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Le prix de la mort et le poids de l’âme

Lorsque j’ai appris la tragédie du car en Eure-et-Loir qui a coûté la vie à une adolescente de 15 ans, j’ai été horrifié comme tout le monde. Puis à l’émotion a succédé un sentiment d’indignation lorsque on a découvert que le chauffeur, au moment de l’accident, avait consommé du cannabis ce qui expliquait sa mise en examen pour « homicide involontaire aggravé ». Enfin j’ai été révolté de voir que pour cette infraction le « chauffard » encourait seulement une peine maximale de sept ans de prison. Autant dire qu’il sera, le moment venu, peut-être condamné à cinq ans et qu’avec une réduction de peine (pour bonne conduite ?) il sera libre 2 ans, 3 ans plus tard. Je me suis alors souvenu de mes cours de droit pénal et de la distinction à faire entre les différents motifs d’incrimination que nous avait apprise le professeur Naud, qui en parallèle exerçait les fonctions de juge d’instruction au TGI du Mans.

Nous devions, disait-il faire le distinguo entre un « homicide involontaire », « par imprudence », un « meurtre » et un « assassinat » qui est un meurtre par préméditation, car l’importance du délit ou du crime n’est pas la même dans les différents cas, et par voie de conséquences influe sur la durée de la peine pour l’auteur des faits incriminés. Tout cela est très compréhensible. De même que les juges doivent évaluer le préjudice subi par la victime, car dans le droit français au-delà de la notion de culpabilité s’ajoute celle de responsabilité le condamné devant indemniser sa victime à raison du préjudice matériel, physique ou moral qu’elle a subi. Jusque-là, rien à dire, on a bien compris qu’il est indispensable aux magistrats de disposer d’une échelle des peines, correctionnelles et criminelles, ainsi qu’un barème d’indemnisation pour fixer les dédommagements en faveur des tiers lésés.  Je me pose cependant la question de savoir comment on peut qualifier un  homicide « d’involontaire » lorsque le coupable a « volontairement » consommé du cannabis avant de prendre le volant ?

Ainsi pour un homicide par imprudence avec circonstance aggravante le tarif est de 7 ans, (et 100 000 euros d’amende) alors que le meurtre au premier degré (qui est contrairement au cas précédent une volonté de donner la mort à autrui) est puni de 30 ans de réclusion criminelle et que le meurtre « aggravé » est puni d’une peine de réclusion criminelle à perpétuité.  Reste l’assassinat, qui est le meurtre au 2ème degré (car prémédité) pour lequel la peine est également la réclusion criminelle à perpétuité, assortie le cas échéant de peines de sureté qui empêchent le condamné de bénéficier d’une libération anticipée. Il faut savoir qu’en règle générale tout condamné qui a effectué la moitié de sa peine peut demander une libération conditionnelle, ce dont l’immense majorité d’entre eux ne se prive pas, avant éventuellement de récidiver. C’est d’ailleurs pour éviter ce genre de situation que la législation américaine cumule les peines en fonction des motifs d’inculpation ce qui conduit les tribunaux à prononcer des sentences très lourdes correspondant à un enfermement à vie. Les criminels meurent dans leur cellule, sans espoir de recouvrer la liberté un jour. Un californien de 41 ans, reconnu coupable de 186 chefs d’accusation d’agressions sexuelles à l’encontre de sa fille, a ainsi été condamné à 1 503 ans de prison, mais le record est détenu par Charles Scott Robinson, en 1994, qui a été condamné à 30 000 ans de prison  pour viols, à raison de 5 000 ans de prison pour chacune de ses six victimes. Nous n’avons pas fait ce choix, on peut le regretter, car les Etats-Unis sont aussi un Etat de droit.

