Patatras, Gabriel Attal est-il à peine nommé Premier ministre qu’il doit déjà affronter une crise qui pourrait bien être celle des « gilets verts » du second quinquennat, après les « gilets jaunes » du premier.

A la différence près que celle-ci pourrait être mieux organisée, plus structurée tout en étant aussi populaire. Selon un récent sondage Elab plus de 85% des français soutiennent cette nouvelle révolte paysanne où les tracteurs ont remplacé les fourches des manifestants d’hier. Il n’y a pas que le Salon de l’agriculture qui bénéficie de la sympathie de nos compatriotes, qui plébiscitent également nos éleveurs et nos agriculteurs, véritables jardiniers de la France, notamment en montagne, et qui produisent des produits alimentaires de grande qualité dans les différentes filières, viande, volaille, fruits, fromages, sans oublier nos vignobles.

Or le constat est cruel, on comptait 2,5 millions d’agriculteurs dans l’Hexagone au cours des années 1950 et on n’en dénombre plus que 400 000 aujourd’hui. A ce rythme-là, combien en restera-t-il dans dix ou vingt ans ? Devra-t-on se nourrir de porcs élevés dans des étages d’immeubles chinois ? 45% de nos poulets sont déjà importés de l’étranger.  Oui, nos campagnes se dépeuplent et la profession se meurt.

Et elle n’est pas la seule, les agriculteurs aussi, à preuve ce chiffre effrayant d’un suicide de paysan par jour. Ils se pendent, se tirent une balle de fusil, quand jadis ils se jetaient vivants dans leur puits. Faut-il qu’ils soient désespérés pour en arriver à une telle extrémité. Stop à cette hécatombe et à tous ces drames humains et familiaux d’un temps oublié et qu’on pensait révolu.

Nos paysans consacrent actuellement plus d’une journée par semaine à faire leurs comptes (banque, administration fiscale, MSA, etc.) et à rédiger des formulaires administratifs au lieu d’être sur leur tracteur à labourer, moissonner ou dans leurs étables à traire leurs vaches. Il faut que cela cesse.

Nous vivons au royaume de l’Absurdie !!

Parallèlement à cela, et malgré des semaines de travail de 70/80 heures, sans vacances la plupart du temps, la grande majorité d’entre eux perçoit seulement entre 800 et 1 500 euros par mois. Qui pourrait l’accepter ?

Alors oui, il faut arrêter impérativement cette multiplication insensée des normes, ce mille-feuille de lois, européennes et françaises, et ces taxes, notamment sur le gas-oil qui tuent le monde agricole, sans oublier les trop nombreux contrôles administratifs qui les étranglent.

Alors oui, il faut établir rapidement au sein de la filière agricole un juste prix de vente des matières premières (viande, lait, etc.) car tout travail doit être légitimement récompensé.

Alors oui, il faut arrêter des importations venues de l’étranger et que le consommateur cesse de vouloir consommer en hiver des cerises venues du Chili, plutôt que d’attendre la récolte française du mois de juin. C’est ça aussi être éco-responsable. Il faut que ce même consommateur réapprenne à vivre avec les produits de saison, ce qui évitera à cette concurrence déloyale de prospérer et contribuera à la lutte contre le réchauffement climatique.

Nous vivons au royaume de l’Absurdie !

Alors oui, ici-même en Europe, sans parler de l’Asie ou de l’Amérique du sud, il faut qu’il y ait une égalité de traitement entre les éleveurs-cultivateurs, qu’ils soient allemands, italiens ou espagnols.

Alors oui, tout le monde est concerné et doit s’impliquer, le gouvernement en premier, mais aussi les institutions européennes, les banques, la grande distribution, les groupes de l’agro-alimentaire, chacun d’entre eux à une part de responsabilité dans la situation actuelle et il n’est pas question de se défausser sur son voisin.

Enfin, il convient de réduire les droits de successions, beaucoup trop élevés, afin de faciliter la transmission des exploitations, notamment au sein du milieu familial, car nous sommes arrivés à un moment du renouvellement des générations et les vieux sont épuisés par une vie de dur labeur. Un agriculteur sur deux va en effet partir à la retraite d’ici dix ans.

Le chantier est énorme car rien, ou si peu, n’a été fait depuis des décennies et les attente des filières agricoles et d’élevages sont immenses. Le gouvernement serait bien avisé d’y répondre rapidement s’il veut éviter le retour des jacqueries des XIV et XVe siècles. Les forteresses ont peut-être été détruites lors de la Révolution française mais une nouvelle citadelle a été édifiée, elle s’appelle Bercy.

Nos agriculteurs et nos éleveurs souffrent d’un manque terrible de reconnaissance et ne veulent qu’une chose, être respectés et exercer leur passion dans la dignité. Est-ce trop demander à ceux qui nous gouvernent et aux pouvoirs publics de leur rendre justice ?