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2025, un remake du film « Docteur Folamour » ?

 « Impérialiste révisionniste !   » (Macron à propos de Poutine), « petit Napoléon !  » (Poutine à propos de Macron), entre le président français et l’autocrate russe les compliments pleuvent ces jours-ci, sur le mode je t’aime moi non plus.  Et qu’on se rassure dans ce petit jeu de massacre Donald Trump ne demeure pas en reste. Tant qu’il ne s’agit que de mots, rien d’inquiétant, le risque serait qu’un jour les mots dépassent leurs pensées et qu’ils en viennent aux mains sur l’air de « je te tiens par la bombinette » …
Deux motifs peuvent nous conduire vers le feu nucléaire qui signifierait la destruction en tout ou partie de la planète. Je rappelle pour mémoire que l’arsenal mondial compte près de vingt mille ogives atomiques  et que selon les scientifiques un millier d’entre elles suffirait à anéantir la presque totalité de l’Humanité et rendre la planète inhabitable pendant des siècles. Le premier motif est la tentation, lorsqu’on possède des armes de s’en servir, un jour ou l’autre. Et le second motif est l’Ego qui incite ceux qui nous gouvernent à se demander lequel d’entre eux ferait pipi le plus loin en exhibant fièrement leurs bistouquettes de sexagénaire, de quadragénaire et de septuagénaire.
C’est moi ! dit le président français qui s’est lui-même comparé à Jupiter, ce à quoi l’autre lui répond, en exhibant son torse viril de judoka ceinture noire, non, c’est moi ! Quant au président américain il roule les mécaniques et compte les points, en espérant comme tout bon croupier ramasser la mise sur le tapis vert.
Ce serait en effet tellement plus simple de régler nos différents sur un tatami en s’agrippant par le kimono, au moins seuls les intéressés risqueraient de se déboîter un genou ou une épaule. Alors que là,  en  propulsant des missiles nucléaires au-dessus de nos têtes depuis les sous -marins et les avions Rafale, ou Sukoî, nos territoires et leurs populations s’exposent purement et simplement à être vitrifiés. Nous retournerions alors à l’ère glacière, sombre perspective.
Depuis qu’Oppenheimer a découvert la fission nucléaire avec le projet Manhattan dans  son laboratoire de Los Alamos au Nouveau-Mexique et que l’Amérique a expérimenté  son invention en août 1945 sur deux villes japonaises, Hiroshima et Nagasaki, le monde vit depuis plus de 80 ans sous un faux semblant de paix, ou plutôt d’équilibre de la terreur, au nom la dissuasion nucléaire, chacun sachant que le premier qui appuie sur la gâchette se condamne lui-même.
Cela me fait irrésistiblement penser à la fable de la grenouille et du scorpion qui doivent traverser un cours d’eau. Le scorpion qui ne sait pas nager demande à la grenouille de l’emmener sur son dos jusqu’à l’autre rive, mais celle-ci s’inquiète, « qui me dit que tu ne vas pas me piquer avec ton aiguillon venimeux durant la traversée », le scorpion la rassure « si je fais cela, je me noierai avec toi, ne sois pas bête ». La grenouille accepte alors, mais au milieu de la rivière le scorpion la pique et la grenouille dans un râle d’agonie lui demande « pourquoi as-tu fait cela, on va mourir tous les deux » .. et le scorpion de lui dire « je n’y peux rien, c’est dans ma nature ». Cette fable illustre le fait que certains comportements sont irrépressibles, indépendamment de leurs conséquences. Qui peut douter un seul instant qu’Adolf Hitler aurait utilisé l’arme nucléaire avant la chute de Berlin, s’il l’avait possédée ?
La situation actuelle n’est pas non plus sans parallèle avec ce qu’on a appelé, dans les années 1960 la crise des missiles de Cuba, où le monde est passé à deux doigts d’une catastrophe, Kroutchev et Kennedy étant sur le point d’activer leur propre code nucléaire.
Cet acte manqué devrait nous inciter à la plus extrême prudence, or c’est tout le contraire que nous voyons. De Poutine à Trump en passant par Macron, tout le monde y va ces temps-ci, de son petit couplet sur les risques d’une troisième guerre mondiale, au point qu’à force de l’évoquer la chose deviendrait presque naturelle, banale. Cela n’est pas sans nous rappeler la morale du conte d’Andersen « La petite fille aux allumettes » : Jouer avec le feu est dangereux. C’est désormais à celui d’entre eux qui endossera le rôle du docteur Folamour,  du nom du film de Stanley Kubrick. Sorti en 1964, en pleine période de la guerre froide, il raconte le déclanchement d’une frappe nucléaire massive sur l’Union soviétique par un général de l’armée de l’air américaine paranoïaque et le risque d’un holocauste nucléaire. A l’origine le film était un thriller de Peter Bryant intitulé : « 120 minutes pour sauver le monde« , la différence est qu’aujourd’hui avec les missiles balistiques ce n’est pas deux heures qu’il faudrait à un Sartmat russe pour raser Paris, Berlin ou Londres, mais trois minutes seulement !
Reste à savoir, qui de nos dirigeants est la grenouille et lequel est le scorpion.
Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

