800 000, un million de personnes dans la rue ? Et pendant ce temps-là des dizaines de millions de français seront empêchés d’aller travailler, arriveront en retard au bureau ou dans leur l’entreprise, devront rester chez eux à s’occuper de leurs enfants, faute d’école et de crèches ouvertes, passeront des heures dans les transports en commun, faute de bus et de tramway, ou de trains de banlieue. Comme si on avait les moyens de tout cela, alors qu’on fait tout un pataquès de la possibilité de travailler deux jours fériés. Sait-on quel va être le coût de cette journée ?
Il leur faudra aussi prendre en compte, à ces français, les blocages des autoroutes et supporter une multitude d’autres inconvénients tout au long de la journée, OK c’est l’exercice du droit de grève et il est constitutionnel. Là, où ça dérape, c’est lorsque les casseurs entrent en action, détruisent les vitrines, le mobilier urbain, pillent les magasins sur leur passage et cherchent l’affrontement violent avec les policiers. La France est en Europe l’un des très rares pays où les manifestations sociales, les défilés protestataires, se terminent toujours en caillassage, incendies de voiture, et agressions physiques, créant un climat de guerre civile permanent dans le pays.
Contrairement à l’Allemagne, nous n’avons pas la culture du dialogue et de la négociation, on préfère que ça dégénère en émeutes urbaines. «Tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se casse », aurait pu dire Beaumarchais. Sauf qu’aux revendications sociales, sectorielles, s’ajoute depuis quelques années des revendications politiques : démission du gouvernement, dissolution de l’assemblée nationale, démission du président, quand ce n’est pas sa destitution.
Le risque est qu’un jour, plus proche peut-être qu’on l’imagine, ces manifestations de colère ne prennent un caractère insurrectionnel, comme une marche sur l’Élysée afin d’obtenir de son occupant un départ qu’il se refuse à admettre sous la pression populaire et les enquêtes d’opinion, et que, contrairement à Charles De Gaulle en 1969, il refuse de se rendre à l’évidence.
Or, il est l’unique empêcheur de tourner en rond, le seul fauteur de troubles depuis sa dissolution calamiteuse de l’assemblée nationale qui empêche nos institutions de fonctionner et notre économie de tourner rond, comme l’a démontré récemment la dégradation de la note de la France par l’agence Fitch. Sans oublier les difficultés à établir un budget pour le pays et à réduire notre dette abyssale, une question fondamentale qui ne cesse d’inquiéter nos créanciers.
Comme disent les jeunes, ils peut faire le kéké à l’international, en France il est aux abonnés absents.
Les français ont démontré au cours de l’histoire qu’ils pouvaient avoir le sang chaud, savaient être patients jusqu’à un certain point, et en appeler soudainement à la révolte, pour ne pas dire à la révolution, au-delà de toute rationalité, lorsqu’ils estimaient que les gouvernants restaient sourds à leurs revendications.
De même que la morale du conte d’Andersen « La petite fille aux allumettes » nous dit que les parents ne doivent pas rester indifférents à leurs enfants, un chef de l’Etat, en démocratie ne peut rester sourd aux attentes de son peuple, sous peine d’être emporté un jour par ce même vent de l’histoire.
Emmanuel Macron serait bien inspiré de relivre l’ouvrage du célèbre écrivain danois du 19ème siècle, il y puiserait matière à réflexion pendant qu’il est encore temps.