« Hier, rien n’exigeait la dissolution, il serait curieux qu’aujourd’hui il (Macron) s’y refuse, alors que cette décision s’impose » tels sont, en substance, les mots que l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a soufflé dans le tympan du chef de l’Etat, comme d’autres murmurent à l’oreille des chevaux.
C’est vrai que l’occupant de l’Élysée donne l’impression de ramer à contre courant ou de circuler à contre sens, ce qui est une faute de navigation dans un cas et une infraction au code de la route dans l’autre. Car si on est aujourd’hui à la recherche d’un énième nouveau Premier ministre en l’espace d’un an, (rappelant les beaux jours de la 4eme République) et d’une crise parlementaire ingérable, c’est bien parce qu’il a dissous l’Assemblée nationale, tel un cachet d’aspirine dans un verre d’eau, alors que rien ne l’y obligeait. Résultat, il s’y est noyé et le pays a été submergé par l’eau du bain.
 Aujourd’hui en revanche, après le départ programmé de François Bayrou cette mesure devient indispensable et s’il imagine que la situation va s’arranger en nommant Olivier Faure (PS) chef du gouvernement et des ministres socialistes, qui vont augmenter la dette plutôt que la réduire, il se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Il va donc devoir dissoudre car le vote du budget devient de plus en plus urgent et il ne peut se permettre d’ajouter de la crise à la crise, pas plus que le pays ne peut vivre dans un éternel chaos législatif.
La dissolution s’impose et en cas de victoire, probable, du RN il devra gouverner avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, que cela lui plaise ou non, c’est la loi de la démocratie ! Et cette fois, on ne va pas nous refaire le coup du front républicain, (aujourd’hui en lambeaux), avec la complicité de Gabriel Attal, qui a volé la victoire électorale à une majorité d’électeurs.
Au demeurant, il est sans doute le seul à ne pas admettre, comme le lui rappelle aussi Nicolas Sarkozy, que ce parti « fait partie de l’arc républicain » et, comme tel, est légitime à gouverner aujourd’hui le pays avant, peut être, de présider à sa destinée demain.
 En constituant un gouvernement de gauche dans les semaines à venir l’actuel chef de l’Etat ne ferait que retarder une échéance inéluctable et être encore un peu plus désavoué par le peuple qui n’attend qu’une chose, les présidentielles de 2027 … et son départ de l’Élysée.
 Aujourd’hui il a encore le choix de partir la tête haute, mais demain, en courbant l’échine ?
 Qu’il se souvienne d’un certain Giscard d’Estaing contraint de quitter la rue du Faubourg Saint-Honoré en catimini, sous les huées des français en colère. Une chance encore qu’on n’enduise plus le corps des individus avec des plumes et du goudron, comme au temps du Far-West et de la ruée vers l’Ouest, aux Etats-Unis.
  •  Jean-Yves Duval, journaliste écrivain