Il est le digne fils de son père Philippe, journaliste admirable et talentueux, et lui-même célèbre écrivain-voyageur. J’aime ses livres où il exalte la beauté du monde, j’aime le poète rebelle, l’anarchiste qui reconnaît être un « manque à gagner pour le gouvernement » à qui il ne donne rien, et ne lui demande rien ! le jongleur de mots « le temps nous menace, l’espace nous sauve », qui hait l’administration « cette gorgone inventée pour servir les hommes mais qui s’est retournée contre eux ».
J’aime celui qui est l’un des derniers baladins de l’Occident, pour qui « l’actualité des vagues et la migration des oiseaux n’est pas moins importante que l’alliance des sociaux-démocrates pour la députation ».
J’aime par dessus tout cet esprit libre, inventif, créatif, imaginatif, cette gueule cabossée suite à une grave chute de dix mètres qui l’a laissé pour mort, qui vit à cent à l’heure, volcan toujours au bord de l’explosion, qui adore contempler les paysages du monde et de la France, et méditer, tel un ermite pratiquant l’ascétisme, le regard perdu vers un ailleurs toujours sublimé.
J’aime son allure d’officier prussien, au visage balafré après une charge de cavalerie, parcourant les chemins creux et les pistes forestières, côtoyant les cimes, flirtant avec le danger à la recherche d’une poussée d’adrénaline, avec son éternel casquette, son bâton et son pipeau.
J’aime par dessus tout celui qui a écrit : « Lorsqu’elle s’enfuit, la route est la seule amante qui vaille d’être suivie ».
Ne changez pas Sylvain, restez éternellement ce philosophe des temps modernes, ce magicien du verbe, celui qui nous fait rêver grâce à vos aventures.
Tenez, je vous propose un proverbe Touareg qui colle merveilleusement à votre personnalité : « Le voyage, c’est aller de soi à soi en passant par les autres ». Ces mots sont aussi beaux qu’une nuit étoilée en plein désert du Sahara. J’ai eu la chance de bivouaquer sous une telle voûté céleste avec des militants du Front Polissario et le spectacle est indescriptible.
Je vous souhaite encore de belles et nombreuses routes à la recherche du frisson de l’aventure et de cette soif d’absolu qui vous caractérise si bien, tant il est vrai que nous voyageons pour chercher d’autres états, d’autres vies, d’autres âmes comme le disait une femme extraordinaire, immense aventurière, Alexandra David-Neel, « Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne voyage pas, il se déplace »
C’est toute la différence.