C’est le dernier sujet à la mode dont tout le monde parle à l’apéro, l’IA, entendez l’Intelligence Artificielle. A en croire certains c’est une nouvelle révolution qui s’avance, pour d’autres un enjeu de civilisation. Les superlatifs ne sont pas assez nombreux pour décrire ce véritable cœur du réacteur de la nouvelle révolution technologique. Cette IA dont les actuels maîtres des horloges sont les GAFAM, « Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft ». De quoi parle-t-on ? De ChatGPT notamment, ce nouveau logiciel d’intelligence artificielle. Au demeurant celui-ci est-il à peine sorti des cerveaux de ses pères fondateurs qu’il est interdit dans certaines écoles, au prétexte qu’il ne permet pas une égalité des chances pour tous. La discrimination intellectuelle, ça vous parle ?
Pourtant il était urgent que l’intelligence « artificielle » vienne au secours de l’intelligence « naturelle » chez certains d’entre nous. Tellement « naturelle » d’ailleurs qu’on la soupçonne inexistante à voir à quel point les cerveaux de beaucoup d’individus sont ramollis comme jamais ils ne l’ont été. Cet abrutissement est-il dû, comme certains le pensent, à un usage abusif des jeux vidéo, à une surdose des programmes de télévision, à une utilisation inconsidérée des smartphones ? A moins que le Covid ne soit passé par là. Quoi qu’il en soit on se demande où sont passés la réflexion, l’esprit critique, la raison même. Place aujourd’hui au « copier-coller » où la plupart des gens se bornent à répéter comme des perroquets ce qu’ils ont entendu à satiété sur les chaînes d’infos en continu, où on ne reconnaît même plus les vrais spécialistes des faux experts, les vrais sachants des faux connaisseurs. Les fake-news sont devenus la nouvelle religion et la désinformation, l’intox sont paroles d’évangile.
Vive l’Intelligence Artificielle qui va au moins combler le vide cervical sidéral de beaucoup de nos compatriotes complètement décérébrés.
Vive également la robotique humanoïde, dont les prototypes sont fabriqués dans la Silicon Valley en Californie et dans certains campus chinois. Déjà les premiers robots de gardiennage sont à l’étude et des androïdes bipèdes font bientôt faire leur apparition pour effectuer des patrouilles de nuit. On est très loin des premiers robots des années 1980 dans les chaînes d’assemblage de nos usines. Plusieurs restaurants ont déjà suppléé au manque de personnel grâce à des petits robots qui vous apportent votre assiette à votre table, avec le sourire en plus. Une start-up chinoise prépare pour demain la fabrication d’un robot capable de percevoir l’espace en 3D, de reconnaître les individus, leurs gestes, leurs expressions et même leurs émotions. La cyber police est là, oubliés les Starsky et Hutch, déjà grâce à la reconnaissance faciale la police de Pékin ou de Shangaï est en mesure d’identifier chaque personne présente dans un défilé de manifestants … et d’arrêter les plus radicaux dès leur retour à leur domicile. Où quand la technologie est au service du totalitarisme ! Le futur robot, policier ou non, mesurera 1,60 mètres, pèsera 60 kilos et fonctionnera à l’électricité avec une autonomie de cinq heures. Il sera bipède, doté de mains et remplacera aisément dans le secteur de la logistique les manutentionnaires grâce à leur exosquelette leur permettant de déplacer des charges très lourdes. Déjà l’armée US expérimente ses premiers robots chiens et d’ici quelques années les fantassins ne seront plus de chair et de sang mais de titane et d’électronique en guise d’enveloppe physique, à l’image de Robot-Cop. Nos sociétés veulent bien faire la guerre mais exigent zéro mort. Les fans d’Espace Game vont s’en donner à cœur joie. De plus, grâce à l’IA leurs modèles de langage étendus leur permettront d’imiter les réponses humaines à des questions et de tenir des conversations. Celles-ci seront-elles plus intelligibles que celles résultant de l’intelligence « naturelle », attendons un peu pour voir.
Moralité de l’histoire, en même temps qu’un grand nombre de nos contemporains a, au cours des dernières décennies, sombré dans la bêtise, une infime minorité d’entre eux a développé des logiciels et des robots qui demain gèreront les affaires de la cité, faisant de nous des êtres serviles … comme l’étaient les robots d’hier. Et comme, grâce aux avancées scientifiques des laboratoires de Google, nous pourrons vivre jusqu’à cent vingt ans, avant d’atteindre l’immortalité, autant dire que nous allons trouver très longs ces temps modernes de l’esclavage.
En écrivant « Les meilleur des mondes » en 1932, dans le sud de la France, Aldous Huxley pensait écrire un livre d’anticipation, il avait seulement imaginé notre monde d’aujourd’hui, comme Georges Orwell l’a fait lui aussi en écrivant « 1984 » en 1948. Dans son esprit il s’agissait d’un roman de sciences fiction, mais aujourd’hui la réalité à dépassé la fiction. Nous ne remercierons jamais assez ces deux grands visionnaires de la littérature, comme ont pu l’être aussi, dans un autre genre le dessinateur Belge Hergé avec ses albums Tintin, « On a marché sur la lune », ou encore Jules Verne avec « Vingt mille lieues sous les mers » et son fameux « Tour du monde en quatre-vingt jours ».