Pour avoir dénoncé ici-même le comportement violent et délictuel de certains jeunes de banlieue lors des récentes émeutes urbaines en France j’ai d’autant plus de plaisir à rapporter aujourd’hui l’exemple d’un garçon de douze ans, Wassim, qui habite Bondy nord, dans la région parisienne.

Tout a commencé lorsque celui-ci a décidé de se faire de l’argent de poche au cours des vacances en développant une activité « Wasko fruit » où il crée ses propres salades de fruits. Tous les matins le gamin arpente ainsi le marché de sa commune à la recherche de melons, d’ananas, de pastèques, de mangues, de  kiwis, etc. au meilleur prix. Et s’il a démarré en vendant des sirops désormais il fabrique de vrais plateaux de fruits à l’image des plateaux de fruits de mer du poissonnier. Après le marché Wassim rend ensuite visite à son fabricant de boissons pour s’approvisionner en sirops divers et variés : pommes vertes, melon, pêche, etc. certains clients lui ont même commandé du sirop de violette.

Mais là ne s’arrête pas l’aventure de l’adolescent qui révèle aussi à cette occasion un bel esprit humaniste en proposant ses produits à des petits prix pour les personnes précaires et en offrant à ses voisins les fruits invendus.

Ses emplettes terminées Wassim « squatte » une pièce de l’appartement familial aux fins de laboratoire de cuisine, enfile casquette, tablier et gants, après s’être lavé les mains consciencieusement afin, dit-il, de « respecter les règles d’hygiène ». Ses fournitures vestimentaires, siglées au nom de Wasko fruit, ont été confectionnées et lui ont été offertes par une habitante de la commune qui ayant vu son message sur Snapchat à été sensible à son initiative innovante et courageuse. Wassim les porte même lorsqu’il effectue des livraisons il est ainsi reconnaissable dans le quartier, tel le livreur de Pizza ou de Mc Do, trop fier d’avoir sa propre identité visuelle, « comme les grands ! » Son commerce marche si bien qu’il est rare que dans la cité il n’écoule pas son stock quotidien de fruits et de sirops « les gens aiment bien ce que je fais et m’encouragent ». Wassim peut aussi compter occasionnellement sur l’aide de ses tatas et il reconnaît que s’il a beaucoup appris de You Tube c’est surtout sa mère, qu’il aidait à faire des gâteaux et des frites, qui a éveillé en lui sa passion pour la cuisine.

Il faut le voir, sac réfrigéré au dos arpenter les rues de Bondy pour effectuer ses livraisons, tenant précautionneusement dans les bras un superbe plateau de fruits magnifiquement présenté dans un film plastique, comme les véritables « pros ». Il ne manque pas d’assurance et surtout de fierté. Les gens autour de lui avouent qu’il est « gentil, respectueux, courageux et sociable » autant de qualités qui font déjà de lui un excellent commerçant et de nombreux adultes espèrent que d’autres enfants des cités prendront exemple sur Wassim.

Récemment, le chef d’un restaurant réputé qui a eu vent de son histoire, lui a proposé un stage dans son établissement afin de se familiariser aux techniques culinaires. Le rêve pour le gamin des cités et qui sait si une vocation n’est pas née pour Wassim qui ambitionne d’exploiter dans l’avenir son propre restaurant.

Alors bien sûr, les esprits chagrins penseront qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, n’empêche, il existe dans nos cités, à l’image de Wassim, des pépinières de talents parmi les jeunes qui n’ont pas tous envie de devenir dealers et de vivre du commerce de la drogue.

Pour Wassim, l’été 2023 aura été un bel été, où il a bien mérité son argent de poche. Et plus que cela encore !