Catégorie : La plume au vent Page 27 of 41

Bettencourt, Halliday, Delon, ces familles qui lavent leur linge sale en public !

Une célèbre locution verbale recommande de laver son linge sale en famille et de ne pas exhiber en public les différents et mésententes qui nourrissent, et pourrissent, la vie des personnes d’un même groupe à l’heure de la lecture du testament. Du moins chez les familles fortunées.

Mais qui sait aujourd’hui que cette expression remonte au XIXème siècle lorsque les femmes allaient laver leur linge au lavoir communal et en profitaient pour échanger les rumeurs et les derniers ragots qui bruissaient en ville. C’est la raison pour laquelle Honoré de Balzac dans son roman « Eugénie Grandet » avait expliqué que certaines histoires étaient trop sensibles pour être déballées en public et qu’au contraire ce « linge sale » ne devait se laver qu’en famille.

Les temps ont changé, et les lavoirs municipaux ont laissé la place aux réseaux sociaux et à la télévision pour colporter les commérages et autres médisances, comme on vient de le voir cette semaine à propos d’Alain Delon. Les uns les utilisent pour servir leur cause, comme son fils Anthony l’a fait cette semaine dans Paris Match et sur CNews, les autres, les lecteurs et les téléspectateurs pour se délecter de ce genre d’affaires aussi scandaleuse que nauséabonde. D’un côté il y a les exhibitionnistes, de l’autre les voyeuristes et au milieu un magot de trente millions d’euros. Chacun y trouve ainsi son compte.

Souvenons-nous aussi de l’affaire Liliane Bettencourt avec sa fille Françoise et le gigolo François Bannier, là aussi pour une affaire de gros sous. Cela a d’ailleurs plutôt bien réussi à Françoise Bettencourt Meyers, héritière de l’Oréal, qui est aujourd’hui la première femme à la tête d’une fortune de plus de cent milliards de dollars, tandis que sa mère est morte, à 94 ans, dans la nuit du 20 au 21 septembre 2017.

Plus récemment nous avons également eu droit aux turpitudes à ciel ouvert de la succession de Johnny Halliday, lorsqu’on a découvert qu’une clause juridique faisait de son épouse Laeticia sa seule héritière au détriment de ses enfants Laura et David.

A chaque fois le même scénario s’est reproduit et on a vu des clans, jusque-là soudés, se déchirer, s’étriper, s’écharper face à une opinion publique médusée, devant les micros et caméras des médias du monde entier. Sans aucune pudeur, sans respect de soi-même et vis-à-vis du défunt. Il est vrai que, là aussi, on parlait d’un héritage d’une centaine de millions d’euros, de quoi susciter bien des convoitises.

Chez les pauvres, on se contente de partager le service à café en porcelaine de la grand-mère, les paires de drap en coton, le buffet Henri II,  la chambre à coucher en merisier, quelques ustensiles de cuisine, et le reliquat d’un PEL à la Caisse d’Epargne. Chez le notaire, les héritiers écouteront respectueusement l’officier ministériel leur attribuer ce qui leur revient, c’est-à-dire  pas grand chose et en quittant l’étude continueront ils de s’aimer comme avant, conscients que l’argent ne fait pas tout dans la vie et que les vraies valeurs, qu’on a apprises, « à ces gens-là » se situent ailleurs.

Ces histoires de riches, de célébrités, dignes de nos lavoirs communaux, fascinent les gens, car le peuple a besoin de rêver et ces sommes, à faire tourner les têtes, leur donnent le vertige. Les mêmes, y compris de condition modeste, sont d’ailleurs prêts à débourser entre 100 et 400 euros le prix d’une place pour voir un match PSG – OM au Parc des Princes et admirer les dieux du stade, des stars du ballons ronds riches à milliards, roulant en Ferrari, se déplaçant en Jet privé pour aller à Marbella et habitant des villas à plusieurs dizaines  de millions d’euros.

Déjà, du temps des Romains on assurait que pour rendre le peuple heureux il suffisait de lui fournir « des jeux et du pain », le distraire et le nourrir. Rien n’a changé, ou si peu, en vingt siècles !

Avec toute mon admiration pour Lama, jeune reporter palestinienne de neuf ans.

Quand j’ai découvert à la télévision les images de la petite palestinienne de neuf ans, Lama Abou Jamous, outre un profond sentiment d’admiration pour son courage, son intelligence et sa sensibilité, je me suis trouvé plongé plusieurs décennies en arrière, lorsqu’à son âge j’improvisais  dans ma chambre des émissions radio, avec le rasoir de mon père en guise de micro. Mon avenir professionnel et ma passion du journalisme s’écrivaient à ce moment-là.

La vocation n’a pas d’âge et cette passion pour le métier de reporter ne m’a plus jamais quitté depuis lors, devenant successivement responsable du journal de ma MJC, puis rédacteur en chef du journal de l’université, stagiaire à OuestFrance et responsable de l’information d’une radio associée à ce grand journal, avant de diriger des sites d’actualité internationale.

