Catégorie : Accueil Page 3 of 29

Coup de Jarnac de l’Oncle Sam sur le Cognac

En voyant les évènements qui se déroulent actuellement sous nos yeux je me suis dit qu’entre les conquistadors de la tech (Google,  Apple, Amazon, Facebook, Microsoft) et les prédateurs de la politique (Donald Trump, Javier Milei, Jair Bolsonaro, Poutine, etc.) autant de libertariens, anarcho-capitalistes, il n’y avait que l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette. Ils jouent tous la même partition et sont mués par un désir commun de transgression. Sous l’Antiquité la politique était ce qu’il y a de plus noble lorsqu’elle consiste à gérer les affaires de la cité, hélas ce n’est plus guère le cas aujourd’hui, à l’exception de l’échelon communal,  et comme les entrepreneurs d’Internet nos dirigeants actuels sont les dignes héritiers de César Borgia, qui était le modèle de Machiavel dans « Le Prince ». Résultat, nous évoluons de plus en plus dans un univers chaotique, violent dont la seule règle est l’action disruptive suscitant sidération de la part des peuples médusés par tous ces bouleversements planétaires.

Une des meilleures preuves de ce que j’avance vient de nous être fournie par le locataire du bureau ovale de la Maison Blanche, où, au-delà de son immixtion dans les affaires de l’Ukraine en vue d’un hypothétique règlement de paix avec la Russie,  il vient d’annoncer des mesures de nature à bouleverser l’équilibre du commerce mondial.  J’en veux pour preuve l’escalade tarifaire à laquelle on assiste, une véritable guerre des taxes susceptible de provoquer un embrasement général : + 25% pour les produits importés du Canada et du Mexique, + 25% sur l’acier et l’aluminium pour le monde entier ! L’administration Trump a ainsi dans le collimateur par moins de 17 000 produits pour les 166 pays membres de l’OMC (l’Organisation mondiale du commerce).

Du coup, le gouverneur de l’Ontario au Canada a augmenté de 25% le prix de l’électricité produite dans son Etat à destination des Etats-Unis.  Trump, qui a vu rouge, a alors doublé la taxe pour l’Ontario à 50 %, ubuesque ! Et avec l’Europe les choses ne sont pas différentes,  le président américain décochant une super taxe de 200 % sur les vins et spiritueux qui entraînera inévitablement, à titre de représailles, des taxes supplémentaires sur le bourbon, les Harley-Davidson ou encore les jeans.  Une véritable folie ! Il est vrai que le même Trump a signé il y a quelques jours, le 20 mars, un décret sabordant le ministère de l’Education, montrant qu’on devait s’attendre à tout avec lui, même au pire. L’ancien président des Etats-Unis Abraham Lincoln (1861 à 1865) devait penser à lui lorsqu’il a déclaré : « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ».

De ce yo-yo fiscal les prévisionnistes prévoient déjà une diminution de la croissance américaine, qui était estimée jusque-là à 2,3%, à 1,5%. Il y a également fort à parier qu’on assistera dans les mois à venir à une augmentation de l’inflation en Amérique, ce qui ne fera pas les affaires des plus modestes et parmi eux un grand nombre d’électeurs des couches les plus populaires qui ont voté républicain. Sa politique monétaire imprévisible liée à sa pensée paradoxale ébranle déjà la confiance dans le billet vert. Pour quelqu’un qui prétend redonner sa grandeur à l’Amérique ça commence mal. La mondialisation heureuse est derrière nous, et l’éventualité d’un krach planétaire devant nous. Ca va tanguer dur pour les économies au cours des mois prochains.

Chez nous, en France, une question existentielle se pose : Le 21ème siècle aura-t-il raison de nos grandes maisons de Cognac et d’Armagnac du XVIIIème ? C’est surtout l’inquiétude que l’on peut avoir. Déjà celles-ci avaient du essuyer une tempête voici trois ans, lorsque leurs deux principaux clients, la Chine et les Etats-Unis étaient entrés en récession, deux clients qui à eux seuls représentent quelques 50% de leur chiffre d’affaires. Que se passera-t-il pour ces fleurons de la viticulture française, mais aussi pour les vignobles bordelais, de Champagne et de Bourgogne si Trump vient à mettre sa menace à exécution en augmentant les droits de douane sur les alcools et spiritueux, jusqu’à 200 % ? Il flotte comme un parfum d’angoisse chez nos producteurs de grands vins et d’alcools car leur survie est en jeu.

A l’évidence personne n’a à gagner quoi que ce soit à ce bras de fer entre les Etats-Unis et le reste du monde, au contraire tous les pays, d’est en ouest et du nord au sud, ont à y perdre, mais le populiste délirant qui préside la plus grande nation du monde est-il prêt à entendre la voix de la raison et à suivre la voie de la sagesse, rien n’est moins sûr. On est loin de la fière devise de nos trois mousquetaires (qui en réalité était quatre) « Tous pour un et un pour tous« , Trump l’a revisitée à sa façon : «  Chacun pour soi et Dieu pour tous », n’oubliant pas au passage cette exhortation familière outre-Atlantique « Et que Dieu sauve l’Amérique ! », sous entendu : Les autres, je m’en tamponne le coquillard.

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

 

PS. Le coup de Jarnac désigne un coup habile mais déloyal et pernicieux, imprévu. Dans son sens premier il s’agissait d’un coup d’escrime à l’arrière de la cuisse ou de genou, rendu célèbre par Guy Jabot de Jarnac qui le porte lors d’un duel devant le château de Saint-Germain-en-Laye, en 1547.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand deux mafieux signent un pacte avec le diable !

« Les Etats n’ont pas d’amis, seulement des intérêts » disait de Gaulle. La justesse de ce propos vient de nous être  démontrée par Donald Trump, le Frankenstein narcissique président américain qui, au-delà de son attitude mercantile, a aussi volé à Ronald Reagan son célèbre slogan électoral « Make America Great Again ». Désormais nous voici avertis, nous n’avons plus rien à attendre des Etats-Unis qui viennent d’opérer brusquement un retournement d’alliances spectaculaire.

Trump a en effet rompu, de facto, avec l’ordre international qui gouvernait le monde depuis la seconde guerre mondiale. Il a rejoint le camp des despotes qui s’assoient allègrement sur l’égalité souveraine des Etats, les droits de l’homme et la démocratie libérale, des valeurs qui, hier encore, faisaient la fierté et l’originalité de l’occident. Le clash, le 28 février dans le bureau ovale de la Maison Blanche n’était qu’un avant-goût de ce qui nous attendait. Cet homme, comme son homologue, Vladimir Poutine, ne croit qu’au rapport de force, c’est d’ailleurs pour cela qu’il s’entend si bien avec le dictateur du Kremlin. Sans doute espère-t-il qu’en sacrifiant l’Ukraine il parviendra à casser l’entente cordiale entre Moscou et Pékin, ce qui ferait bien ses affaires en cas de conflit avec la Chine, à propos de Taïwan.  Et s’il se trumpait ? Je doute d’ailleurs, chaque jour un peu plus, qu’il protégera l’île si celle-ci vient à être attaquée par l’armée populaire chinoise.  Le Japon et la Corée du sud sont d’ailleurs très inquiets de cet isolationnisme américain, de cette alliance contre nature, ce mariage de la carpe et du lapin russo-américain, dont ils risquent, eux aussi, d’être les victimes.

S’agissant de l’Europe, son sort est déjà scellé avec sa menace de se retirer de l’OTAN et l’opinion qu’il a, que l’Union européenne a été fondée par des personnages pour « entuber » l’Amérique. Nous voici désormais livrés à nous-mêmes et nous devons nous préparer au scénario du pire. Un homme, en France, a eu le courage de comparer Donald Trump à « l’empereur incendiaire » Néron, flanqué d’un « bouffon sous kétamine », entendez par là Elon Musk. Il s’agit de Claude Malhuret,le sénateur de l’Allier. Ce clin d’œil historique nous rappelle qu’en 63 avant notre ère Rome était aussi en proie eux ambitions d’un patricien, déjà populiste, Catilina, qui tenta de renverser le pouvoir en place et n’hésita pas pour cela à s’allier avec les ennemis des romains, à savoir les gaulois, comme Trump le fait aujourd’hui en mangeant dans la main des russes.

En parlant directement, haut et fort, comme il l’a fait Malhuret avait des faux airs de Cicéron. A l’heure où tout le monde se couche, il est réconfortant de voir quelqu’un relever la tête.

En faisant imploser l’OTAN et l’occident, en trahissant ses alliés historiques, Trump réalise ce que tous les dirigeants russes depuis Staline ont rêvé en vain, donnant ainsi raison à Charles Péguy pour qui « le triomphe des démagogies est passager. Mais les ruines sont éternelles ». Dans ces conditions, force est de nous satisfaire d’un lot de consolation avec ce sondage réalisé aux USA qui nous apprend que 54% des électeurs pensent qu’Elon Musk nuit à son pays, et cette bonne nouvelle que le cours de l’action Tesla a été divisé par deux, que les ventes de sa voiture électrique chutent radicalement et que les actes de vandalisme dans les showroom de la marque se multiplient un peu partout dans le monde. Dans les périodes difficiles, faute de grives, on mange des merles.

Et tandis que Trump et Poutine, se partagent l’Ukraine, sur le dos du peuple ukrainien qui n’a pas voix au chapitre, pas plus que l’Europe d’ailleurs, (une humiliation supplémentaire pour la première puissance économique mondiale) on peut assister à ce dialogue surréaliste :  A moi la centrale nucléaire de Zaporijjia, à toi les oblasts de l’Est, à moi les terres rares, à toi la Crimée, etc. le trumpo-poutiniste ne cache pas sa prochaine victime, le Groenland, territoire Danois, allié de l’OTAN, pour en faire le 51ème Etat américain. Sans oublier sa menace de s’emparer par la force du canal de Panama et son ambition d’annexer le Canada ! On assiste à un retour à l’esprit de conquête d’une puissance expansionniste, la loi du plus fort l’emportant sur la voix de la diplomatie.

Le chasseur d’ours Poutine a tendu son piège et est en voie de retourner à son avantage les propositions de paix du golfeur Donald Trump, sa stratégie pour étendre sa zone d’influence dans l’Est de l’Europe et reconstituer les défunts empires tsaristes et soviétiques, malgré une économie Potemkine, est en passe de réussir. Entre les deux mafieux, Trump qui étale ses cartes et Poutine qui cache bien son jeu, apparaissent sous nos yeux les contours d’un nouveau Yalta, au détriment de la démocratie et peut-être demain de la liberté des peuples, européens que les deux hommes méprisent souverainement.

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

De Charles Lindberg à Donald Trump, le sablier du temps !

Il y a en littérature un style d’écriture qu’on appelle uchronie, qui est une fiction écrite à partir d’un fait historique et présente une version alternative de l’histoire, une réécriture historique. J’y ai recouru moi-même en écrivant « Adolf H », le récit d’un projet d’assassinat de Hitler en France par les services du 2ème Bureau. A la base il y un fait avéré, une réalité, l’idée d’un attentat contre la personne du Führer imaginée par le colonel Rivière à l’occasion du déplacement à Paris du chancelier allemand, sauf que Daladier, qui était le président du conseil à l’époque s’est opposé à sa réalisation, au prétexte qu’on « ne tue pas un chef d’Etat ». La thèse de mon roman est, qu’au contraire, celui-ci ait donné son aval ce qui aurait changé la face du monde. 

En voyant les évènements récents à propos de la guerre en Ukraine et de son évolution depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, avec un revirement de la politique américaine et un renversement des alliances, je me suis alors souvenu du livre de Philip Roth « Le complot contre l’Amérique ». Dans cet ouvrage, remarquable, le grand romancier américain imagine que lors de l’élection présidentielle américaine de 1940, le célèbre aviateur Charles Lindberg ait battu le président Delano Roosevelt, ce qui, si cela s’était réellement produit, aurait également modifié le cours de l’histoire.

En effet, ce grand aviateur, qu’on surnommait « l’Aigle », était un fervent admirateur de l’armée allemande et fût même décoré par Goering en 1938, il se montra aussi un partisan farouche de la neutralité américaine au début de la guerre. Comme Trump aujourd’hui, Lindberg était également républicain et avait été candidat au poste de gouverneur du Minnesota  mais il est surtout connu pour avoir effectué le premier vol direct de l’histoire Paris- New-York, sans escale et en solitaire, le 21 mai 1927 sur le Spirit of Saint-Louis.  Mais au-delà de cet exploit, Philipe Roth s’est inspiré de la personnalité de Lindberg car l’aviateur était connu pour défendre des idées isolationnistes et être le porte parole du comité « America First », ce qui n’est pas sans nous rappeler un slogan très en vogue actuellement outre-Atlantique. Lindberg était aussi connu pour avoir prononcé à Des Moines, en 1941, un discours radiophonique dans lequel il accusait « les juifs américains de manipuler les médias et le gouvernement » dans le but d’entreprendre une guerre inutile contre l’Allemagne nazie. Un discours dans lequel on sentait poindre quelques relents d’antisémitisme. Dans le roman le 33ème président des Etats-Unis signe donc un pacte de non agression avec Hitler, comme celui-ci le fera réellement avec Staline.

Pour ceux qui s’intéressent à l’actualité qui fait l’histoire je recommande vivement la lecture de « Complot contre l’Amérique » de Philippe Roth publié voici vingt ans et étrangement actuel.

Pour ma part si je devais écrire une uchronie à propos de l’arrivée de Donald Trump dans le bureau ovale et ses étranges, et coupables, relations avec Vladimir Poutine, il me faudrait choisir entre deux angles d’attaque, soit le côté mafieux des deux hommes qui pourrait expliquer leur complicité, soit sa manipulation par le FSB.  Dans ce dernier cas je m’attacherai à démontrer comment il est devenu le jouet du tsar du Kremlin par le biais d’un kompromat dont les russes sont si friands pour manipuler leurs proies et les faire chanter. Beaucoup s’inquiètent en effet de ses étranges et inquiétantes connivences avec le dictateur russe, et sans tomber dans le complotisme, l’idée qu’il aurait pu être recruté par le KGB, sous le nom de « Krasnov », (qui signifie « rouge ») au cours des années 1980, lors de ses voyages à Moscou, dans le cadre de ses activités immobilières, fait son chemin dans l’esprit de beaucoup d’observateurs. Il faudrait d’ailleurs plutôt parler « d’un pion potentiel », que d’un agent. Quand on connaît l’appétence du « guerrier solitaire » comme il s’est lui-même surnommé, pour la gente féminine rien n’aurait été plus facile de le faire tomber dans les filets, en l’occurrence les bas de soie d’une « hirondelle », comme on a baptisé les officières féminines du KGB chargées de recruter des personnalités étrangères.  Cela aurait été d’autant plus facile qu’outre l’impérialisme, plusieurs traits de la culture russe fascinent depuis longtemps l’occupant de la Maison Blanche en particulier la force et l’idée d’un grand Etat, d’où son désir d’annexer le Canada et le Groënland comme Vladimir l’a fait avec la Crimée et tenté de récidiver avec l’Ukraine. Alors peut-être demain un « Russiagate » comme il y eut en son temps un « Irangate » sous l’administration Reagan, ou un « Watergate » au temps de Richard Nixon.

Ce ne serait pas la première fois au demeurant que les russes, ex-soviétiques, auraient compromis des personnalités de haut niveau, à l’exemple de Günter Guillaume, secrétaire particulier de Willy Brandt, alors chancelier d’Allemagne, en 1974. Déjà, dix ans plus tôt  l’ambassadeur de France à Moscou,  Maurice Dejean, avait dû rendre son tablier au Quai d’Orsay après avoir été pris la main dans la petite culotte  d’une jolie poupée russe. Reçu par de Gaulle à l’Elysée, qui lui signifia sa mise à la retraite anticipée, il s’entendit dire par le général, qui ne plaisantait pas trop avec les frivolités sexuelles : « Alors, Dejean, on couche ? ».

Peut-être que demain, lors d’une conférence de presse un journaliste prenant son courage à deux mains osera poser la question qui fâche à Donald Trump : « Alors, monsieur le Président, on a couché ? ».

 

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain.

2025, un remake du film « Docteur Folamour » ?

 « Impérialiste révisionniste !   » (Macron à propos de Poutine), « petit Napoléon !  » (Poutine à propos de Macron), entre le président français et l’autocrate russe les compliments pleuvent ces jours-ci, sur le mode je t’aime moi non plus.  Et qu’on se rassure dans ce petit jeu de massacre Donald Trump ne demeure pas en reste. Tant qu’il ne s’agit que de mots, rien d’inquiétant, le risque serait qu’un jour les mots dépassent leurs pensées et qu’ils en viennent aux mains sur l’air de « je te tiens par la bombinette » …
Deux motifs peuvent nous conduire vers le feu nucléaire qui signifierait la destruction en tout ou partie de la planète. Je rappelle pour mémoire que l’arsenal mondial compte près de vingt mille ogives atomiques  et que selon les scientifiques un millier d’entre elles suffirait à anéantir la presque totalité de l’Humanité et rendre la planète inhabitable pendant des siècles. Le premier motif est la tentation, lorsqu’on possède des armes de s’en servir, un jour ou l’autre. Et le second motif est l’Ego qui incite ceux qui nous gouvernent à se demander lequel d’entre eux ferait pipi le plus loin en exhibant fièrement leurs bistouquettes de sexagénaire, de quadragénaire et de septuagénaire.
C’est moi ! dit le président français qui s’est lui-même comparé à Jupiter, ce à quoi l’autre lui répond, en exhibant son torse viril de judoka ceinture noire, non, c’est moi ! Quant au président américain il roule les mécaniques et compte les points, en espérant comme tout bon croupier ramasser la mise sur le tapis vert.
Ce serait en effet tellement plus simple de régler nos différents sur un tatami en s’agrippant par le kimono, au moins seuls les intéressés risqueraient de se déboîter un genou ou une épaule. Alors que là,  en  propulsant des missiles nucléaires au-dessus de nos têtes depuis les sous -marins et les avions Rafale, ou Sukoî, nos territoires et leurs populations s’exposent purement et simplement à être vitrifiés. Nous retournerions alors à l’ère glacière, sombre perspective.
Depuis qu’Oppenheimer a découvert la fission nucléaire avec le projet Manhattan dans  son laboratoire de Los Alamos au Nouveau-Mexique et que l’Amérique a expérimenté  son invention en août 1945 sur deux villes japonaises, Hiroshima et Nagasaki, le monde vit depuis plus de 80 ans sous un faux semblant de paix, ou plutôt d’équilibre de la terreur, au nom la dissuasion nucléaire, chacun sachant que le premier qui appuie sur la gâchette se condamne lui-même.
Cela me fait irrésistiblement penser à la fable de la grenouille et du scorpion qui doivent traverser un cours d’eau. Le scorpion qui ne sait pas nager demande à la grenouille de l’emmener sur son dos jusqu’à l’autre rive, mais celle-ci s’inquiète, « qui me dit que tu ne vas pas me piquer avec ton aiguillon venimeux durant la traversée », le scorpion la rassure « si je fais cela, je me noierai avec toi, ne sois pas bête ». La grenouille accepte alors, mais au milieu de la rivière le scorpion la pique et la grenouille dans un râle d’agonie lui demande « pourquoi as-tu fait cela, on va mourir tous les deux » .. et le scorpion de lui dire « je n’y peux rien, c’est dans ma nature ». Cette fable illustre le fait que certains comportements sont irrépressibles, indépendamment de leurs conséquences. Qui peut douter un seul instant qu’Adolf Hitler aurait utilisé l’arme nucléaire avant la chute de Berlin, s’il l’avait possédée ?
La situation actuelle n’est pas non plus sans parallèle avec ce qu’on a appelé, dans les années 1960 la crise des missiles de Cuba, où le monde est passé à deux doigts d’une catastrophe, Kroutchev et Kennedy étant sur le point d’activer leur propre code nucléaire.
Cet acte manqué devrait nous inciter à la plus extrême prudence, or c’est tout le contraire que nous voyons. De Poutine à Trump en passant par Macron, tout le monde y va ces temps-ci, de son petit couplet sur les risques d’une troisième guerre mondiale, au point qu’à force de l’évoquer la chose deviendrait presque naturelle, banale. Cela n’est pas sans nous rappeler la morale du conte d’Andersen « La petite fille aux allumettes » : Jouer avec le feu est dangereux. C’est désormais à celui d’entre eux qui endossera le rôle du docteur Folamour,  du nom du film de Stanley Kubrick. Sorti en 1964, en pleine période de la guerre froide, il raconte le déclanchement d’une frappe nucléaire massive sur l’Union soviétique par un général de l’armée de l’air américaine paranoïaque et le risque d’un holocauste nucléaire. A l’origine le film était un thriller de Peter Bryant intitulé : « 120 minutes pour sauver le monde« , la différence est qu’aujourd’hui avec les missiles balistiques ce n’est pas deux heures qu’il faudrait à un Sartmat russe pour raser Paris, Berlin ou Londres, mais trois minutes seulement !
Reste à savoir, qui de nos dirigeants est la grenouille et lequel est le scorpion.
Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

Après le Vietnam, l’Iran, l’Irak, l’Afghanistan … l’Amérique lâche l’Ukraine et l’Europe !

