préalablement muni de chaussures à crampons » avant de  … clôturer l’aire de jeu.

Oui, je confirme, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois !

Pierre Palmade, l’humoriste devenu clown triste !

En matière de justice, tout homme est présumé innocent jusqu’à ce qu’il soit reconnu coupable et condamné. C’est là un des principes fondamentaux de l’Etat de droit et à l’heure où tant de dictatures fleurissent sur la planète et remettent en cause les libertés individuelles il serait mal séant d’en discuter le bien-fondé. Plus que jamais ce principe est intangible, coule dans le bronze, car il symbolise les valeurs de la démocratie et nous différencie des régimes totalitaires pour qui les droits de la defense sont superfétatoires, « tout homme poursuivi étant présumé coupable ».

Pour autant dans l’accident de la route dans lequel est impliqué l’humoriste Pierre Palmade un des éléments révélé  par les enquêteurs tente a lui imputer une part de responsabilité, en attendant l’établissement de son éventuelle culpabilité. Avoir consommé de la cocaïne est en effet totalement proscrit par la loi, et conduire sous l’empire de stupéfiants est répréhensible car ceux-ci, comme l’alcool, altèrent les facultés de conduite de l’automobiliste. Rappelons que l’usage de la cocaïne est à l’origine chaque année de quelques 700 morts lors des accidents de la route, ce n’est pas anodin et c’est inadmissible, insupportable. Rappelons aussi que par son prix la coke est la drogue des nantis, des privilégiés, des artistes du show-biz, des animateurs de télévision, des cadres de la City, et de Wall-street etc.

Qu’il ait recouru à la « neige » pour améliorer ses performances sexuelles (chemsex) ne sera pas retenu par les juges, qui ne sont pas des moralisateurs,  comme une circonstance aggravante. Cette révélation détériorera seulement un peu plus son image, déjà gravement altérée par son comportement. D’autant qu’en la matière Palmade n’est pas un perdreau de l’année et la réalité l’a rattrapé. Sauf que là,  il y a eu la mort d’un innocent, un fœtus qui ne demandait qu’à vivre, et sur qui les ténèbres se sont abattus avant même qu’il n’ait vu le jour. Si je voulais paraphraser Shakespeare je dirai : «  Naître ou ne pas naître, telle est la question !  ».

Palmade ne nous fait plus rire, et peut-être ne fera-t-il plus jamais rire personne car en fonction du jugement qui sera rendu il y a gros à parier que s’il est reconnu coupable, les spectateurs déserteront en grand nombre ses tournées. A l’image de ce qui s’est passé pour Bertrand Cantat, le leader du groupe de rock « Noir Desir » après le meurtre de sa compagne Marie Trintignant. C’était il y a vingt ans. A la seule différence qu’il s’agira d’un « homicide involontaire » et non comme pour Cantat d’un homicide volontaire.

Ainsi,  « s’il est reconnu coupable » et responsable, au-delà de la sanction judiciaire Pierre Palmade sera    condamné par le public, Vox populi, Vox Dei, de nombreux fans l’abandonneront, ce qui représentera d’une certaine façon une double peine.

Certains trouveront cela peut-être injuste, mais tel le prix de la notoriété, on ne peut pas tout avoir, le beurre, l’argent du beurre et la crémière en plus. Pendant des années l’humoriste a jouit de sa popularité, aujourd’hui celle-ci lui vaut déjà d’être conspué, vilipendé, parfois cruellement, sur les réseaux sociaux. Les médias eux-mêmes,  qui hier l’encensait, le crucifie aujourd’hui. Quant à ses amis  si prompts à lui pardonner ses frasques ils préfèrent  garder un un silence prudent.

Sa notoriété ne le protège plus, au contraire elle l’expose !  Il doit en assumer les risques et personne ne souhaite les partager avec lui, pas plus qu’ils n’ont partagé  sa célébrité lorsque son nom brillait en haut de l’affiche. Chacun se doit d’assumer ses actes. Mais au-delà de ce désamour des spectateurs, si Pierre Palmade venait à être condamné, il aurait  surtout un lourd fardeau à porter pour le restant de sa vie, celui de la mort d’un nouveau-né en devenir  et d’une mère dévastée par le chagrin, empêchée  d’enfanter par l’irresponsabilité d’un conducteur addicte  à la cocaïne et qui aimait trop la fête. Sa croix sera lourde, le chemin tortueux et à l’heure où le rideau va tomber sur la scène il ne restera qu’un clown triste, et la coke ne lui sera d’aucun secours.

Les paradis artificiels ont un coût, qu’il a eu le tort d’ignorer, ou de négliger, comme il a eu tort d’oublier que dans l’expression «  paradis artificiels » il y a artificiel. La fête est finie !

Pour que cesse l’exploitation des enfants-soldats !

Dimanche 12 février on a célébré la journée internationale des enfants soldats, dont j’ai fait le sujet central de mon dernier roman, «  Amadou l’enfant-soldat du Sahel », publie chez Aida édition, l’occasion pour moi d’y revenir en quelques lignes.

