Imaginez que vous êtes un des employés de l’entreprise de fabrication de vitrage isolant TIV aux Treize-Septiers, en Vendée, et que votre patron vous convoque un jour à une réunion, ainsi que 150 de vos collègues. Vous angoissez un peu, vous demandant s’il ne va pas vous annoncer le dépôt de bilan de la société et par voie de conséquences votre inscription prochaine à Pôle emploi. Le sexagénaire a peut-être jeté l’éponge.
Et là, surprise, voici que Jean-Yves Glumineau, après dix-huit années à la tête de TIV annonce à la cantonade, premièrement qu’il a vendu l’entreprise et deuxièmement, qu’en guise de remerciements pour leurs bons et loyaux services, tous les salariés se partageront une prime exceptionnelle de … 2 millions 680 000 euros, représentant une partie du produit de cession de leur boîte.
Vous ne rêvez pas, l’histoire est réelle et elle s’est produite le 15 décembre 2021. Autant dire que tout le monde est resté scotché et bouche bée en entendant cette déclaration, suivie de cette précision : « En dix-huit ans notre entreprise a multiplié par cinq son chiffre d’affaires et le bénéfice ne m’incombe pas, à moi seul, les lauriers doivent être partagés par tous ». Prenant soin d’ajouter «ne le prenez pas pour de la générosité, mais comme de la reconnaissance, je sais ce que je vous dois ». La prime va être répartie sur trois ans entre tous les salariés, CDI, comme CDD,
En France il ne fait pas toujours bon être chef d’entreprise, Marx et Engels sont passés par là, encore moins de gagner de l’argent. En plus de nos deux célèbres barbus notre civilisation judéo-chrétienne a toujours considéré « le fric » comme suspect et l’a en mauvaise odeur de sainteté. Une vision très différente des anglo-saxons où les protestants ne reconnaissent pas les saints et ne condamnent pas l’argent, pour eux seul compte l’usage qu’on en fait. Quant à imaginer des patrons sociaux, alors là on nage en plein délire, surtout s’il s’agit d’une entreprise familiale, où l’accusation de paternalisme n’est jamais loin.
Et bien oui, il faut se faire une raison, des patrons humanistes ça existe n’en déplaise à l’extrême-gauche, et tant pis si cette réalité ébranle leur idéologie et surtout leur fonds de commerce. Elle devrait plutôt se réjouir qu’il existe des salariés heureux. Alors, comme les Charlots, chantons gaiement : Merci patron, merci patron …