Ma question est donc la suivante, quel est le prix de la mort dans notre société ? 7 ans, trente ans, perpétuité ? Si pour un condamné cela change tout, cela devrait être aussi la même chose pour la victime, le prix d’une mort « accidentelle » étant le même que pour la victime d’un meurtre ou d’un assassinat, au nom du principe qu’une mort en vaut une autre car seule la volonté (intentionnelle ou non) de l’auteur diffère, ainsi que le moyen employé (accident de car, coup de couteau, strangulation, noyade ou tir d’arme à feu). Ainsi dans le cas de la jeune fille de 15 ans le prix de sa mort est estimé à seulement 7 ans parce que son « meurtrier » n’est en réalité coupable que d’un homicide involontaire. Certains penseront que ce n’est pas cher payé pour avoir ôté la vie à une adolescente de façon prématurée. Tout est une question de sémantique, mais allez expliquer cela à la famille et aux amis de la jeune lycéenne qui ne demandait qu’à vivre. Allez leur dire que le prix de la douleur et de la séparation d’un enfant, d’un adolescent, n’est pas le même, qu’il soit victime d’un assassin ou d’un meurtrier de la route.

Par une étrange association d’idées l’idée de la mort m’a amené à penser à l’existence de l’âme qui est un sujet aussi vieux que le monde, en particulier depuis Platon. Pour beaucoup l’âme humaine serait le siège de l’activité psychique et des états de consciences intellectuelles, morales, affectives d’un individu, son moi profond, pour les religieux ce serait davantage un principe spirituel, immanent ou transcendant. Dans la bible on peut lire qu’elle est « un principe de vie, immatériel et de pensée de l’homme ». En anatomie, on la situerait au niveau du cerveau, et non du cœur, et un certain nombre de personnes s’est demandé combien elle pouvait peser. Cela a été le cas notamment d’un médecin américain du Massachusetts, le docteur Duncan Mac Dougall qui eut l’idée, entre 1901 et 1907, de peser à l’aide de balances précises à deux dixièmes d’onces, plusieurs patients décédés, à l’heure de leur mort et de les  peser à nouveau quelques minutes plus tard. Il observa alors très curieusement qu’à chaque fois les personnes avaient perdu 21 grammes et il en déduisit fort logiquement (à défaut de conclusion scientifique) qu’il s’agissait du poids de l’âme qui s’était envolée et avait quitté son enveloppe charnelle. J’ajoute que le docteur Mac Dougall a répété le même protocole sur quinze chiens – supposés ne pas être dotés d’âme – et qu’il ne constata aucune perte de poids.

Je laisse à votre sagacité du week-end ces deux sujets de réflexion, sans liens apparents, si ce n’est celui de la mort et du prix auquel on l’estime dans nos sociétés modernes. Quant à Johana, la jeune adolescente de 15 ans, scolarisée au lycée Emile Zola de Châteaudun, je lui souhaite de reposer en paix en espérant que justice sera faite car elle avait toute l’existence devant elle et il a fallu qu’un individu inconscient et irresponsable lui vole son innocence et brise ses rêves.

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

PS : la différence entre un homme et un barbare c’est que le premier respecte ses adversaires et ses ennemis à l’heure de la mort. La profanation de la tombe de Jean-Marie Le Pen, quoi qu’on pense de lui, est un acte profondément ignoble et fait de ses auteurs des charognards. Quand on ne respecte pas la mort, on ne se respecte pas soi-même !

Guy Gilbert, curé iconoclaste parmi les loubards

Il y a quelques jours je suis tombé sur un très beau texte de Guy Gilbert, celui qu’on surnomme « le curé des loubards », qui m’a replongé plus de trente ans en arrière. A l’époque, j’étais rédacteur en chef de West Fm, une radio partenaire du journal Ouest-France, et j’avais eu l’occasion de l’inviter, à deux reprises, dans mon émission du dimanche midi « Garçon, et un Duval ! » avant que nous ne déjeunions ensemble. Cela avait été, grâce à son franc-parler, son vécu exceptionnel, son charisme, sa faconde, un grand moment de radio dont je n’ai rien oublié.

Avec sa grande tignasse couleur poivre et sel, son regard quasi mystique, et son allure de rocker avec ses santiags et son perfecto, on est en le voyant à mille lieues de l’image d’un prêtre, et pourtant il l’est jusqu’au bout des ongles. Ses ouailles ne se comptent pas  parmi les bourgeoises endimanchées du 16ème arrondissement et sa paroisse n’est pas davantage l’église Saint-Philippe du Roule, son public à lui se recrute plutôt dans les banlieues, parmi les zonards, dealers et autres petits braqueurs. Avec eux, parmi eux, il est en terre de mission, missionnaire urbain du 20ème siècle de nos cités HLM et barres d’immeubles aux façades sinistres peuplant les territoires perdus de la République. L’habit ne fait pas le moine, dit-on, et bien justement si, au contraire, le sien « colle » à la réalité du terrain, précisément, il vit, parle, s’habille comme tous ces déshérités, et pour certains damnés de la Terre. Et il les aime tellement qu’il a consacré, voici un demi-siècle, ses droits d’auteurs à l’achat d’une bergerie en Haute-Provence, perchée à 850 m d’altitude, à l’entrée des gorges du Verdon, où il accueille des jeunes en difficulté. Des jeunes, virés de tous les foyers et qui, grâce aux animaux de la bergerie, retrouvent goût à la vie, au travail et confiance en eux. Le curé des loubards est avant tout un berger qui durant toute sa vie, il a aujourd’hui 86 ans, a su guider son troupeau, le protéger, récupérant les égarés afin de les réinsérer dans la société. J’ignore si un jour, une fois mort, Saint-Pierre de Rome en fera un saint, pour moi, Guy Gilbert l’est de son vivant.

Je garde de ces deux émissions, de soixante minutes de direct, diffusées à l’heure de la messe, face à face dans le studio, lui, l’homme de foi et moi l’homme de « peu » de foi, un souvenir impérissable en raison de son intensité, de la liberté de ton et de langage de mon interlocuteur qui d’emblée me tutoyait et me balançait du « mon frère » à chaque instant. Pas de quoi m’offusquer de cette familiarité, bien au contraire, l’entretien n’en était que plus intimiste, sincère, spontané, dénué de tout préjugé social ou religieux. En l’écoutant parler chaleureusement des « sans grades », des « cabossés de la vie », des « oubliés de la société », j’avais l’impression d’entendre davantage un orateur du parti communiste qu’un ancien séminariste. En l’entendant crier sa révolte et pousser des « coups de gueule » dans un langage d’ordinaire réservé aux charretiers je me disais que ses sermons en chaire devaient valoir leur pesant de cacahuètes. A la fin du direct, lorsqu’on m’annonça le taux d’audience record de l’émission je ne fus pas surpris d’apprendre que celle-ci avait fait un tabac, le « client » était exceptionnel.

S’occuper des repris de justice est l’histoire de toute la vie de Guy Gilbert qui sait parler comme eux et a su s’adapter à leurs codes. Ils les visite en prison, les écoute en confession, célèbre la messe pour eux, et les accueille dans sa bergerie pour les mettre sur le chemin de la rédemption, humblement, sans prétention. Quel autre homme d’église fait cela ? Je n’en connais pas ! Alors certes, il détonne parmi les soutanes dans ce clergé romain compassé, plus enclin à admirer les dorures du Vatican et la couleur pourpre des évêques qu’à porter la bonne parole et adopter les vœux de pauvreté et de charité des premiers serviteurs du Christ.

