La liste est longue comme un jour sans fin, et cela dure depuis des décennies, que dis-je, des siècles ! A croire que malgré leurs émoluments élevés, les frais de représentation, voitures et personnels de fonction, ils n’en n’ont jamais assez.

Ils sont d’une goinfrerie insatiable, comme le président du Sénat qui mange quatre portions, là où le commun des mortels s’en contente d’une. A croire qu’à 75 ans il a plus d’appétit que trois jeune de vingt, dont la dépense (physique) n’est pas comparable. Alors, on tape de façon éhontée dans la caisse des ministères, de l’assemblée nationale ou européenne, on détourne des fonds publics, on commet des abus de biens sociaux, etc. Pas vu, pas pris. Sauf qu’un jour ils sont pris en flagrant délit (et délire), la main dans le pot à confiture. Et là, vlan, coup de tapette sur les doigts et bracelet électronique aux chevilles, car chez ces gens-là, Monsieur, on ne se commet pas avec les malfrats en prison !

Il y a chez ces escrocs en col blanc, qui ne manquent de rien, un côté kleptomane, une sorte d’addiction à vider les coffres de la République, quand ce ne sont pas ceux des entreprises (vous avez dit Renault-Nissan ? Ce n’est pas moi qui l’ai dit). Chez certains (es) c’est pour leur appétence pour la maroquinerie, la joaillerie de luxe ou les vêtements de haute couture (suivez mon regard) chez d’autres c’est pour assurer les fins de mois d’un parti politique en difficulté financière.

Le mobile n’est pas plus noble, dans un cas comme dans l’autre, sauf que dans le premier cela tombe sous le coup de l’enrichissement personnel, ce qui est déshonorant en plus d’être coupable et condamnable. Et pourtant, la République est généreuse et paie bien ses serviteurs, il n’y a qu’à voir leur train de vie et leur patrimoine immobilier à Paris, en Corrèze et ailleurs. Même les chefs de l’opposition de gauche (suivez là aussi mon regard) se gavent, et font plus envie que pitié. Marx, Engels, réveillez-vous, ils bradent « Le Capital » trahissent leurs idéaux, et accessoirement la classe ouvrière. Marchais doit s’en retourner dans sa tombe, je crois l’entendre : « Liliane, fais les bagages, on rentre à Paris ! »

Il faut dire qu’ils ont bien calculé leur coup. Superbe plan de carrière ! Cela passe d’abord par l’ENA et débouche sur la haute fonction publique : Inspection des finances, (royal) Conseil d’Etat et Cour des comptes (magistral) qui leur assurent, en plus de la respectabilité (?) un matelas confortable avant de bifurquer vers l’objet de toutes les convoitises : un mandat de député, de sénateur, un maroquin de ministre, voire plus si affinités, avant, au besoin, de compléter leur maigre pension en pantouflant dans les grandes entreprises publiques et privées à l’issue de nominations qui sont le fait du prince. Seuls les élus locaux peuvent se réclamer vertueux dans cette République du vice.

Il y a ceux qui « servent » la France, notamment les militaires, qui meurent même pour elle, et ceux qui « se servent » de la France. Les premiers prennent les balles et ont droit à un drapeau tricolore sur leur cercueil, avec une médaille en prime, et les autres se réservent les discours dans la cour des Invalides. Au secours de Gaulle !

Et qu’on ne s’étonne pas d’un partage de privilèges entre gens de droite et de gauche. Quand ils n’ont pas fricoté ensemble et ne se sont pas mariés sur les bancs de l’ENA, ils ont échangé consciencieusement leur 06 … et leurs mails, afin de pouvoir, le jour venu, se dépanner mutuellement. Cette énarchie est une coterie très puissante, un système d’entraide très efficace, à l’image des fraternités existantes dans les universités américaines. A la vie, à la mort !

De véritables parachutes dorés, et une assurance tous risques !

Quant au peuple il ne voit du spectacle que ce qui se joue sur scène, mais en aucun cas ce qui se trame dans les coulisses, autrement plus important. Déjà, à son époque Molière et La Fontaine se moquaient de ces jeux de cours, de ces rivalités/complicités entre puissants de ce monde. Rien n’a changé depuis lors. Ah si, une révolution est passée par là en 1789 qui devait tout bouleverser, comme cette nuit du 5 août avec l’abolition des privilèges. Nous y avons tous cru, mais l’histoire était trop belle, songez donc « libéré, égalité, fraternité » une formule magique écrite sur les façades de nos mairies.

Nous avons voulu y croire et nous avons été bernés, en réalité le roi est devenu monarque républicain, les inspecteurs des finances ont remplacé les fermiers généraux, une nouvelle noblesse, qui ne dit pas son nom par hypocrisie a envahi les palais nationaux, les riches d’aujourd’hui sont beaucoup plus riches qu’hier, les pauvres (presque) aussi pauvres, seul le clergé a perdu au change, dépouillé de sa puissance politique pour ne conserver que son pouvoir spirituel, dans des églises vides et moins nombreuses. Contre le sabre, elles ont perdu le goupillon !

Les petits ducs actuels et leurs marquises peuvent dormir tranquilles et continuer à confondre trésor public et compte bancaire personnel, leurs larcins seront vite oubliés et ne les empêcheront pas de solliciter à nouveau la confiance d’un peuple méprisé, désabusé, anesthésié, qui n’attend plus grand chose de ceux qui le gouverne. Ainsi va la vie depuis la nuit des temps, entrecoupée seulement de quelques rebellions et mouvements de protestation. Des miettes en somme, que l’on nous jette en pâture histoire de nous endormir un peu plus, un peu comme on fait dans les zoos pour les singes, avec des cacahuètes.

Les manants d’hier sont devenus des gueux et des sans-dents, preuve qu’une nouvelle révolution s’impose pour remettre les pendules à zéro, la précédente n’ayant fait qu’avancer l’heure et retarder l’échéance.