L’année 2025 se termine que Giorgia Meloni, la présidente du conseil des ministres italien nous prévient déjà : « Il faut s’attendre à une année 2026 pire encore« . Et cependant depuis quelques temps les années se suivent et se ressemblent, toutes plus désastreuses les unes que les autres : Covid, dérèglements climatiques, guerres partout dans le monde, épidémies animales, catastrophes humanitaires, etc. Le pire resterait donc à venir ? Sans doute, à en croire certains oracles qui prédisent que l’été 2025 aura été le « dernier été de paix » en Europe. Allons, nous nous efforcerons de survivre néanmoins à 2026 comme nous l’avons fait jusque-là, l’avenir seul nous dira si nous avons eu tort ou raison de croire en notre bonne étoile.
La mort de Brigitte Bardot. La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre ! Une icône nationale nous a quitté, un morceau de notre patrimoine « made in France » Il y avait la chanteuse à cheval sur sa Harley Davidson et l’actrice de cinéma talentueuse, pleine de charme dont le regard aurait fait fondre tous les glaciers de la planète, son sourire mutin et sa voix chaude et envoûtante. Une belle personne, à l’ironie malicieuse et la grâce féline. BB était la féminité incarnée. « Et Dieu créa la femme« , oui, il a créé Brigitte Bardot ! Brigitte, rendue célèbre par toutes les mairies de France, fières d’exposer son buste de Marianne dans la salle du conseil municipal. Brigitte, dont, un jour ou l’autre, au cours de notre adolescence nous sommes tous tombés amoureux car elle incarnait l’intemporel du désir. Mais au-delà de tout cela, nous n’oublierons jamais que Brigitte Bardot fut une ardente avocate de la cause animale, luttant becs et ongles contre l’extermination des bébés phoques sur la banquise, défendant l’implantation du loup dans nos montagnes, s’opposant farouchement à la chasse à courre, et créant une fondation pour protéger des animaux abandonnés, martyrisés. Elle a dit un jour » Je me fous qu’on se souvienne de moi, mais ce que je voudrais c’est qu’on se souvienne du respect qu’on doit aux animaux« . Ajoutant un peu plus tard : » Les animaux ont une pureté que l’homme à définitivement perdue« . Que n’a-t-elle raison ! Brigitte, c’était aussi cette femme indépendante, libre de parole. Elle qui avait osé dire : « J’ai été élevée au temps où la France était surnommée ‘fille ainée de l’église’, je refuse, quoi qu’il en coûte, qu’elle devienne la première « mouquère » de l’Islam ». Elle avait un franc-parler que beaucoup lui envie, comme cette interdiction faite à Macron d’assister à ses obsèques. Elle n’avait d’ailleurs pas de mots assez durs à l’encontre du locataire de l’Elysée, alors qu’en d’autres temps, De Gaulle avait déclaré lors d’une de ses conférences de presse à l’Elysée : « La France, c’est moi et Brigitte Bardot ». Il est vrai que lui était un monstre de la politique et elle du cinéma, alors que l’actuel chef de l’Etat n’est ni l’un, ni l’autre mais un piètre comédien. Le fondateur de la Vème République avait ressuscité l’âme de la France, tandis que Macron l’a tuée, ite missa est, la messe est dite. Que Brigitte Bardot repose en paix !
