On le reconnaît entre mille à sa longue barbe blanche et sa lourde silhouette enveloppée dans une houppelande rouge. Et pour ceux qui en douteraient encore il suffit de regarder son véhicule, un magnifique traîneau tiré par deux rênes, ce qui, à proprement parler, n’est pas un modèle ordinaire.
Je le confesse, j’ai cru à ce personnage légendaire jusqu’à mes sept ans, que l’on dit être l’âge de raison, et je n’en ai pas honte. Je revendique même quelques décennies plus tard d’avoir gardé une âme d’enfant qui me protège, telle une carapace rassurante, des multiples agressions et tracasseries de la vie quotidienne.
Je ne regrette qu’une chose, qu’on assimile Saint-Nicolas à Coca-Cola, ce qui tend à démystifier le vieux bonhomme rouge qui pénètre nuitamment chez les gens par la cheminée afin de déposer leurs cadeaux aux enfants sages. Je regrette aussi ce récent sondage qui contribue à écorner cette croyance en affirmant que le niveau social, les diplômes ou encore les revenus exerceraient une influence sur l’âge auquel on cesserait de croire au Père Noël.
Que font les sondeurs d’opinion de la magie de Noël ? N’existent-ils que pour nous faire perdre nos illusions et abandonner nos rêves ?
Là, où ils décrochent le pompon, c’est lorsqu’ils nous apprennent que les personnes « de gauche » cesseraient d’y croire plus tôt que les autres. Faut-il y voir là une trace quelconque de l’héritage marxiste ? Et pourtant les électeurs de Jean-Luc Mélenchon n’ont-ils pas cru au Père Noël en pronostiquant l’arrivée de leur poulain à l’Elysée l’année dernière ? Les mêmes sondeurs nous indiquent que les gens de droite croiraient volontiers, et plus longtemps, au Père Noël. Est-ce parce qu’ils sont des défenseurs des valeurs de la famille et de la tradition ? Valérie Pécresse, c’est vrai, voyait, elle aussi, son nom en haut de l’affiche en 2022. Leur déception, à l’un et à l’autre, n’en a été que plus rude !
Voilà ce que c’est que d’être plus naïf que la moyenne. Et ce n’est pas la faute du Père Noël, car quoi qu’en disent les acteurs du Splendid, Gérard Jugnot le premier, le Père Noël n’est pas une ordure.