On a trop tendance à l’oublier mais la décision de Donald Trump de cesser les livraisons d’armes à l’Ukraine n’est que le dernier épisode d’une longue liste d’abandons et de retournements d’alliances.
Doit-on être surpris quand on sait que ce pays a toujours privilégié ses propres intérêts au détriment d’autrui. Le Vietnam, l’Iran, l’Irak, l’Afghanistan en sont les meilleurs exemples, bien que voulant être le gendarme du monde et imposer à tous les habitants de la planète sa vision des choses. Aujourd’hui je comprends mieux le sentiment des Hongrois quand, en 1956, ils ont vu déferler dans les rues de Budapest, un millier de chars russes avec l’étoile rouge, sur les ordres de Kroutchev bien décidé avec le politburo à mater dans le sang un mouvement contestataire qui risquait de faire tache d’huile parmi les pays satellites de l’URSS.
L’Union soviétique, que les hongrois voyaient jusque là comme un grand frère, les traitait soudainement comme un ennemi. Quelle déception pour eux, et quelle humiliation ! Albert Camus avait alors décrit  » les rites sanglants et monotones de la religion totalitaire « 
La même humiliation  a été infligée par Donald Trump à Volodimir Zelensky il y a quelques jours, après trois années de guerre en Ukraine, des centaines de milliers de morts et des blessés et un pays dévasté par les bombardements. En pure perte ! Une fois de plus le bourreau, en l’occurrence Poutine qui au mépris de toutes les lois internationales a envahi un pays souverain et violé ses frontières, va triompher de sa victime, le peuple ukrainien. L’histoire est un perpétuel recommencement ! On n’est jamais trahi que par ses amis et c’est pour cela que c’est tellement douloureux et que cela ajoute à la tragédie actuelle.
Aujourd’hui, Donald Trump vient de signer l’arrêt de mort d’une certaine idée de l’Occident et plus grave encore, de son message porteur de  paix et de démocratie. Le fameux « monde libre » est parti en fumée un certain vendredi 28 février 2025 à la Maison Blanche à Washington, et avec lui les illusions, les espoirs de millions de personnes à travers le monde qui ont voulu croire en l’Oncle Sam et au contre-feu qu’il représentait face à tous les totalitarismes.  Les européens se souviendront longtemps de cette funeste date, où ils ont été abandonnés lâchement en rase campagne par leurs alliés historiques, comme les américains ne sont pas prêts d’oublier un certain 11 septembre 2001.
Et comme les occupants successifs de la Maison Blanche sont toujours prompts à se moquer de la « vieille » Europe, je leur rappellerai  une des pages les plus sombres de leur histoire, avec le génocide des peuples autochtones autrement dit le massacre des indiens, au XIXème siècle, le meurtre des grands chefs Sitting Bull et Big Foot, l’anéantissement de leurs tribus, femmes et enfants compris, l’éradication de l’Empire sioux et la « rééducation » accélérée des survivants pour les convertir à l’American way of life. Pour ceux que le sujet intéresse je conseille vivement l’ouvrage de Laurent Olivier « Ce qui est arrivé à Wounded Knee » ou encore « Génocide des Amériques » par Marcel Grondin et Moema Viezzer.  Le poète américain John Trudelle a écrit très justement : « La vérité est une arme plus puissante qu’un fusil ou une bombe« , voilà bien une vérité que Trump, Vance et Cie s’efforcent de dissimuler sous le  tapis dans leur réécriture de l’histoire actuelle et leurs remontrances arrogantes.
Le 28 février 2025, retenez bien cette date, figurera peut-être demain dans les manuels comme une nouvelle page sombre de l’histoire des Etats-Unis.
Désormais plus rien ne s’oppose en effet à la voracité des dictatures, des empires renaissants et de leurs dirigeants autocrates qui vont pouvoir dépecer tout à loisir le cadavre d’un monde dont les valeurs de liberté, d’altruisme et d’émancipation des peuples, sont mortes, calcinées dans la cheminée du bureau ovale. Il aura suffi à son locataire de faire craquer une allumette dans l’âtre pour que tout s’embrase et que nos espoirs pour un monde meilleur s’envolent.
Au siècle des Lumières a succédé celui des ténèbres, la nuit a enveloppé de son linceul le monde libre et un froid polaire s’est abattu sur l’Europe, d’Est en Ouest !
Jean-Yves Duval, journaliste écrivain

Page 3 of 29

© 2025 Copyright Jean Yves DUVAL. - Email : jeanyvesduval9@gmail.com