Les révélations ont fait l’effet d’un coup de tonnerre, c’était comme si le ciel nous était tombé sur la tête, de nombreuses plaintes de femmes incriminaient pour violences sexuelles l’abbé Pierre, « le curé des pauvres », « des sans-logis et mal logés », reconnaissable à son visage glabre, sa capeline noire et son béret. A lire les révélations on a l’impression d’un tombereau d’immondices déversés dans la cour du presbytère. L’église et Emmaüs ont trop longtemps étouffé l’affaire. Et comme si cela ne suffisait pas, il y cette affaire sordide des viols de Mazan, avec l’inculpation de cinquante et un hommes, dont le mari de la victime qui a soumis celle-ci à un esclavage sexuel. A vomir !
Ces viols à répétition, ces agressions sexuelles multiples, disent quelque chose de notre société, celle-ci est gravement malade, et il n’y a plus personne à son chevet, religieux, éducateurs, psychiatres ou magistrats. Il n’y a pas de jour que la presse se fasse l’écho des violences faites aux femmes, familiales ou non, jusque et y compris les meurtres. A la rubrique fait divers ces évènements dramatiques sont devenus monnaie courante, presque banals. Trop nombreux sont les hommes qui se laissent dominer par leurs plus bas instincts, leur perversité et sont incapables de dominer leurs pulsions sexuelles, leur instinct de mort. Et on ose parler de société civilisée ? Où est la civilisation dans tout cela ? A croire que la définition n’est pas la même pour tous !
Pendant longtemps la religion a été un rempart contre toutes ces dérives, leurs auteurs commettant un pêché mortel étant promis aux enfers ce qui en dissuadait plus d’un de passer à l’acte. Ca a duré quelques siècles et puis la transgression l’a emporté sur la menace. On a a alors découvert les abus, innombrables, de prêtres, y compris des évêques et cardinaux, la plus haute hiérarchie de l’église, impliqués dans des affaires de pédophilie. Au début le clergé a soigneusement recouvert ces crimes contre des enfants d’une chape de plomb, la fameuse omerta, de celle dont on parlait jusque-là uniquement à l’égard des maffieux. Les digues ayant explosé, les laïcs ont alors emboîté le pas aux religieux et il y a eu (et existe encore) une quantité incroyable d’instituteurs incriminés dans des attaques à l’intégrité physique des plus fragiles, à savoir les enfants. Des enfants, placés dans les deux cas, sous leur surveillance, leur protection et leur autorité. Ils ont renié trois fois leurs obligations. Les premiers ont violé les lois de Dieu et les seconds la morale républicaine, pour leur plus grande honte et leur déshonneur.
Aucune religion n’a été épargnée par cette consommation du fruit défendu, des catholiques aux musulmans, qui comme en Afghanistan, en Arabie Saoudite, au Yémen, au Pakistan et ailleurs, n’hésitent pas à « marier » des fillettes de huit, dix ans, à de vieux pervers, légalisant avec les lois de la charia le viol et la pédophilie. Le jardin d’Eden est devenu un enfer sur Terre. On croyait l’esclavage aboli depuis longtemps, c’était une vaste fumisterie, il n’a jamais aussi bien prospéré qu’aujourd’hui, surtout si on y ajoute la traite d’êtres humains sur de nombreux continents.
Depuis Rome, le Pape a bien voulu concéder que l’église savait, comment aurait-elle pu l’ignorer ? Une quantité innombrable de signalements a été fait depuis des décennies dans les paroisses et les diocèses, comme ailleurs dans les académies et les rectorats. Mais on a préféré se taire, et continuer à écouter religieusement les sermons du vendredi dans les mosquées et la parole du Christ le dimanche dans les églises. Amen ! En droit, on caractérise cela « d’abus de confiance » et « d’escroquerie ». Et tandis que l’église protestante autorise depuis longtemps les pasteurs à se marier, l’église catholique, elle, s’y refuse obstinément, faisant fi des nombreuses relations sentimentales et sexuelles entre certains prêtres et leurs paroissiennes. Une vraie mascarade, c’est oublier que le célibat n’a pas toujours été une obligation, jusqu’au XIIème siècle les prêtres pouvaient prendre une épouse car la tentation est grande et la chair est faible.
Il faut se rendre à l’évidence, les religions qui prêchent depuis des millénaires « l’amour et la paix universelle », n’ont jamais empêché aucun conflit, quand elles ne les ont pas elles-mêmes suscité, comme les guerres entre catholiques et protestants, chiites et sunnites, musulmans et juifs, etc. sans oublier les conquêtes espagnoles et portugaises du Nouveau Monde au nom de Dieu, et leurs monstruosités. Les arquebuses, les mousquets, les bombardes de Cortez, présenté comme l’envoyé de Dieu, ont semé la mort, terrifié et dévasté les populations, au prétexte d’évangéliser des « sauvages » avec le sabre et le goupillon. De la même façon les religieux ont manqué à tous leurs devoirs, qui, après avoir laissé le tabou du sexe franchir les murs de leurs monastères et de leurs couvents, ont commis les pires forfaits à l’égard de jeunes âmes innocentes. Dieu, dit-on, reconnaîtra les siens, je lui souhaite bien du courage.
Quant à ces êtres ignobles, immondes, qui aujourd’hui répondent à Avignon des viols sur la personne de Gisèle Pelicot, agressions commises à l’instigation du mari de celle-ci, ont-ils encore droit au qualificatif d’êtres « humains » ? Dépourvus de toute humanité, de toute conscience morale, ils ne sont que les rebuts d’une société qui se délite un peu plus chaque jour, où le sordide est loin d’être l’exception. La prison sera une peine encore trop légère pour des individus qui ne sont pas des monstres, mais qui ont commis des actes monstrueux. Ils se sont exclus eux-mêmes du monde civilisé. Quand les « directeurs de conscience », comme on appelait un certain temps les confesseurs, les curés et les instituteurs, ont failli à leur mission et sont devenus eux-mêmes des moutons noirs dans la bergerie, des prédateurs , des loups assoiffés de chair fraîche, alors il ne faut plus s’interroger sur les dérives perverses actuelles.
Autres temps, autres mœurs, pour notre plus grand malheur ! C’est triste une société qui se délite sous nos yeux, la décrépitude de l’empire romain n’a pas commencé autrement. Oui, la civilisation occidentale est en grand danger.