L’autre jour en écoutant la chanson de Bernard Lavilliers « Les Barbares », je me disais voilà ce qu’est devenue la France, une société barbare dont le viol en réunion avec violences, commis à Courbevoie sur une adolescente de douze ans par des jeunes de son âge est la plus parfaite illustration. Surtout si on y ajoute la circonstance aggravante de l’antisémitisme, ajoutant à l’ignominie de l’acte l’abjection. Les mots me manquent pour crier ma colère et mon indignation, tellement c’est à vomir.
La barbarie se caractérise par la cruauté, la sauvagerie et on croyait les barbares disparus depuis plusieurs siècles avec l’avancée de la civilisation. On se trompait, ils sont toujours là, parmi nous, preuve de l’échec de la religion, de l’éducation, de l’enseignement. Deux mille ans d’ère chrétienne n’ont pas suffi à blanchir la noirceur de l’âme humaine, pas plus que l’enseignement des bonnes manières ou la glorification des vertus propres à tout bon citoyen. Force est de reconnaître la faillite des générations qui se sont succédées et d’admettre la minceur de la pellicule du vernis qui recouvre l’enveloppe humaine. Grattons un peu et nous découvrons alors que nos bas instincts, que l’on croyait enfouis au plus profond de nous, ressurgissent sans aucune retenue. Chassez le naturel, il revient au galop !
En découvrant, atterrés, écœurés, cette agression innommable, inqualifiable, d’une fillette brutalisée de la façon la plus horrible qui soit, on ne peut s’empêcher de penser que notre société décline à la vitesse grand V et de façon effroyable. Nos villes, nos quartiers seraient-ils devenus les nouveaux Sodome et Gomorrhe du 21ème siècle et devons-nous, nous attendre à recevoir une pluie de souffre enflammé par un feu venu du ciel, de l’Eternel ? Menacée, humiliée, violentée sexuellement, brutalisée, victime d’injures antisémites cette jeune fille de 12 ans à subi une agression cauchemardesque, digne d’une scène du film Orange mécanique de Stanley Kubrick, qui l’a transportée à des années-lumière du monde qui était le sien jusque-là.
Quelques jours plus tôt, à Marseille, c’est une fillette de 10 ans qui a été littéralement rouée de coups de poing et pieds par des élèves de son école, ses agresseurs lui ont frappé la tête comme si c’était un ballon, ont rapporté des témoins tandis que la mère de la victime a témoigné ma fille s’est fait massacré et cela sous les yeux de son petit frère de 8 ans scolarisé dans la même école. Cela s’est passé dans la cour de récréation de l’établissement. Suite à cette agression la victime a dû être hospitalisée durant plusieurs jours et recevoir des soins consécutifs à un traumatisme crânien et une perte de connaissance, sans compter un syndrome de stress aigu. Au demeurant, on ne compte plus le nombre de faits de harcèlement scolaire tant ils sont multiples.
Telle est la société dans laquelle nous vivons, dans laquelle de très jeunes mineurs vivent en insécurité permanente et sont victimes de violences commises par des enfants et des adolescents de leur âge. Quand osera-t-on dénoncer la culpabilité et la permissivité de certains parents, ainsi que les négligences flagrantes de l’Education nationale, au motif de « ne pas faire de vague » ? Et surtout, qu’envisage-t-on pour y remédier efficacement et rapidement ? La société française n’a jamais été aussi agressive, violente et dangereuse qu’aujourd’hui, les sociologues et éducateurs ne cessent d’en dénoncer les causes, en particulier l’éclatement des familles, la nocivité des réseaux sociaux et une forme d’indifférence généralisée devant la banalisation d’actes délictuels et criminels d’origine infantile, dont le nombre et la gravité sont en augmentation régulière. Sommes-nous condamnés à rester plus longtemps inactifs devant ces enfants-tueurs qui martyrisent leurs semblables, et chanter avec Bernard Lavilliers, les Barbares habitaient dans les angles tranchants des cités exilées au large des business, ils rivaient leurs blousons d’étranges firmaments où luisaient la folie, la mort et la jeunesse … Il n’y a pas de fatalité, et bien qu’il m’en coûte de me référer à Lénine, je lui emprunterai ce propos extrait de son carnet de notes : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ».