L’idée de ce roman historique m’est venue en découvrant un simple entrefilet dans un magazine. Celui-ci nous apprenait qu’avant l’invasion de la France par l’Allemagne les services secrets français avaient envisagé très sérieusement d’assassiner le chancelier Hitler. Le projet ne se réalisa pas car le chef d’alors du 2ème Bureau, le colonel Rivière, se vit opposer un véto formel de Daladier le président du Conseil, au motif « qu’on ne tuait pas un chef d’Etat ». Or, par un retournement spectaculaire, dont l’histoire a le secret, le même Daladier reconnut à la fin de la guerre qu’il avait eu tort et qu’il aurait dû donner son accord à la demande de Rivière car cela aurait peut-être évité une deuxième guerre mondiale. L’histoire est souvent cruelle.

Je décidai d’exploiter cette brève information pour écrire une uchronie, « Adolf H », en imaginant ce qui aurait pu se passer si Rivière avait eu le feu vert pour assassiner le Führer à la faveur d’un voyage que celui-ci effectua en France, à Paris, en juin 1940. Il n’est pas évident à un citoyen lambda de se mettre à la place d’un patron d’un service de renseignements, c’est cependant le pari qui fut le mien en espérant que mon imagination comblerait les lacunes inévitables.

Le risque était au demeurant limité car cette période de la seconde guerre mondiale est sans doute celle que je maîtrise le mieux de toute l’histoire de France et j’ai lu au cours de mon adolescence de nombreux ouvrages sur le sujet. Je connaissais aussi un ancien chef du service action et directeur du SDECE, prédécesseur de la DGSE, le général de Marolles ainsi que quelques autres personnes appartenant « aux servies ». Je me jetai donc à l’eau.

Comme pour tout roman de ce genre je mêlais à l’intrigue des personnages réels et des personnages fictifs, des scènes d’amour et d’action, des trahisons, etc., tous les ingrédients indispensables pour un bon thriller. Un jour, peut-être, des historiens auront accès au dossier « Despérados » du 2ème Bureau, toujours classé secret défense, et peut-être découvrira-t-on alors qu’avec « Adolf H » je n’étais pas si loin que cela de la réalité.