Lama vit et couvre l’enfer de la guerre à Gaza, à seulement neuf ans. Pour ma part j’y ai été confronté beaucoup plus tard, lors de la première guerre du Golfe en Arabie Saoudite puis en Somalie, en Bosnie, en Albanie et au Kosovo. Comme elle, avec un gilet pare-balle et un casque. J’imagine qu’elle est souvent terrifiée, comme il m’est arrivé de l’être dans sniper allée à Sarajevo, mais que, tout comme moi, elle a oublié sa peur afin de recueillir dans son micro les paroles d’enfants de son âge qui vivent sous les bombardements aériens. Le besoin de témoigner reste le plus fort. La grande différence entre elle et moi est que j’étais un adulte et elle encore une petite fille, ce qui place sa démarche et son courage dans une autre dimension. En arpentant ainsi les ruines, au péril de sa vie, elle donne au monde une grande leçon, à un âge où on les apprend plus qu’on ne les administre.

Comment ne pas être fier d’exercer ce métier de journaliste quand on voit cette frêle silhouette si fragile arpenter les rues dévastées de sa ville, avec son casque Press  trop grand pour elle, pour raconter avec une lucidité incroyable sa vie, et celle des autres sous les bombes. A un moment donné, effectuant un reportage au Sud Liban, à la frontière avec Israel, je n’étais pas loin de cette bande de terre aujourd’hui meurtrie, après que des israéliens, dans leur kibboutz, aient été sauvagement assassinés par des terroristes du Hamas. Cette région qu’on appelait la Terre promise est devenue un enfer sur terre, le temps des miracles est passé et les espoirs de paix entre frères ennemis israéliens et palestiniens n’ont jamais été aussi éloignés. La vengeance et la haine sont trop prégnantes.

Demain, il  y a fort à parier que Lama deviendra correspondante pour la chaîne Al Jazeera ou d’un autre grand média du Proche-Orient et fera une brillante carrière de reporter car un jeune talent du journalisme est né, enfanté dans le bruit des chenilles des chars israéliens et le déchainement des tirs d’artillerie et de roquettes.

A l’heure où nous nous apprêtons à changer d’année, je veux souhaiter de tout cœur à Lama de survivre à ce déchainement de violence qui embrase le Proche-Orient, dont elle est une des nombreuses victimes innocentes. Elle a le devoir de rester en vie car elle deviendra sans aucun doute d’ici quelques années l’Albert Londres féminine palestinienne, avant qui sait, d’en recevoir le Prix à Paris. Bonne chance  Lama, protège-toi du mieux possible  et merci de faire briller aussi bien notre étoile commune, celle du journalisme.

Enfilons des perles pour sourire un peu

Pour cette dernière chronique de 2023 et alors que le climat politique national et international n’a jamais été aussi pesant j’ai souhaité contribuer, modestement, à la décrispation de l’ambiance générale. Voici donc pour le bonheur des yeux, le plaisir de l’esprit et la joie des âmes un florilège de perles rares du célèbre humoriste et regretté Pierre DAC. Avec un grand merci,  post mortem, à lui.

  • Il ne faut pas avoir peur des chevaux sous le capot mais de l’âne derrière le volant,
  • Belle-mère à l’arrière, voyage en enfer,
  • Ce ne sont pas les enfants sur la banquette arrière qui font les accidents, mais bien les accidents sur la banquette arrière qui font des enfants,
  • Il ne faut pas boire au volant, il faut boire à la bouteille,
  • L’argent n’a pas d’odeur, mais quand on n’en a pas, ça sent la merde,
  • Quand tu t’adresses à une femme, il faut un sujet, un verbe et un compliment,
  • Les femmes qui se vantent d’être courtisées par beaucoup d’hommes ne devraient pas oublier que les produits à bas prix attirent beaucoup de clients,
  • La cravate est un accessoire permettant d’indiquer la direction du cerveau de l’homme,
  • Les hommes sont comme des arbres : avec l’âge ils deviennent durs de la feuille et mous de la branche,
  • Si un homme ouvra la portière de sa voiture à une femme, c’est que l’une des deux est neuve,
  • Pour les riches : des couilles en or, pour les pauvres : des nouilles encore,
  • Le suppositoire est une invention qui restera dans les annales,
  • Un comprimé n’est pas forcément un imbécile récompensé,
  • Dites à quelqu’un qu’il y a 300 milliards d’étoiles dans l’univers et il vous croira. Dites-lui que la peinture n’est pas sèche et il aura besoin de toucher pour en être sûr,
  • Certains jouent aux échecs, d’autres les collectionnent,
  • Il n’a pas inventé la poudre, mais il n’était pas loin quand ça a pété.

 

Qui dit mieux ?

Il me reste à vous souhaiter sans attendre pour 2024 un bonheur sans limite, une santé à la carte et une chance XXL.

A l’année prochaine …

La vérité si je mens : Le Père Noël est-il de droite ou de gauche ?

On le reconnaît entre mille à sa longue barbe blanche et sa lourde silhouette enveloppée dans une houppelande rouge. Et pour ceux qui en douteraient encore il suffit de regarder son véhicule, un magnifique traîneau tiré par deux rênes, ce qui, à proprement parler, n’est pas un modèle ordinaire.