Après le Vietnam, l’Iran, l’Irak, l’Afghanistan … l’Amérique lâche l’Ukraine et l’Europe !

On a trop tendance à l’oublier mais la décision de Donald Trump de cesser les livraisons d’armes à l’Ukraine n’est que le dernier épisode d’une longue liste d’abandons et de retournements d’alliances.
Doit-on être surpris quand on sait que ce pays a toujours privilégié ses propres intérêts au détriment d’autrui. Le Vietnam, l’Iran, l’Irak, l’Afghanistan en sont les meilleurs exemples, bien que voulant être le gendarme du monde et imposer à tous les habitants de la planète sa vision des choses. Aujourd’hui je comprends mieux le sentiment des Hongrois quand, en 1956, ils ont vu déferler dans les rues de Budapest, un millier de chars russes avec l’étoile rouge, sur les ordres de Kroutchev bien décidé avec le politburo à mater dans le sang un mouvement contestataire qui risquait de faire tache d’huile parmi les pays satellites de l’URSS.
L’Union soviétique, que les hongrois voyaient jusque là comme un grand frère, les traitait soudainement comme un ennemi. Quelle déception pour eux, et quelle humiliation ! Albert Camus avait alors décrit  » les rites sanglants et monotones de la religion totalitaire « 
La même humiliation  a été infligée par Donald Trump à Volodimir Zelensky il y a quelques jours, après trois années de guerre en Ukraine, des centaines de milliers de morts et des blessés et un pays dévasté par les bombardements. En pure perte ! Une fois de plus le bourreau, en l’occurrence Poutine qui au mépris de toutes les lois internationales a envahi un pays souverain et violé ses frontières, va triompher de sa victime, le peuple ukrainien. L’histoire est un perpétuel recommencement ! On n’est jamais trahi que par ses amis et c’est pour cela que c’est tellement douloureux et que cela ajoute à la tragédie actuelle.
Aujourd’hui, Donald Trump vient de signer l’arrêt de mort d’une certaine idée de l’Occident et plus grave encore, de son message porteur de  paix et de démocratie. Le fameux « monde libre » est parti en fumée un certain vendredi 28 février 2025 à la Maison Blanche à Washington, et avec lui les illusions, les espoirs de millions de personnes à travers le monde qui ont voulu croire en l’Oncle Sam et au contre-feu qu’il représentait face à tous les totalitarismes.  Les européens se souviendront longtemps de cette funeste date, où ils ont été abandonnés lâchement en rase campagne par leurs alliés historiques, comme les américains ne sont pas prêts d’oublier un certain 11 septembre 2001.
Et comme les occupants successifs de la Maison Blanche sont toujours prompts à se moquer de la « vieille » Europe, je leur rappellerai  une des pages les plus sombres de leur histoire, avec le génocide des peuples autochtones autrement dit le massacre des indiens, au XIXème siècle, le meurtre des grands chefs Sitting Bull et Big Foot, l’anéantissement de leurs tribus, femmes et enfants compris, l’éradication de l’Empire sioux et la « rééducation » accélérée des survivants pour les convertir à l’American way of life. Pour ceux que le sujet intéresse je conseille vivement l’ouvrage de Laurent Olivier « Ce qui est arrivé à Wounded Knee » ou encore « Génocide des Amériques » par Marcel Grondin et Moema Viezzer.  Le poète américain John Trudelle a écrit très justement : « La vérité est une arme plus puissante qu’un fusil ou une bombe« , voilà bien une vérité que Trump, Vance et Cie s’efforcent de dissimuler sous le  tapis dans leur réécriture de l’histoire actuelle et leurs remontrances arrogantes.
Le 28 février 2025, retenez bien cette date, figurera peut-être demain dans les manuels comme une nouvelle page sombre de l’histoire des Etats-Unis.
Désormais plus rien ne s’oppose en effet à la voracité des dictatures, des empires renaissants et de leurs dirigeants autocrates qui vont pouvoir dépecer tout à loisir le cadavre d’un monde dont les valeurs de liberté, d’altruisme et d’émancipation des peuples, sont mortes, calcinées dans la cheminée du bureau ovale. Il aura suffi à son locataire de faire craquer une allumette dans l’âtre pour que tout s’embrase et que nos espoirs pour un monde meilleur s’envolent.
Au siècle des Lumières a succédé celui des ténèbres, la nuit a enveloppé de son linceul le monde libre et un froid polaire s’est abattu sur l’Europe, d’Est en Ouest !
Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