Une anecdote m’est revenue à l’occasion de notre rencontre lorsque je lui avais proposé d’aller rendre visite à l’évêque du diocèse du Mans, au sortir de l’émission. L’évêché se situe en face de la cathédrale, dans la cité Plantagenêt, et j’avais pris soin d’avertir la religieuse au service du prélat. A notre arrivée celle-ci nous apprit que son « Monseigneur » avait dû s’absenter et nous priait de l’excuser, ce qui amena un sourire amusé sur les lèvres de Guy Gilbert. Le curé des loubards n’était pas dupe de cette excuse « diplomatique », à l’évidence sa réputation l’avait précédé, les deux hommes ne fréquentaient pas les mêmes transepts de l’église. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait embrasser l’anneau d’améthyste du dignitaire de l’église. Je revois encore la tête de cette brave « sœur » en découvrant à la porte du superbe hôtel particulier  construit au XVIème siècle, un individu à la mine hirsute qu’elle devait imaginer plutôt comme un « casseur » préparant un mauvais coup, qu’un pasteur de Rome.

Elle nous fit entrer et je vis le regard ébahi de Guy Gilbert en découvrant les splendeurs, mobiliers et tableaux, du palais épiscopal. Et dans le même temps celui de la religieuse, dans lequel je devinais une certaine inquiétude, ce qui n’échappa pas à la sagacité du curé des loubards qui lui lança, amusé, « Rassure toi, ma fille, je ne vais pas repartir avec  l’argenterie ! » Je dois dire que celle-ci ne fut véritablement soulagée qu’après nous avoir raccompagnés à la sortie, nous assurant que  « l’évêque regretterait de nous avoir manqués ». Ce jour-là, j’eus vraiment le sentiment que deux mondes, qui se réclamaient du même Dieu et des mêmes évangiles, s’étaient croisés sans vraiment se rencontrer. C’était comme deux univers parallèles, et la sensation était étrange au point de ressentir un sentiment de malaise. Sur le chemin, vers la gare SNCF, Guy Gilbert prit avec humour cette réaction de « méfiance », à ses yeux naturelle et instinctive, habitué qu’il était à ce parfum de mystère, voire de suspicion, cette réputation douteuse liée à ses fréquentations des milieux interlopes qu’il traînait dans son sillage.

Cette religieuse, et d’autres avec elle, ignorait seulement que le curé des loubards était entré dans la légende des prêcheurs chrétiens iconoclastes, depuis longtemps déjà. Ces mêmes prêcheurs qui, après avoir marqué le temps de leur empreinte,  se retrouveront peut-être, à la fin des temps, assis à la droite du Seigneur.

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

P. S : Voici le très beau texte de Guy Gilbert, à l’origine de cette chronique hebdomadaire :

« Notre monde est fou. Tout va trop vite. Pas seulement les transports ou les nouvelles technologies. On ne mange même plus, on bouffe dans les « fast food ». On ne parle plus, on jacasse sans arrêt. Une information-marchandise chasse la précédente. On ne regarde plus, on zappe, on ne vit pas, on survit. Il est urgent de prendre le temps de la lenteur. Refuse la précipitation, garde du temps pour toi. Tu apprendras que le monde est magnifique si tu sais le contempler; que la nature apporte de la joie si on la respecte et qu’on collabore avec elle; que les humains sont passionnants, qu’ils méritent notre attention, au sein de la famille, au travail, dans le cercle de nos amis … Et tu apprendras aussi à t’écouter, à te valoriser, à t’aimer. Alors, aie de la bienveillance pour toi-même, et goûte à la beauté du monde ». 

Le monde s’agite et la France convulse !

En cette deuxième quinzaine de janvier deux faits marquants dominent l’actualité internationale du moment. Le premier est la trêve signée entre le gouvernement israélien et le Hamas, avec en corollaire le retour de 33 otages juifs, dont plusieurs Franco israéliens, en échange de 737 palestiniens, dont une multitude d’assassins du pogrom d’octobre 2023, détenus dans les geôles de l’Etat Hébreu, après quinze mois de guerre dans la bande de Gaza et des dizaines de milliers de morts. Plus tard il faudra panser les plaies et reconstruire un pays dévasté, où ne subsiste qu’un champ de ruines. En attendant ce moment, réjouissons nous de la libération des otages emprisonnés à Gaza, qui ont vécu l’enfer de la détention dans des tunnels durant près d’un an et demi, et le retour chez elle de la population gazaouie qui a vécu durant le même temps sous les bombardements, deux peuples martyrisés dont la réconciliation est désormais mission impossible.

