L’écriture m’a toujours protégé du monde réel, de ce qui aurait pu m’abattre, immunisé contre la solitude, préservé de l’ambiance parfois délétère d’un monde chaotique, elle m’a permis de m’évader de la société de consommation et de ses miroirs aux alouettes. L’écriture m’a invité à faire des recherches, à me documenter, réfléchir longuement avant de donner vie à un récit. Ecrire un manuscrit est en effet une aventure dont on connaît le début et ignore plus souvent la fin. C’est un travail patient, comme celui d’un artisan, à la différence que l’orfèvre ciselle l’or, alors que l’écrivain ciselle les mots.
Se glisser dans la peau d’un personnage est très inspirant car pendant ce temps la tête tourne à plein régime et permet d’oublier les tracas du quotidien. Écrire, c’est laisser libre cours à son inspiration, créer un monde imaginaire, seul devant son ordinateur ou avec un stylo et une feuille blanche. C’est la capacité de pouvoir revêtir plusieurs peaux, d’endosser différentes personnalités, de vivre, comme les chats, plusieurs vies en une et, comme eux, de toujours retomber sur ses pattes. Écrire, n’est maîtriser le temps, c’est accomplir ses rêves et assumer le fantasme d’une jeunesse éternelle. Voyez comme certains enfants sont déjà vieux tandis que de nombreux adultes demeurent des enfants ou des adolescents. Chaque personne naît avec un âge mental différent, « on a l’âge de son traumatisme » a écrit quelqu’un.
Pour certains, le temps « s’ossifie » et pour d’autres il se « liquéfie » car il nous coule entre les doigts, tel le sable dans la main, qu’on ne peut retenir prisonnier. Ce n’est pas sans raison qu’on a choisi le sablier pour mesurer le temps qui fuit inexorablement, de même que les aiguilles de l’horloge égrènent les heures qui s’écoulent. La vie se dérobe ainsi petit à petit, et nous sommes impuissants à la retenir. Cette fuite en avant, terrifiante, constitue la plus grande peur des hommes depuis son apparition sur la Terre.
« Le livre, a été écrit par quelqu’un qui n’est plus là, mais qui nous parle encore. Il nous prouve ainsi qu’il y a une vie après la mort car il fait entendre une voix extraordinairement vivante ». (Emmanuel Godo, professeur de lettres au lycée Henri IV, Paris). L’écrivain jouit du privilège rare de se survivre à lui-même, ce qui est le plus grand luxe que peut offrir l’existence.
Ecrire, c’est chercher le mode d’emploi de soi-même toute sa vie.
Écrire, c’est s’accomplir, c’est vivre libre !
Je vous souhaite à toutes et à tous un très joyeux Noël et une bonne fin d’année 2025 parmi ceux et celles que vous aimez.
Jean-Yves Duval, journaliste écrivain