Quand l’Europe s’éveillera !

En 1971, Alain Peyrefitte, ministre du général de Gaulle publiait « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera » on peut saluer son côté visionnaire, trente ans plus tard la Chine s’est éveillée et Mao triomphe de façon posthume. 

On en voit le résultat : un expansionnisme économique débridé, pardon pour le jeu de mot, illustré par les routes de la soie, une volonté de conquête territoriale, Taïwan, et une remise en cause de l’ordre international (alliance avec la Russie et le sud global), établi au lendemain de la seconde guerre mondiale. On a assisté ces dernières années à la renaissance d’un Empire, celui du milieu. Et face à celui-ci, l’empire russe, et surtout américain, et à moindre échelle l’empire turc ( ex empire Ottoman) et l’empire iranien (ex empire Perse). Les tsars et les empereurs sont de retour, les peuples n’ont qu’à bien se tenir, la France, de son côté, peut compter sur son monarque républicain en vertu de la constitution de la Vème République.

Dans tout ce gloubi boulga planétaire quelle est la place de l’Europe ? Hier encore grande puissance industrielle, coloniale et économique, elle s’est, ces dernières décennies, endormie, telle la Belle au bois dormant. Et comme dans les comtes de Perrault, nous la voyons sous nos yeux sortir de sa torpeur sous l’effet d’un baiser, non d’un prince charmant, mais  de Donal Trump un autocrate sorti tout droit des cartons d’Hollywood, un fantôme qui depuis son échec voici quatre ans rêvait de prendre sa revanche et hantait,  les couloirs de la Maison Blanche devenue un château hanté. L’oncle Sam en a plus qu’assez de transfuser le patient européen depuis 1945, de lui assurer la protection otanienne et l’abri du parapluie nucléaire US et exige aujourd’hui qu’il devienne adulte et assume sa destinée. Il lui faut quitter le giron familial et voler de ses propres ailes.

Et le prince charmant ne prend pas des gants et n’y va pas avec des pincettes pour larguer les amarres, comme on l’a encore vu lorsqu’il a reçu vendredi à Washington Volodimir Zelenski le président ukrainien qu’il a copieusement humilié publiquement. La suffisance, l’arrogance, la violence des propos, les vociférations de Donald Trump sont sans limite.

De cette sommation, de ce mal peut toutefois sortir un bien et faire demain de l’Europe une vraie puissance mondiale, avec notamment une réelle communauté de défense, et non un vassal des grands de ce monde comme c’est le cas aujourd’hui. A condition cependant de le vouloir. Ne dit-on pas que les accouchements se font souvent dans la douleur ? Et bien c’est le cas, ici et maintenant. L’Europe n’a d’ailleurs pas le choix car elle est le dos au mur. Et qui sait si demain un écrivain ne va pas publier un livre intitulé « Quand l’Europe s’éveillera » ? Nous aurons alors assisté à une mutation radicale de vieilles nations en un continent, délivré de ses dépouilles, ayant endossé des habits neufs.

Pour en arriver là, il aura fallu une guerre en Ukraine et le péril russe, qui n’est plus rouge, à nos frontières, des dizaines de milliers de morts, et surtout l’élection présidentielle d’un revenant dans la capitale américaine.

Aujourd’hui toutes les planètes sont alignées, les voyants sont au vert, alors saisissons l’opportunité qui se présente, sous peine de disparaître dans les profondeurs de l’histoire.

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

Se coucher devant l’Algérie n’est pas une option !