Le deuxième événement est bien sûr le retour, ce lundi 20 janvier, à la Maison Blanche de Donald Trump, ressuscité des morts, le come back victorieux de celui que ses détracteurs politiques voient comme un looser alors que ses partisans le présentent comme un winner. « Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà » nous rappelle Pascal.

Au demeurant, les deux événements sont étrangement liés.

En effet, si un cessez-le-feu a pu être signé entre les belligérants au Proche-Orient c’est bien parce qu’après tous les atermoiements de l’administration Biden ces derniers mois Trump « la menace » s’est invité dans la danse au cours des semaines passées en poussant un coup de gueule comme il en a l’habitude, aussi bien auprès de Benyamin Netanyahou, l’allié des Etats-Unis, qu’envers les dirigeants du mouvement terroriste, déjà largement affaibli depuis le 7 octobre 2023.

A ce sujet, une image en dit plus qu’un long discours, il s’agit de la photo officielle du nouveau commandant en chef américain, dont la stratégie est d’attaquer et de mentir, où on le voit le regard dur, la mâchoire serrée avec un éclairage en contre plongée qui n’est pas sans rappeler l’affiche d’un film d’horreur.  Il indique clairement au monde entier et à ses compatriotes que « fini de rire », le boss est revenu et entend bien remettre de l’ordre dans la politique intérieure des Etats-Unis ainsi que dans les dossiers internationaux de la première puissance mondiale.  Chacun n’a qu’à bien se tenir, russes, européens, chinois compris, l’avertissement est clair !

Et déjà, aux States, certains se frottent les mains, en l’occurrence les émeutiers, y compris le célèbre chamane avec ses cornes de bison,  qui ont pris d’assaut le Capitole, ce temple de la démocratie américaine, dès l’annonce de sa défaite voici quatre ans. Le bel encouragement à l’insurrection que voilà ! Pour le reste, le clivage n’a jamais été aussi grand entre démocrates et républicains et les mois qui vont venir vont illustrer le fossé béant qui existe aujourd’hui entre ces deux camps au sein d’une Amérique, qui n’a jamais été aussi divisée et proche de la guerre civile. Le phare de la démocratie ne brille plus outre-Atlantique et la statue de la Liberté (offerte par la France pour le centenaire de l’indépendance des Etats-Unis et inaugurée en 1886), à l’entrée du port de New York, vacille sur son socle.

Le retour au bureau ovale du géant transgressif, à la mèche  blonde et la cravate rouge, personnage iconique qu’on dirait tout droit sorti des super-héros de comics,  permettra-t-il l’arrêt des combats en Ukraine et la signature d’un traité de paix avec la Russie ? Rien n’est moins sûr, il est trop tôt pour le dire, mais nul doute que les lignes vont bouger dans cette région du monde, avant qu’un éventuel nouveau conflit n’éclate, cette fois dans le Pacifique, tant il est vrai que la Terre est devenue une poudrière, climatique et conflictuelle.

Le retour de Trump, ce self-made-man à la virilité triomphante, confirme la montée en puissance de toutes les formes de radicalismes dans un monde qui n’a jamais été aussi dangereux. A l’extrémisme islamiste conquérant et l’appétit de pouvoir insatiable d’oligarques puissants, impérialistes en Chine, en Russie, en Iran, et en Turquie s’opposent désormais des dirigeants populistes en Italie, en Argentine, en Hongrie, en Autriche, en Amérique et demain peut-être en Allemagne, et qui sait en France.

Le monde n’a jamais dansé aussi dangereusement sur un volcan alors que dans l’Hexagone, à l’heure d’une dette abyssale, on attend toujours de voter un budget indispensable au bon fonctionnement du pays, après trois semaines de vacances des députés lors de la trêve des confiseurs, (est-ce la meilleure manière de servir la nation en période de turbulences ?) tandis que  les motions de censure s’enchaînent, les gouvernements se succèdent et que les élus politiques de tout poil  s’écharpent et vocifèrent dans l’hémicycle de l’Assemblée  nationale, étrangement sourds et aveugles aux convulsions d’un pays au bord du gouffre, de plus en plus instable (et d’une éventuelle résurgence d’un mouvement style « gilets jaunes »)  et d’un monde explosif. Situation surréaliste, et spectacle désolant que  nous offrons à nos alliés, nos partenaires et aux amis d’un pays qui, faut-il le rappeler, fut un modèle envié par tous. C’était, il est vrai, au siècle des Lumières, avant qu’il ne plonge dans les ténèbres.

Ainsi, face à la force, aux roulements de biceps  de certains dirigeants de la planète, la France affiche, comme jamais dans son histoire récente, une coupable et dangereuse faiblesse. Le bateau tricolore est balloté de toute part sur une mère démontée avec cette question obsédante et inquiétante : A quand un équipage à bord ? A quand Astérix et sa potion magique pour venir au secours du navire amiral de la flotte ? Au secours Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Napoléon, Clémenceau et Charles de Gaulle, vous ne serez pas de trop pour nous sortir du bourbier dans lequel nous sommes englués.

Près d’un mois après la cérémonie traditionnelle des souhaits de bonne année il se confirme que présenter ses vœux est une formalité inutile tant ils ne conjurent en rien les catastrophes nationales et mondiales, pas plus qu’ils nous prémunissent des malheurs familiaux et personnels. Cet exorcisme a, une nouvelle fois, montré ses limites en ce début 2025, comme lors des années qui ont précédé. Mieux vaudrait se souhaiter « Bonne chance »

On a voulu y croire pourtant, naïfs que nous sommes, prêts à nous raccrocher à la première bouée de sauvetage venue, alors que contrairement au naufrage du Titanic un orchestre ne va pas accompagner le déclin, de notre pays, à moins d’un requiem de Mozart ou de Beethoven.

Comme pour les hôpitaux il est urgent de déclencher un « Plan Blanc » national car la France ne pourra pas éternellement vivre sous perfusion des fonds de pensions étrangers et des banquiers internationaux, tout passe, tout lasse, renonçant du même coup à notre souveraineté financière et abandonnant une parcelle de notre indépendance nationale,  alors que notre endettement est criard et que les taux d’intérêts n’ont jamais été aussi élevés du fait de notre incapacité récurrente à régler nos problèmes économiques et sociaux quotidiens. L’incurie de nos dirigeants successifs, depuis des décennies, trouve aujourd’hui son épilogue et ceux qui ont voulu voir en Emmanuel Macron un nouveau roi Midas qui transforme en or tout ce qu’il touche, en sont pour leurs frais. Ces mêmes français ont oublié que, selon la mythologie grecque, même la nourriture se transformait alors en or et que la population ne pouvait plus s’alimenter.

On devrait se souvenir parfois des Evangiles qui nous enseignent que l’Humanité n’a rien à gagner à idolâtrer le Veau d’or.

C’est triste et pathétique de voir une nation qui se meurt lorsque cette nation s’appelle la France au passé séculaire. Celle-ci n’est déjà plus que l’ombre d’elle même, alors qu’elle a rayonné sur le monde durant des siècles et fait l’admiration de nombreuses populations sur le globe. La leçon à retenir, telle la morale de la  fable, est qu’il en va pour les pays comme pour les individus : Quand une lignée, jusque-là noble, devient abâtardie et décadente elle se transforme en queue de race, nous en sommes là !

Jean-Yves Duval,  journaliste écrivain

 

Hier cité des anges, aujourd’hui cité de cendres !