Et si l’on ressuscitait le carnaval italien du XVIIIème siècle ? A l’époque où le jeune poète Goethe déambulait dans la Via del Corso à Rome cette fête mettait le monde à l’envers car quiconque pouvait faire le fou sans se soucier des sexes, des classes sociales et des castes, alors que des centaines de polichinelles, sortis de nulle part, élisaient un roi, le couronnait, lui mettait un sceptre à la main et l’emmenait sur un char décoré en haut du Corso. La singularité du Carnaval est qu’il n’était pas offert par les autorités romaines, mais comme disait Goethe « c’est une fête que le peuple s’offre à lui-même », une fête qui donnait l’occasion pour les romains de renverser, de manière symbolique et pour un temps limité, toutes les hiérarchies entre le pouvoir et les dominés, entre le noble et le trivial, le raffiné et le grossier, le sacré et le profane. L’élection du roi, substitut temporaire de l’autorité en place, était le point culminant du carnaval. Le danger était grand cependant que la fête se transforme en révolte et que le peuple destitue les puissants. Elle a donc été abolie à Rome, et ailleurs, au lendemain de la Révolution française, par peur que puisse se produire une contagion. En France, ce sont les Jacobins qui ont supprimé le Carnaval « C’est une fête pour les peuples d’esclaves » dira Marat. La Révolution avait réalisé, aux yeux de ses promoteurs, pour de vrai, et une fois pour toutes, le renversement, et il était donc inutile de continuer à se déguiser. Imaginons un instant que de nos jours, le 31 décembre, renaisse le Carnaval et avec lui son esprit subversif, ce serait autrement plus dangereux pour le pouvoir, n’est-il pas vrai, que les quelques manifestants éméchés qui déambulent sur les Champs-Elysées le soir de la Saint-Sylvestre.
Les vœux du 31 décembre. Comme chaque année, nous serons des millions à sacrifier au rituel des vœux, certains allant même jusqu’à envoyer des textos à minuit, d’autres attendant plus sagement d’avoir cuvé le champagne de la veille. J’y participerai moi aussi, en sachant par avance que les souhaits de « bonne année, bonne santé » sont comme des vœux pieux, rarement exaucés. Cela n’empêche pas qu’année après année, on veut y croire alors qu’ils n’empêcheront pas nos proches de souffrir, les gens d’être malades, voire de mourir, des commerçants et chefs d’entreprise de faire faillite, les catastrophes naturelles et les conflits armés, et nous-mêmes de trébucher. Il faut y voir là une sorte d’exorcisme collectif contre le malheur et un antidote contre nos peurs. Une chose est certaine, à 20 heures le 31 décembre, je boycotterai les vœux d’Emmanuel Macron à la télévision. Je n’ai déjà que trop entendu, au cours des huit années précédentes, ses fadaises et ses fariboles. Trop, c’est trop ! Trop de parlottes en l’air, trop de promesses non tenues, trop de toutes ces billevesées et autres coquecigrues, comme disait Rabelais dans Gargantua. Tout passe et tout lasse, alors extinction des feux, écran noir durant son allocution présidentielle, je suis devenu hermétique, réfractaire à sa propagande et son auto-suffisance.
Un constat édifiant. Je voudrais citer les propos du philosophe Michel Onfray rapportant les propos d’un médecin urologue d’un hôpital normand : « La semaine dernière, j’ai vu en consultation un patient originaire d’Europe de l’Est, ne parlant pas un mot de français, en situation irrégulière, bénéficiant de l’AME. Il est inscrit pour un projet de greffe rénale, ce qui signifie qu’il obtiendra une place sur la liste alors que le nombre de greffons est déjà très limité. Et ensuite, ce seront des traitement anti-rejet à 5 000 euros par mois. Il vient d’un pays hors Union européenne ». Comme disait Michel Rocard, la France ne peut pas soigner toute la misère du monde, en même temps que la misère française, elle ne peut pas « greffer des reins à des Tchétchènes, des cœurs à des Afghans, des poumons à des Papous, de la moëlle osseuse à des algériens » et négliger les Picards, les Savoyards, les Bretons ou les Antillais. Allons-nous accepter indéfiniment que la préférence internationale se fasse au détriment de la préférence nationale ? La générosité est cruelle, sauf, semble-t-il pour les belles âmes progressistes.
Un mot d’humour pour terminer en beauté, et avec un sourire, cette chronique hebdomadaire, la dernière de l’année. L’histoire est de Coluche, un de nos plus grands humoristes : « L’homme qui a eu le moins de chance dans sa vie, c’est Youri Gagarine, le cosmonaute russe, parti d’URSS il a fait dix-sept fois le tour de la Terre et est retombé en URSS »
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter en 2026 une année de bonheur, 52 semaines de succès et 365 jours d’une très bonne santé.
Jean-Yves Duval, journaliste écrivain