Comment s’étonner que l’Algérie nous déteste autant si on se souvient qu’en 2017, Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle, avait déclaré : la colonisation « est un crime contre l’humanité », anticipant deux quinquennats de repentance, car si ce n’est pas là des verges pour se flageller, qu’est-ce que c’est ? Ces jours-ci, sur les ondes de RTL, Jean-Michel Apathie, journaliste bien-pensant de gauche, qui ne brille pas toujours pour la pertinence de ses propos, loin s’en faut, a fait mieux encore, en déclarant que « l’armée nazie s’est inspirée de ce que nous avons fait en Algérie« , à savoir des massacres parmi la population et des « centaines d’Oradour-sur-Glane ». On ne fait pas mieux pour salir la mémoire de milliers de soldats du contingent et déshonorer leurs familles, c’est proprement ignoble  ! Accessoirement, le chauve le plus célèbre de la radio s’est bien gardé, avec son accent du sud, d’évoquer les tueries de masses de harkis par le FLN, après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, on parle de plus dix mille tués. Il aura à répondre de ce détournement odieux de l’histoire devant l’ARCOM, qui a ouvert une instruction.

Aujourd’hui l’Algérie veut nous faire payer 130 ans de colonisation et son gouvernement utilise notre pays comme un bouc émissaire à tous ses problèmes, s’en servant comme une sorte d’exécutoire pour le peuple qu’il enfume quotidiennement de ses mensonges, et accessoirement comme d’un paillasson, où il essuie ses croquenots. Au demeurant que fait l’Algérie, si prompte à condamner les autres; du fait qu’elle a contribué très largement, et durant plusieurs siècles, à la traite négrière arabo-musulmane ? Celle-ci est volontairement occultée dans les mémoires de l’esclavage, alors que si la traite occidentale s’est étalée sur 3 siècles, la traite arabo-musulmane s’est étendue sur 13 siècles, dix de plus. Elle a d’ailleurs été qualifiée par l’anthropologue sénégalais Tidiane N’Diane, de « génocide voilé ». Celui-ci précisait en outre que «  les effets de ce commerce négrier ont été pour l’Afrique noire bien plus dévastateur que la traite atlantique« . Plus près de nous, en 2017, des migrants étaient encore réduits à l’état d’esclavage en Libye et vendus comme du bétail, preuve que la négrophobie est fortement enracinée dans le Maghreb. Le président algérien, s’il était honnête, devrait reconnaître que seule une forme de fraternité religieuse dans l’islam a abouti à l’oblitération par les africains de ces siècles d’asservissement et que par voie de conséquences l’homme blanc ne devrait pas être le seul qualifié d’esclavagiste et de colonialiste.
Les polémiques qu’il entretient avec l’ancienne puissance coloniale lui permettent surtout de détourner l’attention du peuple de la corruption endémique qui sévit dans le pays et d’un régime paranoïaque qui va jusqu’à pousser la provocation en incarcérant l’écrivain franco algérien Boualem Sensal, sur la base de motifs fallacieux, (atteinte à la sécurité nationale), qui se meurt à petit feu dans une geôle sordide.
La question est : Allons-nous continuer longtemps à nous coucher devant ces héritiers du FLN, ou allons-nous, un jour ou l’autre nous  décider à leur faire rendre gorge ? Allons-nous enfin recourir à des moyens de rétorsion en limitant drastiquement le nombre de visas délivrés chaque année, (pas moins de 250 000 en 2024) interdisant le séjour à Paris de dignitaires algériens venus se faire soigner ou se pavaner dans les palaces parisiens, et surtout en renégociant les accords (circulation, séjour et emploi) signés entre Alger et Paris en 1968 ? Pour mémoire, il s’agit d’un traité qui déroge au droit commun des étrangers en favorisant les ressortissants algériens par rapport à d’autres nationalités, leur permettant par exemple de bénéficier plus facilement du regroupement familial, de pouvoir exercer une profession indépendante et de commerçant, sans parler d’avantages spécifiques en cas de mariage.
Comment s’étonner dans ces conditions que la part des algériens dans l’immigration arrive en première place et représente plus de 12% ? Précision importante, ce texte, qui relève du droit international, prime sur le droit français ! Qu’attend-on pour dénoncer de tels accords en faveur d’étrangers qui ne se cachent pas de « niquer la France » ? En faveur aussi d’un régime algérien qui refuse de reprendre ses représentants visés par une OQTF (en infraction avec la convention de Chicago) comme on l’a vu encore récemment avec l’auteur d’une attaque au couteau à Mulhouse qui a coûté la vie à une personne. L’Algérie a refusé, à dix reprises, de récupérer l’individu sur son territoire !
D’après la Fondapol, on a recensé en France au cours des treize dernières années 304 victimes du terrorisme islamiste et entre le 11 mars 2012 (Mohamed Merah) et le 22 février 2025 (Mulhouse) on a décompté 60 attentats dans 33 communes et 24 départements. Pendant combien de temps encore le terrorisme islamiste va-t-il tuer des innocents ?
Allons-nous devoir culpabiliser et faire notre mea culpa ad vitam aeternam, ce qu’espère le gouvernement algérien ? A moins d’être maso, évidemment non. On ferait mieux de s’interroger sur les motivations qui poussent les algériens à être aussi nombreux à vouloir s’installer en France, dans un pays à ce point décrié ? Quant au président Tebboune il devrait se demander si cet exil de la part de ses compatriotes ne constitue pas un désaveu cinglant de sa politique ? Lorsqu’on est bien chez soi, on y reste !
Que le chef de l’Etat algérien accepte ce modeste conseil : Au lieu de voir la paille dans l’œil de la France, qu’il regarde plutôt la poutre qu’il a dans le sien, et s’il a un problème de vue, ce que je crois, notre pays est tout disposé à lui offrir une consultation chez un ophtalmo, (L’Hôtel Dieu à Paris possède un excellent service) et pourquoi pas une convalescence sur la Côte d’Azur. Il aurait tout loisir de lire l’excellent article de Azzedine Hajji paru dans La Revue Nouvelle, sous le titre : « De la traite arabo-musulmane à la négrophobie contemporaine », je lui recommande.
Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