Certains ne manqueront pas de voir dans les immenses incendies qui ravagent depuis plusieurs jours Los Angeles et ses banlieues la vengeance de Dieu devant les crimes irréparables que commet l’homme contre la nature, crimes qui en favorisant le réchauffement climatique sont sources de cataclysmes à répétition ces dernières années, tempêtes, ouragans, inondations, incendies géants, etc..
Cette situation apocalyptique n’est pas sans nous rappeler les villes de Sodome et Gomorrhe  elles-mêmes détruites par le souffre et le feu, victimes de la colère divine pour avoir péché par orgueil. La cité des anges brûle et avec elle le symbole d’une Amérique arrogante, sourde et aveugle face au constat effrayant de l’élévation général des températures sur la totalité du globe, qui met en péril l’humanité chaque jour un peu plus. On sait que désormais la sécheresse, le réchauffement des mers, la fonte des glaciers, et le manque d’eau sont à l’origine d’évènements climatiques calamiteux, que fait-on pour protéger les populations aussi bien en Californie qu’à Mayotte.
L’ Amérique paie aujourd’hui le prix fort en victimes et en destructions innombrables la course effrénée à la rentabilité et au dieu païen dollar. Songeons un instant que pour lutter contre ces mégas incendies Los Angeles et ses 4 millions d’habitants, qui en font la deuxième agglomération la plus peuplée des États-Unis après New-York, n’a pu faire voler qu’un Canadair et une poignée d’hélicoptères, obligé même de renforcer ses équipes de pompiers par des détenus libérés de leur pénitencier, avec sans doute la promesse d’une remise de peine …
Des élus irresponsables
Pourquoi ?  Parce qu’un gouverneur et un(e) maire ont réduit drastiquement les crédits alloués aux pompiers dans un État en proie depuis toujours à de violents incendies, alors que la Californie est un territoire au cœur de la puissance des Etats-Unis, avec 15% du PIB du pays,  ce qui en fait la 5eme puissance économique mondiale. On ne parle pas de la Corrèze.
Des moyens de lutte contre le feu tout à fait dérisoires à l’échelle de l’immensité de cet Etat, le troisième après l’Alaska et le Texas. Et si le mépris affiché par les dirigeants américains dans la lutte contre le réchauffement climatique est criminel, les moyens alloués aux forces de pompiers et de secours le sont tout autant. A quand des sanctions exemplaires à l’encontre des dirigeants coupables de crimes contre l’environnement et l’écologie pour atteintes graves et durables à la santé, à la flore, à la faune, etc., aujourd’hui qualifiés d’écocide, (article L.231-2 dans le code pénal français) et leurs responsables en raison de leurs négligences et manquements graves qui impactent le monde entier ?
Les flammes ont englouti leur rêve américain
Aujourd’hui on compte déjà plus de vingt-cinq morts, des dizaines de milliers d’hectares brûlés, des milliers d’habitations carbonisées, des familles innombrables qui ont perdu le fruit de toute une vie de labeur et sont psychologiquement et moralement détruites. Le coût provisoire estimé des dégâts s’élève déjà à 150 milliards de dollars,  c’est abominable ! Qui leur rendra justice ? Qui paiera, dédommagera les victimes, quand, comment ? Et c’est sans parler des pertes économiques colossales liées à l’arrêt d’activités de nombreux entreprises, alors que l’existence de l’industrie du cinéma est menacée.
Alerte à Malibu ! 
Tout cela au nom de la rapacité, de la cupidité des hommes et de cette mondialisation qui privilégie la consommation à outrance au détriment du respect de la vie. La Californie, terre des exploits de Zorro, se consume pour une poignée de dollars !
Los Angeles a été en partie rayée de la carte des  States, Pacific Palisades est une véritable désolation, Malibu, paradis des séries télévisées, n’est plus qu’un souvenir et sur les hauteurs de Hollywood les villas de milliardaires sont parties en fumée, dont celles de Bruel et de Johnny Halliday, lui qui chantait « Allumez le feu, allumez le feu « … il ne croyait pas si bien dire, et ses paroles étaient prémonitoires. Le bilan est consternant et les hommes sont responsables et coupables de ce désastre.
Oui hier encore cité des anges, Los Angeles, est aujourd’hui devenue la cité de l’enfer, à l’image de Sodome et Gomorrhe. On serait bien avisé de prendre cet avertissement au sérieux avant que la planète toute entière ne s’enflamme.
Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

Adieu l’ami, à Dieu !

