La semaine dernière, ici même, je dénonçais les défaillances réitérées de l’Etat dans notre vie quotidienne, qu’il s’agisse de la montée de l’islamisation dans le pays, des émeutes urbaines, ou encore des attaques répétées contre l’autorité enseignante, policière, pénitentiaire, etc. La société française se délite un peu plus chaque jour.
La meilleure preuve est ce qui se produit depuis plus d’une dizaine de jours en Nouvelle-Calédonie, à seize mille kilomètres de Paris, où cet archipel du Pacifique est en proie au chaos et à une situation insurrectionnelle par suite de l’action d’une minorité d’indépendantistes Kanaks, manipulés par une puissance étrangère, l’Azerbaïdjan. Sur place, rien ne semble vouloir calmer les esprits échauffés malgré l’accord de Nouméa signé en 1998, (à la suite des accords de Matignon conclus dix ans plus tôt), prévoyant le transfert de compétences en Nouvelle-Calédonie par l’Etat français dans de nombreux domaines, à l’exception du régalien : la défense, la sécurité, la justice et la monnaie. Pas même les trois référendums d’autodétermination relatifs à l’indépendance de l’île qui ont été organisés respectivement en 2018, 2020 et 2021, où, à chaque fois, la population a rejeté très majoritairement, pour ne pas dire massivement, l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et s’est exprimée pour son maintien dans la République française.
L’opposition n’a jamais été aussi forte entre « loyalistes » désireux de rester dans le giron de la France et « indépendantistes », les violences en témoignent : Sept morts, de multiples agressions contre les personnes, un nombre incalculable de pillages et d’incendies d’entreprises, de magasins et d’habitations particulières, sans parler des nombreux barrages sur les routes, rendant toute vie normale impossible pour les habitants, Kanaks (41 % de la population) comme Caldoches. La « cohabitation » entre ces deux communautés s’est progressivement transformée en guerre civile et désormais certains indépendantistes du FLNKS et de la « Cellule de coordination des actions de terrain » (CCAT), entendent rebaptiser la Nouvelle-Calédonie « Kanaky » en référence au peuple autochtone et refusent l’autorité des institutions actuelles (Haut-commissariat, police, justice, etc.)
Ces derniers jours, malgré l’arrivée en renfort de plusieurs milliers d’agents des forces de l’ordre et de pompiers venus de Paris, des habitants n’ont eu d’autres solutions que de se constituer en « collectifs citoyens », de créer des « milices » et d’ériger des barrages improvisés pour défendre leurs quartiers et leurs biens parce que les policiers étaient débordés. Et déjà un certain nombre de caldoches qui ont vu leur maison brûler sous leurs yeux envisagent de rentrer définitivement en métropole, estimant que leur vie est menacée. Ce climat insurrectionnel n’est pas sans nous rappeler tristement ce qui s’est passé en d’autres temps en Algérie, où les menaces adressées par le FLN aux français étaient très claires : « la valise ou le cercueil ». En Nouvelle-Calédonie, nombreux sont ceux aujourd’hui qui attendent la réouverture de l’aéroport de Nouméa pour faire leur valise.
Une nouvelle preuve que l’Etat a perdu une grande partie de son autorité nous a été administrée samedi, peu avant la finale de la Coupe de France entre l’Olympique Lyonnais et le PSG au stade Pierre Mauroy de Lille (à 24 heures d’avion de Nouméa), lorsqu’une bagarre générale a éclaté sur un péage de l’A 1, à proximité d’Arras, entre supporters des deux équipes. Bilan de la confrontation malgré la présence importantes des CRS, une trentaine de blessés (!) un car incendié, plusieurs autres caillassés, une barrière de péage endommagée et la circulation sur l’autoroute interrompue … Doit-on d’ailleurs parler de supporters lorsque leur sport favori n’est pas le foot mais de se tabasser entre eux ? La vie en société n’est faite désormais que de violences verbales et agressions physiques, et alors que la France est sur le point d’accueillir les Jeux Olympiques à Paris cet été, nous avons beaucoup de soucis à nous faire pour les mois à venir.
Le grand philosophe allemand Hegel écrivait : « Le droit, l’ordre éthique, l’Etat constituent la seule réalité positive et la seule satisfaction de la liberté ». Que nous reste-t-il aujourd’hui du droit, de l’ordre éthique et de l’Etat, telle est la question.