Jamais au cours de notre histoire les menaces existentielles qui planent au-dessus de nos têtes, telle une chappe de plomb, n’ont été aussi nombreuses et variées. Elles sont multiformes au point de mettre l’humanité et le globe terrestre en péril. Etat des lieux.

A commencer par celles qui concernent le réchauffement, où plutôt le dérèglement climatique, qui est source de catastrophes naturelles innombrables, des mégas incendies de Californie aux inondations espagnoles cataclysmiques, en passant par la montée alarmante du niveau des mers qui va impacter de nombreux littoraux sur tous les continents, les typhons et cyclones à répétition,  la fonte des glaciers et l’épuisement des ressources en eau naturelle, la pollution marine aux hydrocarbures et aux déchets plastiques qui déciment des colonies entières de mammifères marins et dépeuplent les bancs de poissons, la désertification des sols qui provoque la famine parmi de nombreuses populations et conduit des millions de personnes à laisser derrière elles leur habitation et leur  lopin de terre, et à prendre la route de l’exil pour un aller sans retour.

La Terre se meurt un peu plus, jour après jour, et personne ne semble entendre son cri d’agonie, elle meurt, non pas à « petit feu » mais à vitesse grand V. Elle n’a jamais été mise aussi en danger en si peu de temps, le 21ème siècle aura détruit ce que les vingt siècles précédents ont construit. Pas de quoi être fier ! Il y a lieu d’être inquiet pour les générations futures à qui on va laisser ce funeste héritage, mieux vaux pour elles de refuser la succession. La mondialisation à fait de la Chine une usine planétaire où chaque habitant du globe vient faire son marché, sans avoir à se déplacer de chez lui, grâce à la fée Amazon et aux millions de cargos containers qui sillonnent les mers ajoutant, comme si  c’était nécessaire, à l’empreinte carbone déjà lourde. L’empire du Milieu, qui a succédé à celui du petit livre rouge de Mao, à bousculé cul par dessus tête les productions industrielles nationales et locales et modifié en profondeur les échanges commerciaux. Les marxistes d’hier sont devenus les champions d’un libéralisme et d’un capitalisme sauvage et la route de la soie de Xi Jinping n’a plus rien à voir avec celle de Marco Polo.

Cette même mondialisation, autre menace existentielle majeure, qui par la diversité et la rapidité des moyens de transports d’un point du globe à un autre,  et en raison des milliards de voyageurs transportés en cabine et de tonnes de marchandises dans la soute des avions et les cales des bateaux, véhicule un nombre incalculable de virus et de microbes, souvent inconnus, à l’origine de pandémies mortelles, à l’image du Covid 19, venu, comme par hasard, de Chine. Cette même mondialisation encore, qui sera à l’origine, dans les mois et les années qui viennent, de la faillite et de la fermeture d’entreprises en très grand nombre, entraînant avec elles leur cohorte de nouveaux chômeurs. Sans oublier la disparition progressive, ici même en France, de nos exploitations agricoles au bord de la ruine (on estime leur nombre à 30 % d’ici à 2035) alors qu’actuellement, selon la MSA, un agriculteur se suicide chaque jour. Que deviendra notre société de consommation lorsqu’il n’y aura plus rien à consommer, nos élites internationales et nos technocrates de tout poil,  y ont-ils pensé ?

Menaces existentielles encore avec le retour, 80 ans après les premières explosions atomiques américaines sur le Japon, à Nagasaki et Hiroshima, de risques nucléaires pour cause de guerre aujourd’hui entre la Russie et l’Ukraine, et demain peut-être dans le Pacifique, entre la Chine, voire la Corée du nord et l’Amérique. Les arsenaux de l’Est et de l’Ouest sont tels qu’ils peuvent faire exploser plusieurs fois la planète.  Menaces existentielles toujours pour les abeilles menacées d’extinction par les pesticides, comme des milliers d’autres insectes et animaux en Europe, en Afrique et en Asie. Selon les scientifiques 1 million d’espèces animales seraient ainsi menacées au cours des prochaines décennies, provoquant une crise majeure de la biodiversité. Et que dire des pluies acides, liées à la pollution industrielle, à l’origine de la disparition de nombreux massifs forestiers. C’est tout notre écosystème qui est aujourd’hui en danger de mort.  Menaces existentielles, encore et toujours, sur les nombreuses variétés de poissons qui peuplent nos fonds marins à cause des pêches intensives (à l’exemple des thons et des baleines, dont le  Japon fait une consommation excessive) et l’existence de bateaux usines qui draguent tout sur leur passage, ne laissant derrière eux que des miettes pour les populations locales et mettant en danger la reproduction. Et je pourrais multiplier les exemples. Que de crimes contre l’environnement n’a-t-on pas commis au nom de l’industrialisation et de la mondialisation, de ce besoin de posséder toujours d’avantage et de paraître, plutôt que de satisfaire raisonnablement ses besoins et d’être !

Oui, les menaces existentielles, comme les températures ne sont pas qu’un ressenti, mais une réalité, sauf à vouloir se voiler la face ou faire l’autruche. Notre existence humaine, animale et végétale n’a jamais été aussi compromise qu’aujourd’hui du fait de la cupidité des hommes, ces plus grands prédateurs que la Terre a engendré. A côté d’eux, les loups et les requins blancs sont des agneaux. C’est au point que ce que les cinq premières extinctions de masses n’ont pas réussi à faire depuis près de 4 milliards d’années, la sixième pourrait être fatale pour l’humanité et c’est si vrai, qu’un homme, Elon Musk, le colistier de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, l’homme le plus riche du monde et inventeur génial des voitures Tesla, du réseau satellitaire Starlink et des fusées Space X, se propose de coloniser la planète Mars, avec un premier vol en 2026, comme on a hier colonisé l’Algérie, l’Afrique de l’Ouest ou l’Indochine, fort du constat que les ressources naturelles sur Terre auront été épuisées par notre voracité et notre folie et que tout vie sera désormais impossible sur la planète.

Comment enfin, toujours au titre des menaces existentielles, ne pas se révolter contre le wokisme, sorti tout droit des universités américaines, qui a pour ambition de revisiter notre façon de penser, jugée archaïque, ainsi que la « cancel culture » également inspirée des États-Unis qui prône une culture de l’effacement et du reniement de tout ce qui constitue notre patrimoine intellectuel et fonde notre histoire. Un proverbe chinois ne dit-il pas que le poisson pourrit par la tête ? A ce compte-là, la France n’aura bientôt plus que des arrêtes !

Au terme de ce bref tour d’horizon des menaces existentielles auxquelles nous sommes contraints de nous accommoder, il me revient une question qu’on m’a souvent posée : « Par nature, êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste », à laquelle j’ai toujours répondu en citant le philosophe italien Gramsci : « Je suis optimiste de cœur et pessimiste de raison !« . Comment en effet ne pas être pessimiste en voyant l’évolution actuelle du monde, à moins d’être sourd et aveugle, quant à être optimiste, désolé, on n’a plus les moyens.

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain