Au fil de mes lectures, il m’arrive de découvrir des petites pépites littéraires dont le message est lumineux quand il n’est pas subliminal. Pourquoi garder pour soi seul ces réflexions qui méritent d’enrichir le plus grand nombre d’entre nous ? Le vrai bonheur n’est-il pas celui d’offrir et de partager ce qu’il y a de meilleur dans la vie quand celle-ci se montre plus souvent avare que généreuse ?
Voici par exemple ce qu’a déclaré le très grand navigateur, l’infatigable coursier des mers qu’est Olivier de Kersauson : « Le jour où je vais disparaître, j’aurai été poli avec la vie car je l’aurai bien aimée et beaucoup respectée. Je n’ai jamais considéré comme chose négligeable l’odeur des lilas, le bruit du vent dans les feuilles, le bruit du ressac sur le sable lorsque la mer est calme, le clapotis. Tous ces moments que nous donne la nature, je les ai aimés, chéris, choyés. Je suis poli, voilà. Ils font partie de mes promenades et de mes étonnements heureux sans cesse renouvelés. Le passé c’est bien, mais l’exaltation du présent, c’est une façon de se tenir, un devoir. Dans notre civilisation, on maltraite le présent, on est sans cesse tendu vers ce que l’on voudrait avoir, on ne s’émerveille plus de ce que l’on a. On se plaint de ce que l’on voudrait avoir. Drôle de mentalité! Se contenter, ce n’est pas péjoratif. Revenir au bonheur de ce que l’on a, c’est un savoir vivre. » Marin au long cours, humoriste, il ne lui manquait plus que d’être poète. Un vrai touche à tout, qui fût aussi, chacun s’en souvient, un invité régulier des « Grosses têtes » de Philippe Bouvard, après avoir lycéen au Mans à Sainte-Croix, de même qu’Antoine de Saint-Exupéry, Hervé Bazin ou Guy des Cars.

Quant  à Anthony Hopkins, le célèbre réalisateur producteur acteur américain, dont chacun garde en mémoire la remarquable prestation dans le rôle du psychopathe cannibale du Docteur Hannibal Lecter pour le film « Le silence des agneaux », il a dit ceci : « Je suis conscient de ma mortalité, mais à 87 ans, je me lève chaque matin avec l’envie intacte de goûter à de nouvelles aventures. L’âge n’est jamais une barrière lorsque l’on trouve une passion dans ce que l’on fait. Le secret réside dans la curiosité, dans l’apprentissage continu et dans le refus de laisser la peur du temps nous priver du plaisir de vivre. Chaque jour est une chance d’inventer, de rire et de prouver qu’il n’est jamais trop tard pour avancer avec enthousiasme« .

Anthony Hopkins, qui écrivit aussi ce qui suit : Ma philosophie est : Ce que les gens disent de moi ne me regarde pas. Je suis qui je suis et je fais ce que je fais. Je n’attends rien et j’accepte tout. Et cela rend la vie plus facile. Nous vivons dans un monde où les funérailles sont plus importantes que les défunts, le mariage est plus important que l’amour, l’apparence est plus importante que l’âme. Nous vivons dans une culture de l’emballage qui méprise le contenu.

J’aime beaucoup cette phrase de Martin Luther King : « Nous avons appris à voler dans les airs comme des oiseaux, à nager dans les océans comme des poissons, mais nous n’avons pas encore appris à marcher sur Terre comme des frères » ? Peut-être faut-il chercher l’explication chez Tristan Bernard : « Deux choses m’étonnent : l’intelligence des bêtes et la bestialité des hommes », Albert Einstein avait lui aussi sa petite idée : « Dans la vie, il faut éviter les cercles vicieux, les triangles amoureux et les esprits trop carrés ». Pour ma part j’ai l’habitude de dire : « Si tu penses qu’aux yeux du monde tu n’es rien, dis-toi qu’aux yeux de quelqu’un tu es le monde entier », ce que Charles Baudelaire exprimait d’une autre manière : « La sagesse consiste à savoir peupler sa solitude et à s’isoler parmi la foule ». J’ai retrouvé, il y a peu, un poème admirable de Léopold Sédar Senghor  (premier président de la République du Sénégal, écrivain, membre de l’Académie française) d’une actualité brûlante à une époque ou le racisme et l’antisémitisme n’ont jamais été aussi forts dans nos sociétés. Il est à lui tout seul un antidote à la bêtise humaine, au point qu’il devrait être remboursé par la sécurité sociale : « Cher frère blanc, Quand je suis né, j’étais noir, quand j’ai grandi, j’étais noir, quand je suis soleil, je suis noir, quand je suis malade, je suis noir et quand je mourrai je serai noir. Tandis que toi, homme blanc, quand tu es né, tu étais rose, quand tu as grandi, tu étais blanc, quand tu vas au soleil, tu es rouge, quand tu as froid, tu es bleu, quand tu as peur, tu es vert, quand tu es malade, tu es jaune et quand tu mourras du seras gris. Alors, de nous deux, qui est l’homme de couleur ? ».

J’ai également découvert récemment dans « Le monde littéraire » la jolie histoire suivante :

Un professeur s’assoit à côté d’un fermier dans un train. Rapidement ennuyé, le professeur décide de proposer un jeu pour passer le temps. « Je vous propose un petit jeu », dit le professeur. « Je vous pose une question. Si vous ne savez pas répondre, vous me donnez 5 €. Ensuite, vous me posez une question. Si je ne sais pas répondre, je vous donnerai 500 €. Qu’en pensez-vous ? » Le fermier, intrigué, hoche la tête et accepte. Le professeur commence : « Quelle est la distance exacte entre la Terre et la Lune ? » Sans dire un mot, le fermier sort 5 € de sa poche et les tend au professeur. C’est maintenant au tour du fermier. Il réfléchit un instant, puis demande : « Quel animal monte une montagne avec trois pattes et la redescend avec quatre pattes ? » Le professeur est pris au dépourvu. Il se creuse les méninges, passe en revue tout ce qu’il sait, consulte ses notes et essaie de trouver une explication logique. Mais rien n’y fait. Finalement, il se résigne, sort 500 € de son portefeuille et les donne au fermier. Le fermier prend l’argent avec un sourire satisfait et s’installe confortablement pour faire une sieste. Mais le professeur, curieux et incapable de laisser la question en suspens, le réveille et insiste : « Alors, quel est cet animal ? » Sans dire un mot, le fermier sort 5 € de sa poche, les donne au professeur, puis retourne dormir tranquillement.

Moralité : Parfois, l’intelligence pratique vaut bien plus que la connaissance théorique.

Avant de conclure cette chronique hebdomadaire je ne résiste pas à vous présenter le beau texte poétique de Khalil Gibran, intitulé « la peur » : « On dit qu’avant d’entrer dans la mer une rivière tremble de peur. Elle regarde en arrière le chemin qu’elle a parcouru, depuis les sommets des montagnes, la longue route sinueuse qui traverse des forêts et des villages et voit devant elle un océan si vaste qu’y pénétrer ne paraît rien d’autre que devoir disparaître à jamais. Mais il n’y a pas d’autres moyens. Revenir en arrière est impossible dans l’existence, la rivière a besoin de prendre le risque et d’entrer dans l’océan. Ce n’est qu’en entrant dans l’océan que la peur disparaîtra parce que c’est alors seulement que la rivière saura qu’il ne s’agit pas de disparaître dans l’océan, mais de devenir océan ».

Il s’agit là d’une belle métaphore sur nos propres peurs face à l’existence.

Je vous ai gardé le « meilleur » pour la fin, afin de terminer sur une note humoristique, avec ces quelques pensées du regretté Pierre Dac, le célèbre humoriste, fondateur du journal « l’Os à moelle ».

« Il ne faut pas avoir peur des chevaux sous le capot, mais de l’âne derrière le volant. Ce ne sont pas les enfants sur la banquette arrière qui font les accidents, mais bien les accidents sur la banquette arrière qui font les enfants. Quand tu t’adresses à une femme, il faut un sujet, un verbe et un compliment.  La cravate est un accessoire vestimentaire permettant d’indiquer la direction du cerveau de l’homme. Les hommes en vieillissant sont comme les arbres, ils deviennent durs de la feuille et mous de la branche. Si un homme ouvre la portière à sa femme, c’est que l’une des deux est neuve. Un comprimé n’est pas forcément un imbécile récompensé ».

 Je m’arrête là, car le sujet est inépuisable, il ne s’agit que de quelques morceaux choisis parmi beaucoup d’autres.  Avec ce bref voyage en littérature, ma seule prétention était d’agrémenter un peu votre temps et vous offrir un brin de sourire, ce qui est un véritable luxe en ces temps de morosité.

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain