Ce matin parmi mes lectures j’ai découvert la lettre qu’il écrivait aux enseignants voici plus d’un siècle et demi et celle-ci n’a pas pris une ride, jugez-en plutôt :

« Vous tenez entre vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire, à lire, faire une addition et une multiplication. Ils sont français et doivent connaître la France, sa géographie, son histoire : son corps et son âme. Il faut qu’ils sachent quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse. »

A l’heure, où la nation française est tant dénigrée, ses statues d’illustres personnages déboulonnées, son drapeau tricolore et son hymne national conspués,  on se plait à rêver en lisant cela.

Cela fait plus de cinquante ans que nos politiciens sans scrupules, de droite comme de gauche, ont sacrifié l’école et immolé son enseignement sur l’autel républicain, et on s’étonne aujourd’hui qu’elle soit en danger. Quels bouffons !

En 2025, l’école à même, grande première, cédé   aux dealers les territoires des enfants, quelle honte, quelle lâcheté. Où est ce phare dans la nuit, cet asile inviolable du savoir ? L’école du renoncement a franchi un point de non retour en même temps que les professeurs ont perdu leur autorité … ils sont désormais au même niveau que les élèves qui ne les respectent plus. Comme ils ne respectent pas davantage les policiers et les magistrats !

Il y a longtemps que les profs sont tombés du piédestal de leur estrade et que le plafond de la classe leur est tombé sur la tête !

L’effort, le principe du mérite individuel, ces notions si chères  à Jules Ferry, sont bafouées chaque jour au profit d’un égalitarisme dévoyé et d’un bac dévalué, accordé à 90% des élèves, au prétexte du tout-au-même-niveau. Et d’un monde où rien ne s’élève et tout se nivelle. L’école n’est plus ce modèle d’exigence et d’élévation sociale copié dans le monde entier, de même que notre système de santé, qui faisait la fierté de la France, n’est plus une référence.

Tout part en quenouilles de qui faisait hier encore le prestige et la réputation de notre pays, son rayonnement dans le monde.

Ici, comme ailleurs, nous n’avons pas reculé, nous avons abdiqué, capitulé en rase campagne ! L’école française est disqualifiée après des décennies de renoncement, elle n’est plus qu’une institution vidée de son sens, engluée, dans un état de déliquescence avancée, et une inertie bureaucratisée, capable seulement de réformes cosmétiques.

Tristesse et désolation, France, qu’est devenue ta grandeur d’antan ?

On serait bien avisé de relire Jean Jaurès, et d’en prendre de la graine, même la gauche l’a oublié.

Jean-Yves Duval journaliste écrivain