Je le confesse, j’ai cru à ce personnage légendaire jusqu’à mes sept ans, que l’on dit être l’âge de raison, et je n’en ai pas honte. Je revendique même quelques décennies plus tard d’avoir gardé une âme d’enfant qui me protège, telle une carapace rassurante, des multiples agressions et tracasseries de la vie quotidienne.

Je ne regrette qu’une chose, qu’on assimile Saint-Nicolas à Coca-Cola, ce qui tend à démystifier le vieux bonhomme rouge qui pénètre nuitamment chez les gens par la cheminée afin de déposer leurs cadeaux aux enfants sages. Je regrette aussi ce récent sondage qui contribue à écorner cette croyance en affirmant que le niveau social, les diplômes ou encore les revenus exerceraient une influence sur l’âge auquel on cesserait de croire au Père Noël.

Que font les sondeurs d’opinion de la magie de Noël ? N’existent-ils que pour nous faire perdre nos illusions et abandonner nos rêves ?

Là, où ils décrochent le pompon, c’est lorsqu’ils nous apprennent que les personnes « de gauche » cesseraient d’y croire plus tôt que les autres. Faut-il y voir là une trace quelconque de l’héritage marxiste ? Et pourtant les électeurs de Jean-Luc Mélenchon n’ont-ils pas cru au Père Noël en pronostiquant l’arrivée de leur poulain à l’Elysée l’année dernière ? Les mêmes sondeurs nous indiquent que les gens de droite croiraient volontiers, et plus longtemps, au Père Noël. Est-ce parce qu’ils sont des défenseurs des valeurs de la famille et de la tradition ? Valérie Pécresse, c’est vrai, voyait, elle aussi, son nom en haut de l’affiche en 2022. Leur déception, à l’un et à l’autre, n’en a été que plus rude !

Voilà ce que c’est que d’être plus naïf que la moyenne.  Et ce n’est pas la faute du Père Noël, car quoi qu’en disent les acteurs du Splendid, Gérard Jugnot le premier, le Père Noël n’est pas une ordure.

 

« La Légion d’horreur » de Gérard Depardieu

Quiconque a vu le reportage de Complément d’enquête, « La chute de l’ogre » diffusé récemment sur France 2, à partir des rushs du film réalisé par Yann Moix lors du voyage effectué en Corée du nord par l’acteur français, ne peut être que révulsé, scandalisé, écœuré, par les propos à vomir, immondes, salaces et répugnants tenus par l’interprète d’Obélix.

Depuis, la polémique ne cesse d’enfler, et après que le Québec ait déchu Depardieu de l’Ordre national du Québec, faut-il aujourd’hui lui retirer la Légion d’honneur ? La question ne se pose même pas, à l’évidence oui !

Cette plus haute distinction nationale a été créée, rappelons-le, le 19 mai 1802 par Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, pour « récompenser les mérites éminents des citoyens et les désigner comme modèles de civisme français ». Si tant est que cette définition se soit appliquée un jour à Depardieu, elle ne l’est plus au lendemain des propos à caractère pédophiles tenus lors de ce déplacement dans la plus infâme des dictatures. A se demander d’ailleurs comment il a pu accepter d’aller se vautrer dans des palaces d’un pays où régulièrement la population crève de faim. Mais cela est une autre histoire, celle de la complaisance de certaines personnalités vis-à-vis des pires crapules de la planète et cette circonstance, loin d’être atténuante, ne plaide pas en faveur de l’acteur.

Initialement cette distinction était attribuée aux militaires les plus valeureux, dont certains avaient accepté de sacrifier leur vie au service de la nation, 75% des effectifs jusqu’au Second Empire, avant d’être remise plus largement aux civils (politiciens, artistes, sportifs, artisans, journalistes, etc.) pour aller jusqu’à compter 320 000 membres en 1962. C’est pour mettre fin à cette inflation, cette pléthore de légionnaires, que le Général de Gaulle décida de ramener ce nombre à 125 000.

Après qu’on ait retiré la Légion d’honneur au couple Balkany, pour « fraude fiscale d’une ampleur exceptionnelle et à Lance Amstrong pour dopage sur le Tour de France, on comprendrait mal que Depardieu n’en soit pas déchu alors qu’il est visé par deux plaintes, pour agression sexuelle et pour viol, et suite aux propos obscènes tenus publiquement et face à une caméra. Et si concernant les Balkany, Amstrong et Cie le motif invoqué était un « comportement contraire à l’honneur », il devrait en être de même pour cet acteur qui a embrassé la double nationalité franco-russe et qui au-delà de frayer avec Kim Jong-un, se flatte d’une amitié de vingt ans, aussi douteuse que dangereuse avec Vladimir Poutine, le maître du Kremlin.

Dans les années quatre-vingt, le cinéaste Pierre Schoendoerffer réalisa un superbe film : « L’honneur d’un capitaine » avec Jacques Perrin. Gérard Depardieu vient quant à lui d’être la vedette de son plus mauvais scénario : « L’honneur perdu d’un acteur ».

 

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