28 décembre 2024, hôpital du Mans 

Rendre visite à un ami hospitalisé depuis le 25 décembre en cancérologie, c’est comme accompagner un pèlerin pour son dernier voyage sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. C’est savoir que nos chemins, qui s’étaient jusque-là croisés, vont désormais se séparer et qu’aux mots va bientôt succéder le silence. C’est se dire que les moments partagés hier encore appartiennent déjà aux souvenirs, et qu’une page du grand livre se tourne, celle où toutes nos destinées sont écrites par une main mystérieuse. C’est, dans une chambre aseptisée et stérilisée, mesurer la fragilité de notre présence ici-bas, l’étrangeté de cet organisme humain, à la fois faible et si résistant, miracle de la création, soudainement en proie aux pires tourments existentiels. C’est aussi découvrir le rôle admirable des soignants qui font preuve d’une humanité exemplaire, d’une bienveillance exceptionnelle dans ces moments douloureux. Les paroles très chaleureuses du médecin raisonnent encore dans mes oreilles. C’est enfin en quittant la pièce, avant que la nuit l’obscurcisse, adresser à l’ami, encore présent, et déjà absent, un geste amical.  C’est un peu comme si on éteignait la lumière derrière soi. Il s’appelle Guy Domain, et je le connais depuis trente ans.

31 décembre, dernier jour de 2024

Entré aux urgences le jour de Noël l’ami en question vient de décéder en ce dernier jour de l’année, comme s’il n’avait pas voulu tourner la première page  de 2025 et comme le petit prince de Saint-Exupéry il a rejoint le ciel. En cette périodes de vœux et à quelques heures du réveillon je lui souhaite un beau et paisible voyage. Il sera désormais dans l’univers une étoile supplémentaire qui nous illuminera de sa présence bienveillante et chaleureuse, et certains soirs elle scintillera comme pour nous adresser un salut amical. Cet homme est le père de mon amie Karine et cette disparition soudaine, due à une infection foudroyante, l’a anéanti de chagrin ainsi que sa mère, une femme passée du jour au lendemain du statut d’épouse à celui de veuve. Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie. Cette année, le 25 décembre et le 1er janvier auront été des fêtes tristes, que son âme repose en paix ! 💐💐💐

Guy Domain était chauffeur de l’administration et à véhiculé  plusieurs préfets et directeurs de cabinet de la Sarthe au cours de sa carrière. D’eux d’entre eux comptaient parmi mes meilleurs amis, Jean-Gil Marzin et Bertrand Riou, et nul doute que s’ils étaient encore de ce monde ils seraient très affectés par sa disparition car ils appréciaient l’homme et avaient tissé avec lui des liens amicaux et de confiance, qui dépassaient de loin les seules relations professionnelles. Guy Domain était en effet quelqu’un de gentil, de généreux et était fait de cette pâte de « brave homme », comme l’on qualifie les gens biens, trop peu nombreux sur notre bonne vieille planète Terre.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas, on voit autour de soi des familles régulièrement endeuillées au moment des fêtes de fin d’année, il n’y a pas de bon jour pour mourir,  en pensant que cela ne nous arrivera pas, jusqu’au jour où … et on sait que les prochains Noël et jour de l’An ne seront plus les mêmes, ils seront désormais entachés d’une tristesse indélébile. La joie habituelle des festivités est désormais derrière nous car il manquera toujours un convive autour de la table, un de plus qui viendra s’ajouter aux proches déjà disparus.

Ainsi va la vie qui, d’année en année voit le nombre de  couverts se réduire,  jusqu’au jour où c’est le sien qui sera manquant, car en naissant nous avons signé, sans le savoir, notre propre mort.

Jean-Yves Duval

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