Âges de 11, 12 ans, ils ont vu leur vie gâchée et leurs droits d’enfant violes, ce qui est abominable. Ils ressortent de leur engagement, d’une vie dans les jungle, parmi les combattants adultes, victimes de préjudices psychologiques considérables et leur reconstruction, lorsqu’elle est possible, est naturellement longue et difficile. L’UNICEF est à la pointe dans ce domaine, y compris pour leur réinsertion au sein de la société civile.

Ils n’ont pas seulement été les observateurs d’atrocités, il les ont commises. Ils ont tortures, tues à la machette ou à la Kalachnikov, ils ne se sont pas contentés d’être des témoins passifs mais ont été des acteurs actifs, parfois même plus cruels que leurs aînés, pourtant sans pitié avec leurs victimes.

Au départ, plusieurs d’entre eux ont été kidnappés par des bandes armées, des gangs maffieux,  lors d’expéditions, de raids, de pillages, après avoir tué leurs parents. Les ravisseurs les ont ensuite entraînés au maniement des armes, à egorger des moutons pour mieux égorger ensuite des êtres humains, et pour finir les enrôler dans leurs milices, plus sanguinaires les unes que les autres.

On estime aujourd’hui leur nombre à quelques 300 000 à travers le monde, notamment au Soudan, mais pas seulement. On peut parler à leur égard d’un ignoble véritable trafic d’êtres humains avec des recruteurs sans scrupules ni états d’âme, qui n’hésitent pas à les envoyer à une mort certaine sans le moindre problème de conscience. Ils disposent avec eux d’une main-d’oeuvre bon marché, de la chair à canon, d’autant plus facile à manipuler qu’il s’agit d’enfants.

Tout doit être fait pour mettre un terme à cette exploitation enfantine inhumaine par ces mercenaires, sans foi ni loi, et cette journée internationale du 12 fevrier est là pour nous le rappeler.

 

En 2023, Voltaire serait-il gilet jaune ?

Si je devais résumer la vie de Voltaire, de son vrai nom François-Marie Arouet, je dirai qu’il fût un grand philosophe, écrivain et encyclopédiste du 18ème siècle, accessoirement prisonnier de Frédéric II, roi de Prusse, avant d’en être l’ami.

Anticlérical viscéral, connu pour avoir lutté contre le fanatisme religieux, hier catholique ou protestant, il dénoncerait certainement aujourd’hui avec la même vigueur l’islamisme radical et ne renierait pas les dessins de Charlie Hebdo sur le prophète Mahomet. Il serait sans doute même leur meilleur défenseur.

Célèbre pour avoir rédigé un « Traité sur la tolérance », on lui doit cette phrase remarquable : « Même si je ne suis pas d’accord avec vous, je me battrai pour que vous puissiez le dire ». Il lutta aussi farouchement contre les injustices, à l’image du duc de La Rochefoucauld qui s’exclamait « La Justice ? Deux mille ans d’erreurs judiciaires ! ». Il se fit ainsi l’avocat de Jean Calas et du chevalier de la Barre, dernier individu en France à avoir été décapité et le corps brûlé pour blasphème, le 1er juillet 1766 à Abbeville.

Un temps historiographe du roi, sans cesser pour autant d’être un redoutable pamphlétaire, l’auteur de « Candide » et des « Lettres philosophiques » fut emprisonné à la Bastille pour avoir déplu au pouvoir de l’époque, avant d’être vu sous la Révolution, comme l’égal d’un Jean-Jacques Rousseau, et d’entrer au Panthéon en 1791 aux côtés de Mirabeau.

J’ai exhumé ces quelques lignes qui plus de deux siècles après sa mort, en 1778 n’ont pas pris une ride :

« Le voleur ordinaire c’est celui qui vous vole votre argent, votre portefeuille, votre vélo, votre parapluie.

 Le voleur politique c’est celui qui vous vole votre avenir, vos rêves, votre savoir, votre salaire, votre éducation, votre santé, votre force, votre sourire.

La grande différence entre ces deux types de voleurs, c’est que le voleur ordinaire vous choisit pour vous voler votre bien, tandis que le voleur politique, c’est vous qui le choisissez pour qu’il vous vole.

Et l’autre grande différence, qui n’est pas des moindres, c’est que le voleur ordinaire est traqué par la police, tandis que le voleur politique est le plus souvent protégé par une escorte de police ».

Après avoir découvert cette philippique voltairienne, je me dis que si on ressuscitait aujourd’hui celui qui incarna si bien le siècle des Lumières il y a fort à parier qu’il défilerait aux côtés des gilets jaunes. Et cela ne ferait pas pour autant de Voltaire un populiste ou un démagogue.

Page 36 of 41

© 2025 Copyright Jean Yves DUVAL. - Email : jeanyvesduval9@gmail.com