Et Lamartine d’ajouter : « et vous, heures propices suspendez votre cours ! Laissez-nous savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours »
Malheureusement, la politique n’a rien de romantique comme en témoigne la situation actuelle. On s’est moqué de la Belgique, de l’Espagne, de la Grèce, de l’Italie parce qu’ils n’arrivaient pas à composer de gouvernement et s’enfonçaient chaque jour davantage dans d’interminables crises politiques. Comme toujours, on a donné des leçons à tout le monde, forts de notre arrogance et de notre suffisance. Et puis, patatras !
En l’espace d’un an et demi, et plusieurs changements de gouvernements, il a fallu attendre le bon vouloir du prince, huit, quinze jours, pour connaître le nom du nouveau Premier ministre. Cette fois-ci, on l’a eu en 24 heures, sauf que treize jours après sa nomination on attend toujours la composition de l’équipe ministérielle .. 13 jours durant lesquels les ministres démissionnaires expédient les affaires courantes.
C’est quoi, au juste, les « affaires courantes » ? Les affaires secondaires, sans importance, qui d’ordinaire se retrouvent au bas de la pile des dossiers qui s’entassent sur leur bureau, et qui soudainement remontent à la surface, tandis que les affaires sérieuses, vitales, prioritaires se retrouvent, elles, en attente dans une corbeille ? L’ancien Garde des sceaux, Éric Dupond-Moretti, sur les affaires courantes a eu ces mots terribles : « Cela revient à ne rien faire du tout, pas de nominations, pas de signatures de décret, pas de prise de parole, rien … » Ubuesque !
Du fait des enjeux économiques, stratégiques mondiaux auxquels nous sommes confrontés, (économie, diplomatie, etc.) la France peut-elle vraiment se permettre le luxe de laisser en souffrance des sujets fondamentaux qui conditionnent notre avenir, et alors que la guerre est à nos portes en Europe ? Cette situation baroque n’est pas sans nous rappeler les « délices » de la IVe République, à l’image d’un Henri Queille qui avait pris trois semaines pour nommer ses ministres … avant de démissionner un mois plus tard.
Accessoirement, cela pose une autre question, lorsqu’on voit la situation actuelle on peut légitimement se demander à quoi servent les ministres si en leur absence les feux tricolores continuent de fonctionner dans le pays et que les français ont toujours de l’électricité ? L’effacement dans notre vie quotidienne de la CGT, de la CFDT et de Sud serait davantage ressenti que celui des membres du gouvernement, n’est-ce pas Sophie Binet. Son petit chapeau vert, style Robin de bois, nous manquerait davantage que le Loden bleu marine de Sébastien Lecornu.
Et si la solution au déficit de nos comptes publics et l’établissement du budget se trouvait dans la suppression d’une trentaine de ministres, dont la vacance actuelle illustre, à leur corps défendant, l’inutilité ? La démonstration est faite qu’un pays fonctionne d’abord par son administration et grâce à ses services publics, les ministres n’apportant de leur côté que la note politique, gauche, droite, avec une coloration rouge ou rosée, conformément au desiderata de l’opinion publique. Je plaisante, quoi que … Comme toute caricature qui accentue le trait sans trahir le portrait, cette idée n’est pas aussi iconoclaste qu’il y paraît de prime abord.
Réduire leur nombre de moitié constituerait un geste symbolique important, une avancée institutionnelle spectaculaire, et une économie substantielle dans un pays endetté jusqu’au cou