Alors, monsieur le président, ce nouveau meurtre d’une surveillante scolaire de 31 ans, Mélanie, mère d’un jeune enfant de quatre ans, à Nogent-sur-Marne, par un élève de 14 ans, relève toujours d’une vue de l’esprit et d’un simple fait divers ?
Quel mépris, quel cynisme !
Plus qu’un fait divers, c’est un fait de société, ce n’est pas la même chose, car si vous ne pouvez pas grand chose pour les premiers, les seconds en revanche relèvent de votre autorité et de votre responsabilité. Vous disposez de l’exécutif et pouvez actionner le législatif, et si la règlementation européenne se dérobe, ayez le courage de prendre des mesures « made in France » concernant l’encadrement des jeux vidéos violents, et les réseaux sociaux qui polluent les esprits de nos enfants. On parle ici de contrôler leur addictions malsaines qui les transforment en zombies et en font des proies faciles pour les prédateurs du numérique. On évoque ici leur santé mentale, des troubles d’ordre psychiatrique, comment s’en étonner quand on voit qu’ils passent des nuits entières devant leurs écrans de téléphone ou d’ordinateur, au détriment de toute vie familiale et sociale. On prétend que le président de la République dispose de pouvoirs dignes d’un monarque, que ne les utilisez-vous pas pour mettre un frein à de telles dérives ? Combien faudra-t-il de morts avant de prendre les mesures qui s’imposent, à l’image des platanes meurtriers sur les bord des routes départementales ?
D’où vient au demeurant cette fascination subite pour les meurtres au couteau qui ne font pas partie de notre culture ? On a tous encore en mémoire l’assassinat barbare de cette jeune fille lardée de cinquante-sept coups de couteau, et celui de quelques autres.
Oui, la protection des océans est importante, personne ne dira le contraire, même si vos propos ont été tenus à Monaco une principauté-croupion sous les feux de la justice internationale en raison des accusations de blanchiment d’argent portées contre elle, mais la sécurité des français est essentielle, et cela fait des décennies qu’on la néglige. Or vous n’agissez pas davantage que vos prédécesseurs, alors que l’insécurité a empiré ces dernières années de façon exponentielle.
Nos policiers, nos professeurs, nos pompiers, nos médecins, nos élus, tous sont confrontés quotidiennement à la violence gratuite, sans oublier les familles françaises endeuillées régulièrement, ainsi que les commerçants dont les boutiques sont trop souvent vandalisées, pillées, à l’occasion de telle ou telle manifestation et défilé, qu’attendez-vous pour agir ? L’expérience, cruelle, des gilets jaunes et des émeutes urbaines ne vous a pas suffi ?
Votre mission première de chef d’Etat est de protéger les français, que faites-vous ?
C’est pour vous un devoir constitutionnel de le faire, et pour nous un droit d’en bénéficier. Aujourd’hui, nous faisons valoir ce droit légitime, nous revendiquons de pouvoir vivre en paix et en sécurité. Allez-vous enfin nous écouter ? Faudra-t-il que nous défilions sous vos fenêtres de l’Élysée pour que vous entendiez nos appels, nos cris ?
Les français sont patients mais l’histoire a démontré que leur patience a des limites.
En l’espace de 48 heures vous avez du réajuster votre discours, l’adapter, au risque de vous ridiculiser …. Un tel virage a 90 degrés, est-ce vraiment sérieux, cohérent ?? Vous rabaissez régulièrement la fonction présidentielle et vous mutilez l’histoire de France, et quelques uns de ses grands personnages, quelle déception !
Sortez de votre léthargie, de votre torpeur politique, ouvrez les yeux, les français vous jugent sur vos actes et non pas vos paroles qui ont perdu toute crédibilité, comme celle du reste de toute la classe politique.
Etes-vous seulement capable d’avoir un sursaut d’orgueil pour les deux années de mandat qui vous restent, et laisser derrière vous une trace digne d’un président de la République.
Nos compatriotes en ont assez d’entendre les sempiternels commentaires, réflexions et discours. Sentez-vous monter la colère dans nos villes et nos campagnes face à une telle inaction des pouvoirs publics ? Les signes de protestation sont multiples et récurrents, il faut être aveugle pour ne pas les voir et sourd pour ne pas les entendre !
Au lieu de cumuler les points-fidélité sur Air-France en effectuant plusieurs tours du monde aux frais du contribuable, regardez plutôt autour de vous. En traversant la rue du Faubourg-Saint-Honoré vous ne décrocherez peut-être pas un emploi, mais du moins entendrez-vous les rumeurs de la rue, les revendications de nos compatriotes.
La France et les français méritent d’avoir des dirigeants à la hauteur de leur histoire, qui est grande et admirable. Vous êtes de passage seulement, le peuple, lui, est là de toute éternité.
Jean-Yves Duval journaliste écrivain