Il y a quelques jours à New-York, lors de l’assemblée générale de l’ONU une vingtaine de de pays africains a refusé de condamner l’invasion russe en Ukraine en préférant s’abstenir et l’un d’eux, le Mali, à même vote en faveur du Kremlin, aux côtés de la Chine, la Syrie et la Corée du nord, rejoignant ainsi le club très fermé des dictateurs et  franchissant du même coup le Rubicon.

Venant de la part de la junte militaire malienne, arrivée au pouvoir à la suite d’un putsch, cela n’a rien de très surprenant. Les mercenaires de Wagner sont présents dans le pays depuis plusieurs mois, pas tant pour bouter les terroristes jusque «  dans les chiottes », comme aimait à dire Vladimir Poutine, mais pour protéger le régime en place, comme ils l’ont fait en Centrafrique. La Russie fournit par ailleurs plusieurs avions de chasse et hélicoptères de combat au colonel Goita. On comprend que celui-ci ait eu la reconnaissance du ventre aux Nations-Unie, oubliant que les troupes de choc de Prigogine, les spadassins du Kremlin recrutés pour les basses-œuvres du régime totalitaire russe, outre leurs exactions criminelles  sont des prédateurs qui se paient sur la bête.  Cela a été le cas, hier, des terres riches en minerais centrafricaines et aujourd’hui des mines d’or maliennes. La France, qui a eu 59 militaires tués au Sahel en luttant contre les jihadistes a, elle, payé le prix du sang notre politique d’assistance sécuritaire en faveur de pays en danger. Sans elle, Bamako connaîtrait aujourd’hui un califat islamique, les maliens ont le mémoire courte.

Mais les autres pays du continent, ceux qui sont prompts à dénoncer, soixante ans après les indépendances, le colonialisme français, que font-ils de l’impérialisme russe en Ukraine ? Que font-ils de cette guerre de « blancs » en Europe, provoquée par celui qui se prétend leur nouve ami,  qui ruine leur économie, organise la pénurie alimentaire  et aggrave l’inflation qui mine le niveau de vie des africains ? Comment expliquer cet aveuglement ?

Comment les africains ne voient-ils pas que la guerre d’influence que les russes, les chinois et les turcs se livrent  sur le continent est une forme pernicieuse de neo-colonialisme dont ils seront demain les victimes expiatoires ?  Comment règleront-ils  les intérêts de leur dette colossale envers Pékin et comment  pourront-ils accepter longtemps, sans rechigner, le pillage de leurs ressources naturelles ?

A travers son récent voyage en Afrique centrale, au Gabon, au Congo-Brazzaville et en République démocratique du Congo, Emmanuel Macron a présenté la nouvelle stratégie africaine de la France. En substituant une logique d’investissement à une logique d’aide, sans pour autant cesser d’investir sur le plan social et culturel. La « Francafrique » est morte et bien morte, il est temps de passer à autre chose, une véritable coopération, un authentique partenariat «  gagnant-gagnant ».

Pour cela il est urgent que les africains cessent de regarder les États totalitaires avec les yeux de Chimène, qu’ils cessent de jouer les petits chaperons rouges face à l’ours russe et d’admirer leurs nouveaux amis tels le Veau d’or, ce symbole biblique de l’idolâtrie,  car ceux-ci ne leur veulent pas que du bien.

Jean-Yves Duval

Rédacteur en chef de l’édition française de Diasporavision