Trump et Poutine jubilent et l’Europe agonise !

On savait qu’avec Donal Trump on ne serait pas au bout de nos surprises au cours des quatre années à venir. Ce qui s’est passé cette semaine nous en donne un avant-goût. Qui aurait pu imaginer une seule seconde, voici encore quelques mois, qu’un milliardaire capitaliste, tenant du libéralisme le plus sauvage, au point d’être qualifié de libertarien, sortirait le chef du Kremlin, un ancien colonel du KGB, du coma géopolitique dans lequel il est plongé depuis bientôt quatre ans, et mettrait sur pieds avec lui un business plan à propos de l’Ukraine ? Qu’ils se partageraient, l’un le sol (la Crimée, le Donbass) et l’autre le sous-sol (les terres rares) ? Qui aurait pu penser également que l’émir d’Arabie Saoudite jouerait, grâce à ses pétrodollars, les arbitres de beauté dans un conflit européen ? A croire que le réchauffement climatique a ramolli le cerveau de certains ! Quant aux européens, chacun se demande s’ils existent encore alors que c’est leur continent et leur propre sécurité dont il est question !

Le plus grave dans tout cela c’est que les ukrainiens, les principales victimes de ce conflit meurtrier, sont, eux aussi, snobés, par l’Oncle Sam et l’Ours de Sibérie. Les uns et les autres n’ont même pas eu droit à un strapontin à Ryad, quel mépris souverain de la part de celui qui se considère déjà comme le maître du monde ! Et voilà qu’on nous ressort de la naphtaline Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, dont on entendait plus parler depuis des lustres et qu’apparaît à côté du conseiller américain à la sécurité nationale et du secrétaire d’Etat Marco Rubio, un « assistant et envoyé spécial de Donald Trump pour la Russie et l’Ukraine », un certain Steve Witkoff, milliardaire, plus connu pour sa passion du golf que comme expert en traités internationaux, et qui a fait, lui aussi fortune, dans l’immobilier. C’est comme si Emmanuel Macron demandait à Stéphane Plazza, gérant d’un réseau d’agences immobilières, d’être son spécialiste des questions internationales !!

