Quiconque a vu le reportage de Complément d’enquête, « La chute de l’ogre » diffusé récemment sur France 2, à partir des rushs du film réalisé par Yann Moix lors du voyage effectué en Corée du nord par l’acteur français, ne peut être que révulsé, scandalisé, écœuré, par les propos à vomir, immondes, salaces et répugnants tenus par l’interprète d’Obélix.

Depuis, la polémique ne cesse d’enfler, et après que le Québec ait déchu Depardieu de l’Ordre national du Québec, faut-il aujourd’hui lui retirer la Légion d’honneur ? La question ne se pose même pas, à l’évidence oui !

Cette plus haute distinction nationale a été créée, rappelons-le, le 19 mai 1802 par Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, pour « récompenser les mérites éminents des citoyens et les désigner comme modèles de civisme français ». Si tant est que cette définition se soit appliquée un jour à Depardieu, elle ne l’est plus au lendemain des propos à caractère pédophiles tenus lors de ce déplacement dans la plus infâme des dictatures. A se demander d’ailleurs comment il a pu accepter d’aller se vautrer dans des palaces d’un pays où régulièrement la population crève de faim. Mais cela est une autre histoire, celle de la complaisance de certaines personnalités vis-à-vis des pires crapules de la planète et cette circonstance, loin d’être atténuante, ne plaide pas en faveur de l’acteur.

Initialement cette distinction était attribuée aux militaires les plus valeureux, dont certains avaient accepté de sacrifier leur vie au service de la nation, 75% des effectifs jusqu’au Second Empire, avant d’être remise plus largement aux civils (politiciens, artistes, sportifs, artisans, journalistes, etc.) pour aller jusqu’à compter 320 000 membres en 1962. C’est pour mettre fin à cette inflation, cette pléthore de légionnaires, que le Général de Gaulle décida de ramener ce nombre à 125 000.

Après qu’on ait retiré la Légion d’honneur au couple Balkany, pour « fraude fiscale d’une ampleur exceptionnelle et à Lance Amstrong pour dopage sur le Tour de France, on comprendrait mal que Depardieu n’en soit pas déchu alors qu’il est visé par deux plaintes, pour agression sexuelle et pour viol, et suite aux propos obscènes tenus publiquement et face à une caméra. Et si concernant les Balkany, Amstrong et Cie le motif invoqué était un « comportement contraire à l’honneur », il devrait en être de même pour cet acteur qui a embrassé la double nationalité franco-russe et qui au-delà de frayer avec Kim Jong-un, se flatte d’une amitié de vingt ans, aussi douteuse que dangereuse avec Vladimir Poutine, le maître du Kremlin.

Dans les années quatre-vingt, le cinéaste Pierre Schoendoerffer réalisa un superbe film : « L’honneur d’un capitaine » avec Jacques Perrin. Gérard Depardieu vient quant à lui d’être la vedette de son plus mauvais scénario : « L’honneur perdu d’un acteur ».