Dépecer l’Ukraine n’est pas sans nous rappeler qu’en 1945, l’Union soviétique de Staline avait déjà découpé l’Europe en deux : l’Est et l’Ouest, s’accaparant sur le dos de la défaite des armées hitlériennes la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie et une partie de l’Allemagne. Ne dit-on pas que l’histoire est un perpétuel recommencement. Et ce qui se passe aujourd’hui entre Washington, Moscou et Kiev n’est pas sans rappeler qu’à la fin de la seconde guerre mondiale les américains, eux aussi, avaient tenté d’exporter leur hégémonie sur le sol européen, notamment en France où Franklin D. Roosevelt voulait imposer l’administration US dans l’Hexagone, à commencer par une monnaie qui aurait remplacé le franc, d’où l’empressement de l’auteur de l’appel du 18 juin de nommer immédiatement des préfets dans les départements libérés, dès les premières heures du débarquement. Heureusement que de Gaulle ne s’en est pas laissé compter, lui que les vainqueurs de la seconde guerre mondiale, Staline, Roosevelt et Churchill, avaient évincé de la conférence de Yalta voici 80 ans, où ils s’étaient partagés le monde et répartis les rôles de dirigeants de la planète. Le drame aujourd’hui, c’est que n’est pas de Gaulle qui veut et que le costume est sans doute trop grand pour un Zélensky malgré tout son courage et la résistance héroïque du peuple ukrainien. L’Europe a d’ailleurs sa part de responsabilité dans la situation actuelle car entre 1990 et 2010 elle a préféré fermer les yeux, refusant de voir les évidences, se reposant exclusivement sur le parapluie nucléaire américain et s’obstinant à nier la nécessaire construction d’une politique de défense commune, seul moyen d’assurer sa sécurité. De ce point de vue, on peut véritablement parler des « Trente glandeuses » et non des Trente glorieuses, et on voit où cela nous conduit aujourd’hui.

Lundi dernier, à l’Elysée, Emmanuel Macron a bien tenté de reconstituer les morceaux épars du puzzle européen, mais c’était peine perdue, les alliances et les intérêts des uns et des autres étant trop divergeant. Le chef de l’Etat français verra bien Donald Trump la semaine prochaine à Washington, après toutefois que celui-ci ait reçu durant le week-end Cyril Hanouna, l’animateur de C8, dans sa propriété de Floride. Quelle humiliation ! Jupiter aura bu la coupe jusqu’à la lie. A Paris, l’Europe a acté une nouvelle fois son impuissance, au point d’apparaître efficace que lorsqu’il s’agit d’édicter des directives agricoles et industrielles à ses membres ou de leur imposer des centaines de milliers de normes et des contraintes budgétaires qui les ligotent littéralement. A l’heure du réveil des empires, américain, russe, chinois, turc, iranien, et de nouvelles conquêtes territoriales au détriment du droit international, le déclin européen est inquiétant et laisse présager des jours funestes à venir.

Un peu partout au nord et au sud, à l’est comme à l’ouest, des régimes populistes et des dirigeants despotiques mettent à mal une démocratie occidentale à bout de souffle, prête, telle une poule de luxe, à s’offrir au plus généreux. Et l’Europe qui, hier encore, était aux yeux du monde, un archipel de paix, de progrès et de liberté montre l’ampleur de sa faiblesse au point que le continent ne sera plus bientôt qu’un figurant dans le grand jeu international, après en avoir été un acteur majeur au cours des siècles passés. Qu’est devenue l’Europe des Lumières ? Pour l’Europe cet échec cuisant constitue une véritable Bérézina, du nom de la rivière biélorusse qui symbolise la défaite de l’armée napoléonienne en 1812 face aux russes. Bis repetita !

Et pendant ce temps deux autocrates jubilent et se tapent sur les cuisses : Poutine et Trump, au point que lors de leur rencontre prochaine en Arabie Saoudite, à Ryad, on ne sait pas encore s’ils partageront un Mc Do ou un Bortsch et lèveront leur verre de vodka ou de whisky, à la santé d’une Europe admise en soins palliatifs.

Entendez-vous ces râles d’agonie qui se font déjà entendre à Vienne, Berlin, Madrid, Rome, Bruxelles et Paris, le cœur bat encore mais le pouls est de plus en plus faible, et la signature de l’acte de décès n’est pas loin. Etre ou ne plus être, est plus que jamais la question, n’est-ce pas William ?

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

 

P.S : Je ne voudrais pas terminer cette chronique hebdomadaire sans m’arrêter un instant sur la situation inique qui est faite au maire de Béziers, Robert Ménard, poursuivi par la justice après avoir refusé de célébrer le mariage d’un individu qui a fait l’objet de deux OQTF et a été condamné à six mois de prison avec sursis pour vol avec violence. C’est oublier que si un maire est « officier de l’état civil », il est aussi « officier de police judiciaire ». Comment peut-on dans ces conditions lui demander tout à la fois de « respecter le droit » et de commettre une infraction ? Il y a là, entre le code pénal et le code civil une inadéquation de nos textes qu’il est urgent de corriger, afin notamment que des élus de la République ne soient pas traités comme des délinquants. Sinon, il y a fort à parier qu’il y aura encore de moins en moins de candidats à postuler demain pour un mandat de maire. Là aussi notre démocratie locale s’étiole et se délite de plus en plus.

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